Le monstre de la vallée – Troisième partie

exanimo

Dix jours après mon arrivée, un jeune homme déboula en hurlant sur la place du village. Il demandait de l'aide et semblait effrayé. Je suivis le groupe qui s'était précipité à sa suite. Il nous conduisit à travers la forêt jusqu'à une petite étable. Le berger qui l'occupait gisait contre une pierre. Du sang coulait de son ventre et il semblait sur le point de perdre conscience. Le jeune homme l'avait trouvé ainsi en venant lui amener quelques provisions. Nous tentâmes tout ce qui était en notre pouvoir pour le sauver, mais il s'éteignit peu de temps après notre arrivée. Il eut toutefois le temps de décrire la chose qui l'avait attaqué : un loup, mais plus grand qu'un animal ordinaire, aussi robuste qu'un ours et plus agressif. Tout le monde conclut que la bête avait encore frappé.

Je savais maintenant qu'il s'agissait d'un loup plus grand que la moyenne, ou d'un autre animal assez ressemblant pour être confondu avec lui. Un seul point m'intriguait dans cette version ; pourquoi avait-il pris le risque d'attaquer le berger, alors que tous les moutons étaient à l'extérieur et qu'aucun ne semblait blessé ?

Je m'apprêtais à suivre le cortège ramenant le corps au village lorsque je réalisai que nous ne devions pas être loin de la maison de M. Raiss. Je décidai donc de lui rendre visite pour continuer la discussion de notre première rencontre et lui demander s'il n'avait rien vu rôder qui ressemblerait à un gros loup. Après avoir vérifié la direction auprès de l'un des villageois, je me mis en chemin.

Je marchai pendant une demi-heure et trouvai enfin son petit chalet. J'appelai de l'extérieur et frappai à la porte. Comme personne ne répondait, je pris la liberté d'entrer. Je vis Raiss, assis par terre dans un coin du salon. Il semblait apeuré.

- Eh bien, que se passe-t-il ? demandai-je, inquiet.

- J'ai vu la bête. Je l'ai vue, comme je vous vois. Elle était si proche...

- Quand l'avez-vous vue ?

- Ce matin.

- Elle ne vous a rien fait ? Tant mieux. Vous avez eu de la chance.

- Je n'ai rien pu faire, mon corps refusait de bouger et de m'obéir, je ne me contrôlais plus... Normalement je sais me contrôler.

- C'est très naturel, le rassurais-je. Parfois, quand nous avons peur, le corps se fige et nous ne sommes plus capables d'agir.

Il était réellement paniqué, je ne m'attendais pas à le voir dans un tel état. Il était si différent par rapport à notre première rencontre. Les airs que l'on peut prendre ne cachent pas éternellement ce que l'on est, songeais-je.

Après un moment passé à le rassurer, il se redressa et repris confiance. Je le questionnai sur l'allure de la bête et le lieu de leur rencontre. Il me répondit avec son antipathie retrouvée qu'elle ressemblait à un gros loup et me décrivit l'endroit.

Comme il ne semblait pas vouloir que je reste plus longtemps, je le remerciai et me préparai à retourner au village.

- Vous feriez mieux de rentrer chez vous, me dit-il sur le pas de la porte. Quand une bête a goûté au sang humain, elle n'y renonce jamais. Et elle devient très dangereuse.

Je le remerciai pour son conseil mais indiquai que c'était pour cela que je comptais bien mettre fin à ces meurtres. Il acquiesça de la tête et ferma la porte. Je m'engageai sur le chemin du retour.

Je réfléchis à la situation durant le trajet. Étant certain que la bête se trouvait à proximité du village, je décidai d'organiser dès le lendemain une grande battue à travers la forêt pour la dénicher. Je fis donc passer le mot et convainquis tous les hommes du village de s'armer de leur fusil.

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