Le mois du blanc

Le mois du blanc

C'est pas ma fête, vraiment dommage

Le mois du blanc, touche à sa fin

Y'a des soldes à tous les étages

Et tout se vend, pour trois fois rien

Début janvier, on est fauché

Passé Noël, plus un denier

Vacances de neige, sports divers

Les distractions, sont loin derrière

On doit garnir le frigo

A l'ordinaire, revenir

Question pognon, juste ce qu'il faut

Pour se payer de quoi survivre

Jours de soldes, tohu-bohu

Les boutiquiers, battent la campagne

Rebais monstrueux, rien n'est perdu

Maigres leurs marges, encore y gagnent

Par la réclame, on est tenté

Le juste prix, est affiché

Valeur réelle, pas appliquée

De ces objets, faits en Corée

Slogans idiots, pour les benêts

Prix dégriffés ou sacrifiés

Vieilles étiquettes sont barrées

C'est dire leur générosité…

En est de même du pouvoir

On nous promet bout du couloir

Moins de chômeurs, et moins d'impôts

Se laissent avoir les gogos

Principe de solidarité

De faux semblants de charité

La clientèle, se laisse berner

Dans la farine, est roulée

Se tirent la bourre, les spécialistes

Du téléphone portatif

Se font la guerre, pour offrir

Un abonnement, menu tarif

La concurrence, a ça de bon

Produits, courante consommation

Sont à la baisse, profitons-en

Chacun veut garder ses clients

Pas adepte du libéralisme

Parfois, me gagne l'optimisme

Se battent en duel, capitalistes

Car sans chalands, y'a pas de fric

Toute l'année est au rabais

Soldes obligées, pour invendus

On balance même les nouveautés

Pour animer, marchés aux puces

Système débrouille, à qui mieux, mieux

L'économie se mord la queue

Communisme, puis libéralisme

Demain peut-être, l'humanisme

En attendant, simple usager

Se fait blouser, n'y connait rien

Après la fête, adieu le saint

Faut patienter, pas s'engager

Le philosophe, sur son rocher

Souvent médite, à satiété

De consentir, se contenter

Même les chefs-d'œuvre sont bazardés

Tellement le peuple est occupé

N'a guère le temps, de cogiter

Lui, ce qu'il veut, c'est se gaver

Et s'équiper, à moindre frais

Publicité, à la télé

Monts et merveilles, riche progrès

Crédits pas chers, indignes insignes

Ardu de lire, les petites lignes

Le mois du blanc, bien entamé

Supermarchés sont dévastés

Restent en souffrance, quelques victuailles

Qu'ont pas supporté le voyage

Vais pas me battre, pour un bout de lard

Même pas très riche, j'ai mon honneur

Se jettent sur tout, les gens avares

Rendus sauvages, et sans pudeur

On dit «l'argent, n'a pas d'odeur»

Pourtant, il est notre procureur

Quand c'est la crise, c'est instinctif

Se piétinent la gueule, les égoïstes

Drôle de monde, antagoniste

Ça fait l'affaire des extrémistes

De plus en plus négationnistes

A du boulot, candide artiste

Mégote tout, même mes idées

Pour sauvegarder lucidité

Si on me lynche, mourrait en paix

N'ai pas trahi, ma vérité

Le type qui trône, à l'Elysée

S'entourent de dames, pas mal roulées

Leur sont ouverts les cabinets

Sorte de water, glose Closer

Lui est livrée la marchandise

A vil prix, à domicile

Parfois le seigneur se déguise

En président, sans carte grise

Le mois du blanc, n'est pas flambant

Pas blanc comme neige, l'autre intrigant

Grâce ses tics, «changement maintenant»

Pour marchander, a du talent

Faire des prières, promettre la lune

Méthode Coué, pour se dédouaner

Dans les journaux, il fait la une

Vendeur de poisse à la criée

Le mois du blanc, c'est pas du flan

Sur internet, se fait pressante

Publicité, est imposée

On en a marre de cliquer

Même ma concierge, qu'on voit jamais

Pour ses étrennes, souhaite bonne année

Et le facteur, et les pompiers

Toujours en main, le porte-monnaie

Contrepartie, y'en a jamais

Considérés comme vaches à lait

Moindre besoin, à satisfaire

On les appelle, mais pas très fiers

Pour courtiser, faut cotiser

La neige tombe, en voletant

La TVA, hausse de tabac

2014, sera méchant

Pas de scrupules, pour traines savates

Pas reluisant, Blanc 60 ans JC Blanc janvier 2014