"Le lac des cygnes"

Ce soir j'ai vu des ballerines danser, sautiller, tournoyer sous les lumières des feux de la rampe. Elles avaient toutes l'air de fleurs jeunes et graciles, les garçons les cueillaient et les soulevaient d'un geste délicat et léger comme le tulle des robes printanières. Quelle retenue dans leurs sourires et leur grâce, quelle maîtrise dans leurs mouvements charmants! J'aurais aimé être sur scène moi aussi et leur ressembler, leur donner la réplique entre un entre-chat et un rond de jambe heureux. J'aurais aimé me fondre dans un décor baroque moi aussi, briller sous des lumières vives et dorées, mimer le vol d'un cygne et de demoiselles toutes en voiles soyeux.

Je n'ai pu qu'applaudir et marquer le rythme moi aussi d'un pied léger et discret, quand la musique  devenait gaie et légère. Je ressens encore les moments où l'intensité dramatique augmentait sous l'effet des violons et des instruments à vent, la trompette dominait le tout. Ce soir mon esprit a été submergé par "Le lac des cygnes", fantastique ballet adapté d'un conte allemand où amour et malédiction se mêlent entre eux. Ce soir l'amour l'a emporté sur la fin malheureuse où le prince est dupé et perd sa belle qui demeure un cygne à jamais sous la malédiction du cygne noir.