Poupée russe

Quentin Bodin

J'habite quatre rue du Spleen,
Trois couleurs,
Deux chaises,
Une volute.
Des minutes
De braises.
Sombre crève-cœur
Ta rouille me blesse et m'échine.

Dieu, que mon phonographe grésille
Mes minces lèvres rouges sont acerbes
N'en as-tu pas assez ? Regardes ! J'en perds le proverbe
Ô toi marguerite, tes parfums, tes pétales s'enfuient.

Reviens-moi ! Je veux tant t'entendre ma douce poupée russe
Chantes ! Je t'en prie, ne fusse qu'une mélopée de tambour
Pour le sépulcre d'un officier qui t'aimera pour toujours
Sur la cime d'un rosier, les yeux couverts de lotus.

Sache que je mâche ma dame les vins millésimes de tes cents douceurs
Mais d'un chewing-gum au gin, une goutte choit sur la table.
Elle chute, éclate sur mes feuillets la dentelle adorable
D'un mouchoir jauni aux mille liqueurs.

Que sa saveur m'est ancienne
Il gisait là, la poussière
Sentant le sucre,
Voulant crier.
Mais vraiment
Qu'importe
Aujourd'hui
J'aime.


                                                                                       BODIN Quentin
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