Le noir dessein de Marie-Louise...

halentien

Elle gratte son ticket
La ménagère désabusée
Dans l'espoir de gagner
Chèque, sinon gros billet

Dans son panier, victuailles
Pour bien modestes ripailles
Tomates, oeufs et gousses d'ails
Gros rouge, et cochonnaille.

Devant sa télé, elle grommelle
Il paraît que la vie est belle
Connes émissions et jeux navrants
C'est son violon, son seul passe-temps.

Les cinq du mois, elle s'attable
En terrasse pour un calvas
Rictus au bec, retraite en poche
Rayon de soleil sur sa caboche.

Furtives impressions de bonheur
Vite rattrapées par ses douleurs
Maux de reins, de jambes et de tête
Il tourne court cet instant d'fête

Sa dernière cure remonte à loin
Elle lui avait fait beaucoup de bien
En Ax-les-Thermes, coupée du monde
Les yeux fermés, caresses des ondes

L'amour, bien sûr, elle a connu
Mais l'compagnon, s'est fait la malle
De Marie-Louise, s'occupait plus
Une ombre dans le lit conjugal

Son coeur a longtemps suffoqué
Du brusque abandon de monsieur
Car elle l'a tant et tant aimé
Pour lui, elle a fait de son mieux

Elle s'en est fait une raison, la dame
Pour elle, les hommes, sont tous infâmes
A l'affût de galbe et fessiers fermes
Ils ne voient plus celles qui les aiment.

Elle veut décider de son destin
En préparant au gaz, son départ
Faire table rase de tous ses chagrins
De sa vie morose et son cafard

Elle pense à tous ses jours enfuis
Ce que sa vie aurait pût être
Une femme active, mère de famille...
Petits plaisirs, même quelques miettes

Une dernière fois, elle boit, alors
Par la fenêtre, derniers regards
Sur la jeunesse hurlante dehors
Plus d'émotions, seules, idées noires

Le poison se répand; bien funeste protocole
Allongée sur le divan , et de paupières lasses
Elle attend, résolue, comme l'injecté formol
Que le propane la tue en endormant sa carcasse

Son voisin, par l'odeur, incommodé
Vint transformer sa porte en planchettes
Gloire à lui, la demi-morte est sauvée
Dame fortune vient de lui faire une risette

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