Le long voyage
Djamel Rouai
Voyageurs dans l'illusion,
Dans ce chemin long, plein de trépas,
Ni l'oasis fraîche,
Ni ce froid repas,
Ne peuvent guérir cette inflexion.
Voyageurs dans l'embarras,,
Circoncisent de jolies filles en chaleur,
Portent d'une main leurs sacs à guenille,
De l'autre un fusil sans valeur,
Lévriers faisant leur orgueil,
Allaient traquer dans leur fureur,
Loin la gazelle dans son sommeil,
Et noyaient leur rancœur
Dans cette mauvaise ripaille.
Voyageurs au visage tanné
Par le passé du Grand Désert,
Aux aguets sous un ciel couvert,
Leurs haillons au vent boursouflés,
Corps osseux avait tant souffert,
A contre-jour d'un soleil figé
Vomissant sauterelles en chœur
Que leur dromadaire entêté,
Tend le cou et croque en dessert.
Voyageurs énigmatiques,
Fuyant en permanence,
Ce fantôme rôdeur des vacances
Ni moi ni l'Euphrate,
N'avons pu comprendre
Cette langue couleur de sang,
Surnage sur ses eaux.
J'appelle mes derniers
Paléographes qui ne cessent
De ronger les ongles
En essayant de retisser
Le bel Orient défait.
Les voyageurs...
Reprennent à regret,
Dans un pause café,
Leurs batailles aussi
Glorieuses que sympa.
Mais sans y tarder...
Par crainte, ils pressent le pas...
Ou évoquent en silence,
Le lait des forts: leçons
Des pères laissées derrière,
En écho lointain
Taraudent leur nuit sans cesse.
Ils ne peuvent se défaire,
Ni les faire taire!
Un cœur à jamais brisé,
Peut-il se refaire?
Voyageurs...sortez de mes pensées,
Prenez vos chiens... vos femmes et passez.
Rouai Djamel:26/9/2014