Le jour où la gym suédoise m’a happé
Le Bruit Et La Harpie
Lorsque l’on parle de “gym suédoise“, les gens hochent la tête docilement au début. Mais soudain, lorsque leurs synapses se sont mis en interaction et ont réalisé que les deux termes accolés ne leur rappelaient rien de connu, leurs yeux s’éveillent et lancent des regards incrédules.
“La gym suédoise ??? Mais qu’est-ce que c’est que ça ? “
Non, la gym suédoise n’est pas une activité visant à monter des meubles Ikea sur du ABBA en mangeant des Krispolls (je crois avoir fait le tour des stéréotypes suédois). La gym suédoise, c’est du sérieux, ah oui Monsieur, on bouge mais pas n’importe comment ni à n’importe quel moment. L’alternance étudiée de cardio, muscu, souplesse, étirements et relaxation en une heure vous laisse trempée mais détendue. Mais vraiment trempée quand même.
Je sue, je bouge, je saute. Je sue vraiment, je découvre des flaques d’eau autour de moi quand je me relève après la “muscu”. Je m’éclate, mais je ne réponds jamais quand la prof crie “Est-ce que vous êtes làààààààà ?“, ça, je n’arrive pas. Je fais la garce en regardant les nouvelles venues. “Quoi, pas de chaussures équipées d’amortisseurs à l’avant ET à l’arrière ? Tu vas morfler meuf“. “Pas de brassière pour ta poitrine ? Dans dix minutes tu seras en train de te tenir les seins à pleine main“.
Au fond, ça me fait rire de m’imaginer ce qu’elles pensent la première fois qu’elles viennent à un cours. Je retrouve sur leurs visages hallucinés mes propres impressions. Ces regards de panique quand il faut coordonner les mouvements de crabe des jambes et ceux des bras qui font des moulinets dans l’air. Cette sensation bizarre d’avoir rejoint une secte lorsqu’il faut constamment s’applaudir et applaudir le staff pour son organisation.
Parfois, je croise de filles plus accros que moi, qui ont l’air de jouer leur vie sur tous les mouvements. D’autres fois, des filles tellement blasées qu’elles me font l’effet d’ados forcées par leurs parents à pratiquer une activité sportive. Je fais moi-même des rechutes parfois où, dans un coup de folie, je marmonne les paroles de la chanson , oubliant de “bien respirer pendant tout l’exercice, c’est important“.
Mais à force de persuasion, je suis devenue une reine de la coordination. Je devine presque les mouvements, assez répétitifs pour qu’ils en deviennent prévisibles. Bref, je me la joue “vieux de la vieille”, baroudeuse de la gym suédoise qui a roulé sa bosse dans toutes les salles de Paris à des heures improbables (record à battre : 7h45 du matin, amère expérience jamais renouvelée). J’adore. Mes copines gymnastes suédoises confirment mon engouement et friment dans les dîners :
“Tu te rends compte, je fais des pompes ! Moi ! “
La vérité, c’est que la gym suédoise évacue tout mon stress, me laissant sans courbatures en prime, et me rend presque (presque hein, pas totalement non plus) heureuse de me mettre en maillot cet été. Donc à ce prix-là, je veux bien faire un rab d’applaudissements.
Faudra que je pense à me racheter des chaussures de “running”. C’est important les amortisseurs.