Le miroir d'une autre dimension 5-6-7
Violette Ruer
5
Nouvel espoir
Olympe n’avait goût à rien. Son univers sentimental s’effondrait. Il ne comprenait pas le pourquoi du crime d’Amaury. Il fixa le miroir, grimaça, puis détourna très vite les yeux de son image.
Madame d’Arcourt-Duquesnois s’inquiétait de la santé de son fils. Depuis quelques mois elle ne le reconnaissait plus. Il était en constant conflit avec son père. Il suffisait que l’un dise blanc pour que l’autre réponde noir et vice versa. Elle en resta là de ses réflexions car Charlotte venait d’arriver. Pouvait-elle parler à Olympe ? Oui bien sûr, mais il n’était pas bien à cause de… Oui Charlotte venait de l’apprendre, la police était passée chez elle.
Olympe, prostré, les yeux clos, ne leva pas la tête quand, après trois petits toc toc, la porte de la chambre s’ouvrit. Charlotte s’approcha : Je suis désolée, si tu as besoin de parler, je suis là… Il n’éprouvait pas le besoin express de s’entretenir avec Dame Charlotte mais elle connaissait son secret et de ce fait, sa présence pourrait peut-être lui faire du bien alors il accepta de lui parler. Il se sentait atrocement responsable de la mort de son « ami », il se frappait la poitrine en « mea culpa ».
Charlotte se disait que les parents avaient un bandeau sur les yeux pour ne pas s’apercevoir de la relation étrange entre Olympe et Amaury ! Ils s’agrippaient certainement à une autre vérité sans oser vraiment la réalité. Quand Olympe tomba dans les bras de Charlotte en pleurant comme un enfant, secoué de sanglots, elle se dit qu’elle avait peut-être une chance de…. La voilà qui refaisait des plans sur la comète !
6
Centième jour
Cent, un chiffre rond, cent jours que l’enquête piétinait. Pas le moindre indice, c’était désespérant.
Tonio Perlicchi n’avait qu’un désir, terminer au plus vite cette misérable affaire mais aucune solution ne se profilait à l’horizon. L’enquête de voisinage, sans résultat, l’étude minutieuse du dossier, idem, cette impuissance l’irritait, impossible de résister aux pulsions de colère contenues, alors il vira tout de son bureau ! Une inspectrice lança une boutade : une façon originale de ranger les dossiers ! Un flop gigantesque et un regard foudroyant du Boss ! Mauvaise politique se dit l’inspectrice et elle retourna dans son bureau, oubliant totalement la raison de sa venue ! Le commissaire la rappela. Que voulait-elle lui dire ? Marie-Christine avait trouvé le journal de son cousin Amaury. Une lueur d’espoir ?
Peut-être, il y racontait sa relation amoureuse avec Olympe. Correct dit Tonio conscient de son manque de politesse envers sa subalterne. Elle lui sourit et quitta la pièce.
Le commissaire se plongea dans la lecture dudit journal. Apparemment Amaury croquait la vie à pleine dent. Le péché de chair ne le désarmait pas. Il décrivait, sans limite, ses ébats amoureux. Son éducation sentimentale en temps qu’homosexuel avait débuté très tôt. Il avait un sacré jardin secret ! Il y avait de quoi frissonner de dégoût ou de plaisir selon l’opinion de ceux qui pourraient lire ces écrits.
Quelque chose cependant clochait dans le tableau…Il se remettait sans arrêt en question. Il ne supportait plus sa condition, cette prison dans laquelle il s’enfermait car impossible d’en parler à ses proches. Ah ! Intéressant ! Il désirait rompre avec Olympe, il avait décidé de lui en parler… la nuit avant son décès…Il allait le rejoindre au « Rio »…. Le journal s’arrêtait là. Donc il devait bien retrouver son ami… Que s’était-il passé ?
Au même moment, chez Olympe, Charlotte posait les jalons de sa fertile imagination. La disparition d’Amaury ne la touchait pas, au contraire, cela l’envoyait dans la haute sphère de l’empyrée, un obstacle de moins à ses desseins. Trop perturbé, sachant que le commissaire possédait le journal d’Amaury, Olympe ne s’apercevait pas des manigances de son amie, il acceptait cette promiscuité car elle lui permettait de se libérer de touts ses émotions ressenties en vrac et qu’il n’arrivait pas à discipliner. Elle l’écoutait…. Et elle sentait bien que le cœur de son ami était à feu et à sang… Le bon moment pour en profiter.
7
La vengeance
Devant le miroir capturant sa silhouette, Olympe se sentait en danger, une alarme se déclenchait dans son cerveau, pour lui et pour les autres. Il avait l’impression que le son n’était plus en accord avec l’image. Charlotte écoutait-elle vraiment ses confidences ? Oui, peut-être…. Une bien fragile évasion mais au moins pouvait-il parler à quelqu’un. Marie-Christine ne venait pas quand elle le savait avec Charlotte car il n’y avait aucun atome crochu entre-elles mais ce jour là, sans nouvelle depuis longtemps, elle décida de lui rendre visite, d’autant plus qu’elle avait une lettre à lui remettre. La porte s’ouvrit et la face de Charlotte, tel un coquelicot dont les pétales s’envolent au vent, se décomposa. Olympe n’était pas en état de recevoir de la visite… Marie-Christine, sans se démonter répondit : Tu es bien là, toi, de plus je suis une amie de longue date, ce qui n’est pas ton cas…. Rouge de colère contenue, voyant la joie d’Olympe, Charlotte laissa entrer celle qu’elle nommait l’intruse. Elle devait absolument trouver un moyen de l’éloigner de celui qu’elle convoitait. L’ambiance était minée. Soudain le jeune homme annonça : Mesdames, Je dois sortir, j’ai un rendez-vous…. Merci du message ma Cricri, je l’attendais avec impatience. Charlotte, en position de faiblesse, faillit s’étrangler ! Un doute affluait à son cerveau en feu. Olympe aurait-il un rancard avec un mec ?
Marie-Christine lui faisait décidément de l’ombre mais il fallait la jouer fine. Elle lui demanda donc ce qu’elle supputait. Quand la réponse fusa : je n’en sais rien, Pierre-Yves, un prof du collège Taison a envoyé une lettre chez moi. Pourquoi chez elle et pas chez lui ? C’était simple, ses parents ne savaient pas qu’il était gay. Donc il s’agissait bien d’un nouveau petit copain ! Quelle galère ! Et bien messieurs ! Vous allez voir ce dont je suis capable !pensa Charlotte en claquant la porte.
L’âme grise devenait noire. Charlotte arriva chez elle énervée, et, dans un état proche de l’hystérie, hurla dans la maison devant ses parents : Inutile de faire des projets entre Olympe et moi, il est gay, oui vous avez bien entendu, il est gay !
Comme si la nouvelle était d’ordre métaphysique sur un sujet échappant à la raison, le juge traita sa fille d’idiote et de menteuse. Comment pouvait-elle avancer une telle ignominie sur le fils d’un ami ? Elle pouvait le prouver, il était le petit ami d’Amaury, il suffisait de le demander au commissaire Perlicchi !
Le juge Prevost téléphona au colonel d’Arcourt-Duquesnois pour lui demander un rendez-vous. Ils avaient sérieusement à parler de la nouvelle situation qui pouvait remettre en question leurs principes de francs-maçons.
Charlotte regrettait déjà d’avoir parlé, cette fois Olympe était perdu pour elle…. Il ne lui pardonnerait jamais… Ah ces hommes ! Ils finissaient toujours par tout gâcher !
a SUIVRE;;;