Le Mangerêves

saurimonde

Avez-vous des émotions pour les rats de laboratoires ?  Non. L'univers a-t-il des émotions pour les Hommes ? Non. J'ai décidé d'aller regarder au cœur de ce dernier pour savoir la vérité. J'écrirai tout, je dirai tout. Des choses rouges et bleues, flamboyantes et océaniques, des choses jaunes et mauves, ensoleillées et chimériques, des choses noires, cauchemardesques. Et vous c'est à qui imitera le mieux l'autre. J'ai l'impression que vous êtes tous faits du même bois et qu'aucun de vous ne fera grand feu. J'ai mis toute mon âme dans tout ce que j'ai fait et personne ne m'aime et je suis seul. Si j'étais une pyrauste pourprée, je ne serais jamais triste, je porterais toujours sur moi les couleurs de la galaxie. Mais je ne suis qu'un homme, et ce monde me fait beaucoup de mal. 

Peut-être que mon problème est de trop penser, vraiment je pense trop. À en perdre des cheveux, à en avoir mal à la tête.

Mais je me demande si tout cela n'est vraiment rien d'autre qu'un mauvais rêve qui pourrait se refermer à n'importe quel moment. Je vous parle avec l'idée permanente que nous vivons ici-bas seulement dans un mauvais rêve. Où vont mes rêves forgés d'amours infinies ? je veux savoir qui les dévore. J'ai donc choisi de partir rencontrer qui imaginait ces rêves fantasques ! J'ai rêvé ! Vous pourrez appeler ça les rêves d'un homme fou et ridicule.  Vous lisez ici les écrits malades d'un individu ayant prodigué les ombres et les monstres en rêves.

Dans ce rêve j'ai rêvé de lui et il rêvait de moi, nous ne pouvons exister qu'en rêvant l'un de l'autre.

Voilà à quoi il ressemblait, c'était une pieuvre immense et lumineuse, poudroyante de couleurs versicolores. Ses tentacules oniriques étaient transparentes et n'étaient faites que de lumière, elles s'enfonçaient plus loin dans l'ébène qu'on ne pouvait le voir. À l'intérieur d'elles il y avait toutes les formes, toutes les couleurs, l'anthologie de tous ses rêves. Elle ressemblait à une araignée séraphique suspendue, et son unique œil qui était une gemme brillante me regardait.

Sa voix résonnait en moi, il me dit que nous vivions dans un rêve et que ce qui s'appelait les rêves étaient la réalité et que la réalité était un rêve. Il me dit qu'il remplissait le néant avec des rêves.

Je lui demandai si je portais des profondeurs, si les Hommes en portait une.

Il me répondit :

Comment ne peut-il pas comporter de profondeurs, celui qui est miroir des abîmes mises en abîme ? 

Tu ressembles au soleil, lui dis-je.

Je suis le soleil. Je suis le soleil des soleils.

Je ne lui répondis rien. 

Je suis la rose.

Voyant que je restais indifférent, il comprit.

Ne pleure plus, je rêverai de nouveaux soleils. Je transformerai les cauchemars en rêves.

J'ai fui le soleil et me suis enfoncé dans les ténèbres. Qui viendra me chercher dans les ténèbres ?

Il se mit à crier.

Mes tripes sont noires ! Goûtez à la suie, aux ténèbres ! Je suis l'immonde saurimonde, l'enfant qui contient le diable en lui, le solifuge, la bête hideuse qui se cache dans la terre et se dilue aux ombres, la méduse aux lueurs changeantes, qui médite paisiblement dans les fonds et foudroie celui qui ose s'en approcher, je suis la pyrauste pourprée ! celui qui porte sur ses ailes les couleurs des galaxies ! la pieuvre aux cerveaux myriadaires et qui envoie, jette ses tentacules viscérales et intelligentes aux cœurs de toutes les planètes, de tous les océans, de toutes les profondeurs et de tous les univers !

Il pleurait. Je me suis dit que ce monstre avait besoin d'amour, que si l'Homme existe, que si nous sommes rêvés, c'est parce que la seule chose pouvant obturer les ténèbres n'est que l'amour seul.  Peut-être que l'amour est la plus belle des créations, de tout l'univers, de tous les univers. L'amour, c'est la seule raison pour laquelle nous expérimentons la vie. Je compris que ce monstre était moi. Et que quand je me réveillerai, les rêves seront toujours là. 

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