Le maître de gaieté

Hélène Benetreau

La feuille de l'arbre


Une feuille se noit dans l'air, avec la manière d'une plume qui tombe. Elle va, va, se laisse aller, atteint d'abord les derniers nuages, traverse la couleur turquoise du ciel, et enfin, entre dans le nouveau monde. Il y a, quatres lampadaires qui se font face, et attendent de servir au peuple. Notre amie les effleure en coup de vent, et va, va, va, se laisse encore aller aux respirations du vent. Il est par définition, impossible de savoir ce qu'une feuille peine à penser, mais sa direction lorsqu'elle vole, nous indique l'état d'âme de sa volonté. Je n'aurai alors aucun scrupule à dire qu'elle cherche le bas, le sol, la terre, les racines. La gravité peut avoir bien des sens quand elle le veut ! Un bruit rettentit dans le silence, c'est la feuille qui atterit et se confronte à son but atteint. Aucun fracas, aucune vie en moins. Tout s'est passé dans les conformités et les droits civiques de la nature. Mais voila, notre amie n'est pas vraiment heureuse, c'est une cruelle insatisfaite. Alors elle médite, accroît sa volonté, et bientôt, réussie à se sépare d'elle-même, à laisser son corps sur le carreaux. Son âme va, va, va, va se laisse marcher vers l'extra. Une chasse au trésor est entreprit, à la recherche d'un secret qu'elle ne souhaite divulguer. Parait-il qu'il en vaut le coup ! Nous y croyons et poursuivons sa route. Au dehors, une vaste étendue d'herbe surplombe le vide. Le large est aussi immense que celui de la mer, et à l'orée de ce que l'horizon ne peut retranscrire, se distingue un grand arbre. La feuille, à l'affut, cours dans son âmes où elle trouve l'avantage de ne pas être éssouflée. C'est devenue un fantôme, un fantôme cherchant déséspéremment quelque chose. Dans sa course, l'amie oublie les alentours, les avions qui réspirent de noirceur, les oiseaux qui se cachent pour mourire, les fourmis qui construisent un beau monde. L'arbre dominent ces détails, mais seulement dans son pauvre ésprit. Dans sa course, la feuille s'était inventés des mains et des pieds, des yeux et des oreilles, des rêves et des mélancolies, au bon plaisir de l'immaginaire.

Face à l'arbre, la voila démunie de tout courage. Pas de mot, pas de language corporelle. Juste une confrontation seule et silencieuse. Une feuille d'autonme tombe, l'autre d'été se meurt en dormant. L'arbre pleure.

Notre amie, se remunie d'un courage et lève ce qui lui sert de tête. La confrontation commence.

“Je suis triste, ne me regarde pas ! ” crie t-il. Elle n'en fait rien. Attend que les heures passent, que les mois passent et que les années suivent. Elle est là, toujours là. De son corps fantôme s'esquisse un sourire : Elle pensait qu'un jour viendrait, où le sol pleureur deviendrait fleureur de gaiété.

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