Le jour où j'ai rencontré une fée
robeen
Il est des rencontres qui figent au temps, et des souvenirs qui marquent autant. Tu sais, ce genre de personne qui laisse un goût inoubliable à l'amitié, qui apparait sans crier gare, et inverse les lois de ton univers pour t'entrainer dans un big bang émotionnel. Mathilde est de ces personnes.
Mathilde est belle. Mais quand je dis belle je ne te parle pas de beauté au sens des magazines, et encore qu'elle aurait parfaitement sa place en couverture de Vogue, à glacer le papier de son regard cristallin. Non, je te parle d'autre chose. Une beauté brute et brutale, sans artifice, presque artistique.
Rencontre imperceptible entre candeur et douleur. Quand tu regardes Mathilde, tu ne sais pas vers quel oeil danser. L'un reflète l'innocence et la sérénité, quand l'autre est le miroir des maux de sa vie. Schizophrénie oculaire dans son regard désabusé.
A chaque fois qu'elle plantait ses deux cristaux sur moi, c'est mon âme qu'elle fendait. Je me voyais face à ma noirceur, et surtout face à ma vérité. J'ai toujours envié tant de beauté, malgré toute la profondeur qu'elle dégageait. Elle m'attirait et m'effrayait en même temps.
Pourtant, au delà de ces opales se cachait une souffrance à plusieurs noms. Non, cette douleur ne s'appelait pas Mathilde, elle s'appelait Papa, Maman, Amour, Abandon.
Mathilde avait le mal de la solitude, mal de subir l'Abandon, ce monstre sans visage qui s'abat, pour transformer chaque instant vécu comme un vague souvenir de toi.
Et moi, j'étais seule, face à mes démons. Je me cachais dans chaque recoin de lumière me laissant caresser l'illusion d'une éphémère protection. Mais elle est venue colorer ma noirceur avec du rouge, du blanc et du houblon. Elle a habillé ma solitude de ses pensées au fur et à mesure de nos discussions. Elle m'a fait tutoyer les nuages pour que j'apprenne à ne plus craindre mes orages.
Des semaines d'absence, des mois durant, pour finalement être là face à moi.
Mathilde est de ces gens qui laissent une emprunte indélébile dans les vies. Chacun de mes pas battait au rythme de son cœur. Chaque coin de rue restait éclairé de sa lueur. Je la croyais sœur d'une âme que je peinais à trouver.
Et je l'ai abandonnée.
Elle était là, plantée, face à moi. Ses yeux s'improvisant chutes du Niagara, je voyais son chagrin en cascade. Et je suis restée de marbre, comme une roche imperméable à chaque goutte d'eau. Je la laissais se fracasser sur moi sans en distinguer l'étau.
Je l'ai abandonnée pour ne pas m'abandonner.
Mathilde n'est pas de ces douleurs que l'on apaise au gré des mots. Elle est de ces maux que l'on gravit à coup d'espoir, à coup d'idéaux. A qui l'on rappelle que la vie est belle, et qu'elle est belle. A qui l'on dit que si elle ne trouve en ce monde aucune âme prête à la sauver, c'est que ce monde n'est pas prêt pour elle.
J'étais prête pour elle.
Mais elle ne voulait pas être sauvée.
Alors je lui ai fait la promesse de ne jamais la revoir.
Trés belle prose pleine d'émotions ,j'aime ce début de rencontre toutes ces descriptions attrayantes et la chute , le délaissement et l'ignorance ,,dur dur
· Il y a presque 5 ans ·ventvert
J'aime beaucoup
· Il y a presque 5 ans ·aisling