Le métro parisien

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Le métro parisien, éternelle fragrance de notre quotidien que l’on hume du matin au soir avec une note d’espoir ou de désespoir, à chacun sa façon de s’asseoir. Nous vivons chaque moment de cette vie sous-terraine, selon notre humeur qui fuse comme un cri lointain mais tout près de notre voisin. Chacun y rejoue sa vie : boute-en-train, rêveurs, dormeurs, penseurs amateurs ou penseurs confirmés, rieurs ou pleureurs, bruyants tempéraments tapageurs ou mystiques âmes silencieuses, de trois mois à quatre-vingt-dix ans, Déesse ou Apollon, chacun se fond dans son coin de métro.
Avec une note d’universalité, votre oreille sera bercée de langues connues ou plus abstraites, promesse d’un véritable voyage, ou chacun se verra transporter dans un autre horizon loin de son quotidien.

Chacun y vit un morceau de son fabuleux ou triste destin. Et même si celui se répète chaque matin, le spectacle au sein du métro parisien ne joue jamais le même refrain. A cinq heures du matin, Paris s’éveille à l’allure d’une chenille à l’humeur bien badine pour vous offrir chaque jour son nouveau spectacle sous les yeux ébahis de ces nombreux spectateurs mais en même temps acteurs. 

Regardez et vous y rencontrerez des amoureux qui se languissent.
Ecoutez et vous entendrez des joueurs d’instruments qui vous laissent aux creux de vos oreilles une douce symphonie ou un rythme endiablé aux notes sucrées.
A l’affut de rencontres insolites, vous parlerez peut-être à quelques sans domiciles fixes, miroir de cette « foutue misère » cherchant désespérément une main tendue et un regard où les mots se font le miroir ; malheureux destins bien loin d’être smicards et pour lesquels seul le métro parisien leur a filé un rencard.
Vous serez aussi distraits par des petits diablotins à l’énergie sans faille qui s’éveillent au rythme infernal de cette chenille, qui sans cesse s’arrête et redémarre.
Vous pourrez également sentir la concentration d’imperturbables lecteurs pour qui l’histoire se vie dans les pages de leur roman ou de leur journal gratuit ; moment de vie à l’abri du bourdonnement que souffle leur voisin, qu’il soit proche ou lointain et sans entendre le murmure d’une conversation que seuls perçoivent, les vrais observateurs. Ceux-là baladent yeux et oreilles au rythme de leurs sens tout en émois.
Peut-être, vous pourrez partager dans l’intimité de cette mixité, un moment volé d’un futur bébé encore lové dans le ventre de sa maman, heureuse mais fatiguée et pour qui une place assise tant espérée devient subitement innée. Vous pourrez peut-être également écouter quelques notes de musiques sorties tout droit du casque d’un mélomane solitaire, devenant ainsi totalement déconnecté du moindre son voisin.
Vous gouterez peut-être au gout salé de quelques larmes d’un voyageur ayant décidé de ne pas noyer son chagrin dans les effluves de l’alcool mais dans le brouhaha et le va-et-vient du quotidien du métro parisien.

Tout le monde passe et repasse dans l’effervescence quotidienne de cette vie parisienne, où tout se résume et se consume dans cette chenille qui traverse le tout « Paris » sans un seul jour de congés ni de RTT.
Seules quelques perturbations sociales viennent apporter de petits ou gros grains sable dans les rouages que l’on sème dans les parages.
Mais à l’orée de jours de grande félicitée, cette chenille vous plongera dans l’obscurité de ses multiples souterrains ou vous enveloppera par la beauté de sa lumineuse effervescence extérieure, faisant défiler un paysage parisien sous vos yeux encore bouffis de sommeil. Dans cette vision brumeuse de matins routiniers, ces yeux encore tout ensommeillés reconnaîtront parfois d’autres regards qui viennent émerger dans ce même cocon parisien. Un timide sourire finit alors par se dessiner au croisement de cette reconnaissance pour faire se rencontrer deux destinées qui au début si éloignées finiront pourtant par se rapprochées.  Ainsi, dans l’un des wagons que déplace sans peine notre chenille,  au rythme parisien toujours effréné, deux amants commenceront à se dévisager, se parler et enfin s’aimer.  Echanges sincères entre deux voisins venant ainsi piquer la curiosité de quelques voyageurs imaginant la suite des évènements pour ne pas s’ennuyer dans ce doux tumulte quotidien mais très parisien.

Comme une immense toile, le métro parisien se dévoile dans tout son art. Il se dessine à travers une palette de couleurs aux mille reflets.  Il vogue sur les rails avec autant de légèreté que les nymphéas de Monnet dans la clarté d’une eau fleurie.
Une chose est sûre, avec le métro parisien, où que vous souhaitiez aller, vous irez, sans tralalas ni blablas, la chenille vous y accompagnera.

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