Le Melos du néant

mineka-satoko

Ca y est, ça recommence. Le noir, le vide, la peur et tout ce vertige qui l’accompagne, inexorablement.

L’accalmie n’aura donc pas duré bien longtemps.

Cette envie du néant.

Comme un orage d’été : la lourdeur, la pesanteur des membres, la noirceur de l’esprit, la fugacité des belles pensées comme le rare courant d’air frais et la persistance des idées grises comme la moiteur de l’environnement.

Rien de bon ne peut venir par ce mauvais temps.

Ca m’a pris comme ça, d’un coup, au milieu de la rue, comme à chaque fois, inopinément.

Le désespoir d’être seul alors qu’on ne l’est pas vraiment.

Mais dans ces moments là, les autres sont tellement loin finalement…

Quelle ironie macabre, que le moment où l’on a le plus besoin de ne pas se sentir seul est celui où les autres nous fuient. Car ils reniflent la mélancolie, puis en ont peur ; et dès que le choix s’impose, ils sentent que leurs forces ne leur permettent pas de ne pas fuir. Car s’ils ne fuient pas, qui sait ? Peut-être les aura-t-elle aussi ? Mais alors qu’ils font leur choix, celui de la fuite, qu’ils tournent le dos à ma mélancolie, cet aveu de faiblesse dans une feinte indifférence est la brèche qu’elle préfère pour s’insinuer discrètement.

Alors le noir les envahit aussi, ils se sentent évoluer dans un lourd nuage gris. Et rien de bon ne peut venir par ce mauvais temps.

La mélancolie est là ; elle n’a pas à  lutter pour envahir les gens.

Comme un orage d’été, il semble qu’il y ait trop d’air dans l’air, qu’il est omniprésent.

Que notre corps est hydraté, tant l’eau est partout dans le sol, dans le ciel, dans les arbres, que notre corps est hydraté, excessivement.

Que les besoins primitifs de l’homme sont satisfaits, indubitablement.

Et pourtant on donnerait tout pour se débarrasser de cet excédent.

Tout besoins satisfaits, et pourtant, il n’y a que l’envie du néant.

Cette envie du néant me saisit, elle est bien plus forte qu’une envie de rien, c’est l’envie du vide, du noir, de ne plus être, de n’avoir jamais été, c’est l’envie que rien n’ait jamais, JAMAIS été… c’est le moment où mon âme paraît s’essouffler dans un halètement.

Où mon âme au tréfonds de mon corps se cache désespérément.

Où mon esprit n’y croit plus, tout simplement.

Le mélos : de la douleur, c’est la douceur du chant.

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