Le lapin à la banane.

cdbprod

Recette psychologique de comptoir.

- Allo c'est moi.
- Oui.
- Je me demandais par rapport à notre dernière discussion, comment on fait pour y arriver.
- Heu Henry ? Tu veux que les filles soient nues qu'elles se jettent sur toi, qu'elles te griffent qu'elles te tuent ? Qu'elles s'arrachent ta vertuuuuuuuu ?
- Couillon. Non mais comment on fait pour être heureux et réussir ses projets ?
- Rien que cela ?! Tu veux pas la recette de mon saumon mariné à la place ?
- Non mais j'ai un but, une envie et pourtant j'avance pas. Je procrastine comme il disent.
- T'inquiète Charles, ça gesticule et parle fort, ça joue les divas, les ténors de la bêtiiiiiiiise.
- Lapin tu voudrais pas arrêter de dire de la merde et répondre. T'as fait des trucs toi.
- Bah non justement. J'essaie mais c'est pas simple. À croire que l'envie et le but ne suffisent pas.
- Tu sais pourquoi ?
- Oui oui j'ai la solution mais comme j'aime bien me faire du mal je ne l'applique pas.
- Couillon !
- Merci toi aussi.
- Non mais sérieux là.
- Si en plus on doit dire des trucs intéressants... Écoute ma banane jolie, je pense que la raison tient en un mot : la peur. Les pétoches. La frousse. Les foies...
- Ça fait 8 !
- Bouffonne.
- Le compte est bon.
- La comtesse aussi, merci Monique.
- 2 qui la tiennent...
- 3 qui paniquent.
- Sinon on fait quoi ? On attend de mourir ?
- Y en a plein qui le font et qui sont pas plus malheureux pour autant. Le problème c'est d'essayer de péter plus haut que ses fesses. C'est pas simple et ça fait mal.
- Bah je demande pas la lune, juste un peu de lumière.
- Pour la motivation et le déclic je ne sais pas mais pour la lumière y a EDF.
- Bah justement, ils sont pas censés nous devoir plus que cela ?
- C'est une parabole.
- Non ça c'est canalsat.
- Suis hilare.
- Donc en gros même quand on a le but et l'envie, ça ne suffit pas ? Et la peur de quoi ?
- Du changement. Quand t'es dans une situation même non optimale, tant que tu crèves pas la dalle ou que t'es pas en dépression, tu n'es pas motivé. Enfin c'est rare les gens qui ont la motivation sereine et raisonnable ; ceux qui ne passionnent pas leurs choix de vie ; qui n'attendent pas un signe. Généralement, tu te complais dans le peu que tu as. Parce que c'est rassurant.
- Peut-être qu'on a pas vraiment envie de changer dans le fond ?
- Je pense que si. Mais toi comme moi on se sent à peu près utiles dans les domaines respectifs que l'on s'est créés. Moi le taf, toi le talque. C'est bon de se sentir utile. Alors on procrastine en se disant que l'on s'y mettra à la rentrée, après le big project, après les quenelles, après l'aspirateur... Quand les petits seront couchés...
- Ah ah ah et toi comme moi on tripote des culs. Sauf que le mien n'a pas encore 1 ans.
- No zob in job.
- Menteur.
- Catin.
- Grrrrrrrrr, la fessée, la fessée, la fessée ! Mais bon, sinon, on fait comment pour de vrai ? Car là t'es en train de me dire que l'on est 2 merdes, qu'on le sait, mais qu'on ne fait rien !?
- Oui.
- Ça pue.
- Ça brûle ?
- Hein ?
- Catin.
- C'est relou. J'ai de l'énergie pour plein de petits trucs mais pas pour le gros truc.
- C'est une remarque à caractère sexuel ?
- Je me suis même mise à courir.
- C'est une remarque à caractère sexuel ?
- T'as rien fait du tout de ton côté sur tes projets ?
- Je bricole, j'ai l'impression d'être architecte.
- T'as fait quoi ?
- J'ai mis des poignée à ma table.
- Pour quoi faire ?
- Pour la retourner plus facilement.
- C'est une remarque à caractère sexuel ?
- Et puis j'écris je publie de temps à autres sur un site.
- Ah ouai ?! Mais je croyais que t'y arrivais plus.
- C'est une remarque à caractère sexuel ?
- T'écris quoi ?
- Ce que je peux. Et je peux peu ces temps-ci. Avant je me plaignais, c'était plus simple. Ça donnait du corps à mes textes.
- T'es heureux ?
- Pas vraiment mais j'essaie de l'oublier. Et en plus à force de me tripoter la nouille à ressasser mes problèmes de riches, je me suis lassé. Ça devenait chiant à relire, mes palabres.
- Bon ben du coup tu fais quoi ?
- Je bricole je te dis. Au boulot, dans l'appart, en amour, en cuisine, au sport. Aucun n'est le projet de ma Life mais ça m'entraine.
- Tu vas faire une compétition ?
- Je suis mort de rire à ce que vous dites.
- Moi je fais que cuisiner. Enfin non. Maintenant je cours aussi.
- Je crois que c'est la solution.
- La course ou la quiche ?
- S'entrainer. En fait je pensais qu'avec une envie, une idée tu pouvais tout faire. Être heureux...
- Malheureux, vivre seul ou même à deuuuuux
- La ferme Daniel.
- Je te ouïs.
- Tu t'entraines pour le sport, tu fais des gammes pour la musique, pourquoi tu t'entrainerais pas à être heureux ? A y arriver comme tu dis. Au lieu de viser la big picture tout de suite. Alors je fais des petits trucs qui me changent, je termine des trucs qui trainaient.
- T'as rangé ta chambre et tu fermes la porte de la salle de bain ?
- Et toi tu peux fermer ta gueule ?
- Moi aussi je t'aime mon lapin.
- J'essaie déjà de vivre des petites étapes, des petites victoires. Tu te tapes pas les olympiades du premier coup. Tu commences par les interclubs.
- Et du coup tu n'as plus peur ?
- Si mais j'avance quand même. Petit à petit.
- Mon moineau fait au lit.
- Y a plus de maisons ma ptite dame !
- Bon ben du coup je fais quoi moi ?!
- T'arrête de mettre toute seule la pression. Tu prends ton temps. Au lieu de t'y mettre 4h par jour entre les couches, le sein, le ménage et l'école, vise 2h pleines.
- C'est tout ? T'es nul comme coach.
- T'arrête de regarder l'amour est dans le prés.
- Même pas vrai...
- Et tu arrêtes de te cacher derrière tes responsabilités familiales. On est pas des sur-hommes ou femmes. Pour tout faire en même temps dans une journée, soit t'es un x-men soit t'es un tampax.
- J'ai pas de griffes.
- T'es pas un x-men donc. T'as un fil rouge sur la tête ?
- Non.
- C'est que t'es pas un tampax non plus.
- Si je fais pas ce que je fais dans la maison qui va le faire ?
- On s'en branle.
- C'est un message à caractère sexuel ?
- Si je fais pas cela ou cela au boulot une fois, la boîte va pas couler non plus.
- C'est pas simple quand même.
- Non mais bon pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué.
- T'es philosophe, j'aime bien. On dirait du Barbelivien.
- Je suis fatigué et je t'emmerde.
- Ça fait même pas un alexandrin. Mais à la limite, c'est du Mc Gab1.
- Je suis crevé et je vais raccrocher.
- On se fait un ciné quand tu rentres ?
- Pas de remarque à caractère sexuel entre nous s'il te plait.






Signaler ce texte