Le monde est magnifique vue d'en haut...

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Le monde est magnifique vue d’en haut.

Il y a tant de lumières qui scintillent dans la ville, tant de personnes qui rêvent, tant d’étoiles sur la toile noire qu’est le ciel. Il y a très peu de bruit : deux personnes qui rigolent, quelqu’un qui révise ses cours de piano, un couple qui se dispute, un livreur de pizza qui ne trouve pas l’adresse et qui tourne dans le quartier avec son scooter. En haut de mon immeuble, je contemple ce monde qu’est le mien et je respire l’air glacé de la nuit car je me sens vivante.

Vue d’en bas par contre, le monde laisse à désirer. Les odeurs de chaque chose se mélangent, les personnes se bousculent, le temps défile et personne ne l’arrête. La vie, c’est une course contre la montre en fin de compte. On se couche un soir, plein d’entrain, d’espoirs et de projets et l’on se réveille cinquante ans plus tard, l’œil morose, des regrets pleins la tête et l’on en vient à chercher dans les vieux albums de photographies ce qui faisaient palpiter notre cœur jadis. Les enfants que l’on a désirés et aimés sont partis et nous ont oubliés. De fille aimée, de mère aimante, on fini par être une mamie qui pue la poussière dans sa maison de retraite qui sent les médicaments. Nous qui avions donné notre temps et notre cœur, nous finissons par mourir seul dans un appartement ou d’attendre le passage du facteur pour pouvoir discuter deux secondes. La course du temps à rendu la population égoïste. Nous nous rendons à des enterrements de personnes que nous avons peu connus, regardant d’un œil vide ceux qui pleurent. Nous nous sentons plus proche de la fille qui présente la météo que de notre voisin de palier. Nous connaissons la vie d’un acteur par cœur mais plus le nom de jeune fille de notre mère ni même le nom de son premier amour. Nous n’avons plus de contacts avec les autres générations parce qu’ils n’ont pas de facebook…

Je suis étudiante en art et je contemple souvent ce qui m’entoure. Le monde m’inspire. Mon passe temps préféré est de marcher dans la rue et de m’arrêter tout d’un coup. J’observe la couleur du ciel, le vol d’un oiseau, les fenêtres et moulures des bâtiments, s’il y a des fleurs sur les balcons, celui qui fume une cigarette en nous regardant avec beaucoup de dédains. Je regarde les hommes d’affaires avec leur costume cravate toujours en grande conversation avec leur téléphone, les mères qui tiennent leurs enfants dans la rue et qui les dispute « parce que tu comprends, on va être en retard ! », les adolescents toujours en bande qui rigolent et se font des blagues, les amoureux qui se tiennent par la main de peur d’être séparés, les personnes âgées seules avec leur chien qui avancent dangereusement avec leur canne. Il y a toujours un SDF assis sur un carton ou une vieille couverture qui tend la main en quête de quelques sous. Mais qui le remarque ?

Le monde a tant à offrir mais personne ne s’arrête cinq minutes pour le contempler. Qui dans une journée a levé les yeux pour regarder le ciel ? Qui remarque qu’une fleur éclot dans un jardin ? Qui remarque le chant des oiseaux le matin ? Qui contemple l’architecture de sa ville ? Qui remarque le sourire d’un enfant ? Qui voit quelqu’un pleurer ? Qui lui propose un mouchoir ? Qui remarque que quelqu’un tombe dans la rue ? Qui l’aide à se relever ? Qui respire l’odeur d’un gâteau sortit tout juste d’un four ? Qui fait rire une enfant ? Qui s’arrête dans la foule seulement pour respirer ? Qui sourit aux autres seulement parce qu’il est heureux ? Qui répondrait à ce sourire ? Qui est surpris par quelque chose ? Qui s’arrête ? Qui remarque que l’horloge de la gare ne marche plus ? Qui entend les premières notes de musique d’un groupe dans la rue ? Qui vit réellement ?

Je n’ai pas de télévision chez moi, je n’aime pas regarder les nouvelles. Il y a toujours trop de bombes qui explosent, trop de personnes qui meurent, trop de messages qui ne sont pas entendus, trop d’hommes politiques qui se disputent, trop d’animaux qui disparaissent, trop d’arbres arrachés, trop de monde dans la rue, trop de cris, trop d’assassins, trop de personnes au pouvoir, trop d’argent qui circule, trop de génération qui ont peur de demain. L’être humain se nourrit du malheur des autres pour se sentir supérieur. L’homme avec un grand H n’est pas supérieur, au contraire. Ce qu’il y a au dessus de nous, c’est la nature, nous ne sommes rien face à elle. Il n’y a qu’à voir les tempêtes, les tremblements de terre, les tsunamis qui durent une vingtaine de minutes mais qui marquent et meurtrissent toute une génération.

Dans le film de ma vie, il y à l’été avec sa chaleur étouffante, les glaces italiennes et les ballades sur la plage ; L’automne avec ses couleurs chaudes, la soupe au potiron et les sauts dans les feuilles mortes ; L’hiver avec sa neige, les marrons grillés et les batailles de boules de neige ; Le printemps avec toutes ses fleurs, les cerises tout juste mûre et les longues promenades. Il y a ma mère, son soutient, son sourire et ses conseils ; mon frère, son calme, sa patience et sa grandeur ; mon fiancé, son amour, sa joie et son rire ; mon chat, ses câlins, sa présence et ses miaulements. Mais pas seulement, il y a aussi cette vieille femme au fond du bus avec son caddie toujours vide et ses mitaines usées, le gardien du cimetière qui a beaucoup d’humour, mes professeurs exigeants qui attendent beaucoup de moi, la femme qui me vend mon sandwich et qui me souhaite une bonne journée, l’homme qui peste derrière moi parce qu’il a taché son pull, tous les autres et vous aussi. Car sans vous, sans eux, je n’existerai pas. Ce n’est pas grand-chose, mais c’est déjà beaucoup. En tout cas, ça me suffit.

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