Le jour où je t'ai perdu
Healyn Miller
Il ne suffisait pas d'un long manteau, ni même d'une écharpe enroulée soigneusement pour ne laisser aucune ébauche de son cou recevoir l'air glacial de cette fin de journée pourtant ensoleillée. Forcément, nul passant ne savait qu'en dessous elle arborait fièrement cette petite robe, chic mais courte, bien trop légère pour un mois si frais. Voilà pourquoi ses bras se contractaient machinalement le long de son corps, tremblant nerveusement chaque fois que la brise écartait ses cheveux du visage. Pourtant, elle souriait. Le pars était désert, et pour cause, l'hiver forçait au délaissement des balançoires, et tous se recueillaient frénétiquement devant la cheminée de leur foyer.
Le premier banc qu'elle trouva fur le bon. Libre, comme tous, et agréablement placé devant l'étendue de verdure qui jonchait chaque allée du parc. L'herbe brillait encore, humidifiée par la fonte de la neige fraîchement tombée au matin. Elle fit de son mieux afin d'essuyer sa place, puis s'assit. Il n'y avait pas de feuilles encore accrochées aux arbres pour répondre à l'appel du vent. Seul l'air, lorsqu'il se faufilait à toute allure pour se cogner contre chaque obstacle, émettait de doux froissements. Jamais son esprit ne fut si calme, tournoyant posément devant les couleurs du ciel, passant du bleu au rose, du rose au violet, et du violet au noir dans quelques heures. Le soleil s'en allait lui aussi réchauffer ses branches vers d'autres endroits. Si la nuit devait pointer son nez avant son départ, elle n'aurait pas peur. Ces instants-là n'étaient faits que d'illusoire. Tout passait par son esprit, rencontrait ses songes, tel un état second, chaque chose devenait piètrement facile, c'est pour cela qu'elle se sentait si sereine.