Le néant fait de blanc

pastels-world

Le vent glacé de la plage fouette les cheveux du jeune homme, noir corbeau ondulant dans l'atmosphère brumeuse de l'aube. Il passe un instant la main entre ses mèches bouclées, tentant de les remettre en place mais le vent les fait une nouvelle fois flotter vers l'infini et il retire sa main.

Le vent gronde inlassablement derrière lui, comme un mauvais sort de l'univers - ou plutôt un ironique et heureux hasard - un tonnerre de circonstances qui l'empêche de subir ses pensées déprimées. Quelque chose de grave lui est arrivée. Il ne sait pas quel adjectif convient le mieux. Tragique, consommant, triste ? Il ne veut pas y penser. Il ne s'est rien passé. Tragique, peut-être.

Le jeune homme aux longs cheveux de jais regarde le ciel nuageux sans même cligner des yeux, mais quand ses paupières se ferment enfin on ne les voit plus se rouvrir. Cependant, quelques heures plus tard, un passant prend peur en voyant ses magnifiques cheveux ténébreux glisser, apaisés, sur son visage immobile, et il fait trainer ses doigts sur sa peau en tentant de le réveiller. Un appel et un sursaut, et puis un crie ; le jeune homme pose sur son petit nez parfait ses lunettes de soleil, cachant ses prunelles translucides. Cachant la vérité toute blanche et toute nue, quelle qu'elle soit. Quelle qu'elle fut.

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