Le Lido, une soirée de bonheur
Franck Demaury
J’ai joué avec toi à ce jeu qui consistait à tirer un papier. Le principe étant de te faire vivre le mot inscrit dessus, j’ai prié pour ne pas tirer un mot improbable ou au sens large. Le sac était devant moi et tout le monde m’a alors regardé afin de connaître mon défi. Bonheur fût le mot que je devrais te faire vivre le temps d’une soirée. J’ai alors cherché pendant quelques jours, jusqu’au moment où le chauffeur m’arrêta sur les Champs-Elysées et que je vis apparaître sur la façade de ce célèbre cabaret appelé le Lido, le mot « Bonheur ». Tout était parfait. Un cabaret, une histoire, un nom prestigieux et une revue, je venais de dénicher la perle rare. Je suis alors entré dans ce bâtiment où la musique légère, entrainante et aux sonorités enchanteresses habillait l’atmosphère de ce music-hall. Et puis, je t’ai proposé de réserver ton lundi pour un voyage en destination du bonheur.
J’ai attendu avec impatience ce grand jour. Superbe dans cette tenue de soirée, je suis venu te chercher. Les lustres brillaient de mille feux et j’ai vu ton sourire apparaître lorsque nous étions dans le hall et que tu remarquas les lettres du nom Lido. Un homme charmant est venu nous chercher pour nous installer dans cette alcôve de bonheur et de luxe.
« Je n’y crois pas ! » Tu n’arrêtais guère de prononcer ces mots tant la surprise fût grande. La chanteuse entonnait des célèbres notes que nous écoutons souvent et le maitre d’hôtel orchestrait notre dîner de cette soirée « Bonheur » d’une manière prestigieuse. Les plats signés de Philippe Lacroix firent de ce moment un instant unique de par le mélange des saveurs, l’excellente préparation et la sublime présentation.
Et puis, l’annonce du début de la revue fut lancée. Pierre Rambert, Craig Revel Horwood et Mic Thompson avaient imaginé quatre tableaux pour aider cette jeune femme à trouver le bonheur. La lumière s’est éteinte et les 42 Bluebells accompagnées de leurs 16 danseurs accueillirent la grande Anki Albertsson. Posée sur ce nuage, la meneuse de revue s’habillait d’un costume sublime dessiné pat Edwin Piekny. Le grand frisson vint alors très vite lorsque tu vis les danseuses prendre l’apparence d’oiseaux. Les plumes des ateliers Lemarié s’étaient installées sur la peau des demoiselles et le premier tableau suggérait alors la recherche du bonheur par la jeune créature qui arrivait d’un autre rivage. Les notes s’envolent dans le théâtre et les décors se changent et laissent apparaître Paris, ses toits et son avenue Montaigne.
Au son d’un orchestre magique, un défilé s’organise et la femme découvre son pouvoir de séduction. Je regarde ton visage et je découvre que le mot « Bonheur » prend aussi effet sur toi. Un sourire s’esquisse et un regard attentif est prêté à ce numéro d’acrobatie prestigieux exécuté par un homme légèrement habillé. L’inde envahit la scène et un temple se tourne sur lui-même pour délivrer les mystères qu’il dissimule. Les statues prennent vie grâce aux Bluebells et la magie s’associe à la beauté et au talent pour nous faire voyager. Un palais se construit en arrière-plan et les fleurs de lotus s’épanouissent dans ce bassin sorti de nulle part. L’Inde est là et le bonheur s’offre alors à tous les spectateurs du célèbre Music-hall.
L’excellence du Lido est à son apogée et les costumes couverts de 60 000 cristaux Swarovski et 150 000 perles font leurs effets sur toi et sur la salle comble. Les déesses disparaissent et les fontaines magiques transforment l’eau en glace. La patinoire accueille un numéro à coupe le souffle avant que le dernier tableau prenne place. Le cinéma fait ton bonheur et les plus grandes stars firent leur apparition. Un baiser de cinéma se posa alors sur mes lèvres et le champagne célébra cette soirée sous le signe du « Bonheur »
En sortant, le Lido affichait deux choses sur sa façade : le nom de sa revue et le sentiment que je pouvais lire sur le visage des gens.