Le paradis perdu
lhentz83
Dans l'aube vêtue,
Deux cents hommes étendus,
Leur Dieu vacillant,
Du néant les observant.
Brume endiablée,
Possédée,
Par le désir d'exister.
Cieux sans horizons,
Hésitants,
Riants aux firmaments,
Pleurant leurs enfants.
Qu'avons-nous donc fait ?
Etions-nous ensorcelés ?
D'amour nous étions composés,
D'amitiés nous étions liés.
Puis il est arrivé,
Ombre inquiétante,
Ses yeux sur nous rivés.
Aux plus démunis il donna de l'argent,
Aux plus argentés il donna du talent,
Aux plus peureux du courage,
Aux plus valeureux les hommages.
Pluie de cendre, nos cœurs écorchés,
Gagnés par la vanité,
Bernés...
De souffle en souffle, les amitiés s'envolaient.
De souffle en souffle, la haine nous habitait.
O Dieux, n'y a t'il point de cadeau plus empoisonné que celui que le plus l'on désirait ?
Nos âmes se dépérissaient d'avoir été trop contentées,
Seul le vide nous contemplait,
Avide de nous diviser.
D'abord il y eut les regards croisés,
Les sourds reproches à peines masqués,
En nous, nous nous enfermions,
En nous, nous nous pourrissions.
Puis vint le temps des petites violences,
Le temps des grandes indifférences,
A nos pieds s'écoulaient,
Ce qu'il nous restait d'humanité.
A notre tour nous étions devenus des ombres,
Siphonnés de ce qui nous faisait exister,
Certains déjà pleuraient,
Sentant que leur fin était déjà passée.
Il y eut un dernier sursaut,
Ultime,
Splendide dans sa simplicité,
Terrible dans sa futilité.
Arriva le dénouement,
Nous y étions arrivés,
En cet instant de folie,
Où nous nous étions précipités.
Cet instant de folie qui n'aurait jamais du être,
Cet instant de folie où l'homme n'est plus homme,
Cet instant de folie où trop facilement on s'abandonne.
Je fus le premier à tomber,
Dans le dos assassiné,
Par une lame trop bien aiguisée,
Transpercé, mon cœur gelé.
Mes yeux se fermaient sur la plaine dévastée,
La silhouette dorée de nos espoirs trahit s'effaçait,
Emportée par la brise ensanglantée,
Nous laissant seul avec notre naïveté.