Le jour où elle a décidé de ne plus m’aimer…
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Parce que ce jour est arrivé. Comme ça, en plein milieu de rien, sans un mot, sans un signe avant-coureur. Et nos merveilleuses vacances ont changées de bord. Elle n'a pas simplement décidé de rester avec sa mère, non, elle l'a fait de manière blessante. Comme si rentrer avec nous était une torture, comme si la vie à nos côtés était horrible. Elle l'a fait en nous prenant de haut, arrogante du haut de ses 12 ans.
Où est-elle ? Notre fille si parfaite… Si raisonnable et si mature pour son âge ? Et qui avons-nous devant nous ? Qui est cette jeune fille humiliante, vulgaire et méchante.
Le jour où elle a décidé de ne plus m'aimer…
Ça ne m'a pas fait moins mal que si je ne m'y étais pas préparé inconsciemment. Parce que oui, inconsciemment, tout mon être s'y préparait. Créait des barrières invisibles pour me protéger, des objectifs haut placés pour me rassurer. Pour que ce jour-là je puisse ne pas m'en vouloir, et que ça puisse ne pas « trop » m'atteindre. Mais ça ne m'a pas fait moins mal…
Ce jour-là tout s'est effondré. Le sol glisse sous tes pieds, et tu n'as personne à qui t'accrocher, tu perds l'équilibre et ta chute te donne le vertige. Maintenant rien ne va plus et rien n'ira plus jamais…Et tes foutues barrières n'auront servi à rien ; rien d'autre que d'ajouter du poids à la culpabilité que tu portes déjà, et tes foutus objectifs n'ont plus aucune importance. A quoi bon… Maintenant rien ne va plus…
Tout ce qu'on a réussi, c'est qu'elle ne nous aime plus…
Et tu as tellement mal. Une douleur inconnue qui sort des pénombres, dont tu ignorais l'existence.
Une douleur qui te coupe les jambes ; moi, le chat retombant toujours sur ses pattes qu'importe la hauteur de la chute !Une douleur qui te met à terre sans force pour lutter ; moi la guerrière, qui s'accroche à bout de bras à tous ses rêves jusqu'à ce qu'ils se réalisent !
Une douleur qui te fait courber l'échine ; moi la bretonne, têtue, obstinée, qui ne sait pas abandonner !
Une douleur qui te laisse sans voix ; moi, qui aime tant les mots….
Mais de toute façon tu n'as rien à dire ! Rien à ressentir ! Comme si ta douleur était indécente fasse à « la mère ». Alors tu pleures dans le noir et tu serres les dents au réveil. Tu pètes les plombs !
Tu culpabilises !
Tu cherches à comprendre !
Parce que quand tu rentres, elle redevient doucement la petite fille que tu as connue, que tu as élevée. Parce que tu l'as élevée ! Comme ta fille…
Joue-t-elle un rôle ? Depuis combien de temps ? Ou est-elle manipulée ? Souffre t'elle en silence ? Est-elle malheureuse avec nous et attend-elle simplement que le temps passe pour partir ? Nous aime-t-elle réellement ?
Tu t'accables ! Tu souffres !
Tu t'accroches au fait qu'elle a mis son père dans le même lot. Que ça n'était pas que toi. Et que si tu es arrivée au même stade que son père c'est déjà pas mal quand même non ?
Et puis tu lâches prise !
Le jour où elle a décidé de ne plus m'aimer… J'ai lâché prise.
Et ce jour-là j'ai su…. Que de toute façon moi je l'aimais ! Même si elle me faisait du mal…
Je l'aimais ! Même si elle ne le voulait pas…
Je l'aimais ! Même si elle ne le savait pas…
Le jour où elle a décidé de ne plus m'aimer…. Au final, ça m'a libéré !
Il ne pourrait rien nous arriver de pire entre elle et moi. Et pourtant je suis toujours là… Debout pour rester face à elle, à côté d'elle … Quoiqu'il arrive. Je suis toujours là….
Alors au diable les barrières, les objectifs et les angoisses. Parce que la vie c'est tellement plus que ça ! Et j'ai décidé que, elle et moi on allait vivre tout ce qu'on avait à vivre pleinement !
Je l'aime et elle en fera ce qu'elle voudra…