le parfum d'Herminie

Nadia Esteba

evocation d'une femme par l'intermediaire des senteurs de la garrigue et des traditions

 

 

 

 LE PARFUM D'HERMINIE

Il est de coutume ici à La Palme dans ce village du Languedoc maritime entouré de vignes et garrigues, d'aller chercher des bouquets d'aspic ou lavande sauvage. et je déplore d'être déjà âgée pour raconter ceci mais je voudrais graver dans le marbre ce qui fut l'âme de notre village pour qu'il ne devienne pas une coquille vide , que viennent regarder les touristes d'un air distrait , la Barbacane , l'horloge, le lavoir- bénitier . Ici les vestiges ont vu passer des hommes qui perpétuaient un savoir des superstitions. Tout cela a perdu son sens aujourd'hui mais je n'ai pas oublié et je veux le dire à Sully, Camille, Romane, enfants tous nés ici qui par la force des choses du temps qui va plus vite, sont coupés de leur passé. Ces légendes ont à un moment eu leur vérité. un jour sacré du plein été ; Ce jour là, ma grand-mère me donnait un petit panier d'osier , (je l'ai encore et le garnis de fleurs ou le prête encore à ces petits enfants pour ramasser les œufs de Pâques .ou pour perpétuer la tradition) Mon aïeule, portait comme à l'accoutumée sont tablier de devant . Je la revois encore avec des cheveux relevés en chignon et ses toilettes qu'elle portait selon les circonstances. sa garde robe était sobre  mais , il ne manquait jamais ce fameux tablier de devant avec une grande poche pour tout ce qui sert chaque jour, une épingle à nourrice , un mouchoir . Il était d'un noir progond, gansé, pour les jours ordinaires, coloré parsemé de motifs , les jours de fête Ce tablier l'enveloppait, couvrait toute sa longue robe.. Il pouvait tout à la fois lui servir de maniques pour soulever le pot de soupe elle en attrapait   les coins ; Parfois en essuyait notre visage si par malheur les larmes coulaient ; il était   de tous les instants. Elle le relevait aussi jusqu'à la ceinture et lui servait à transporter ses cueillettes. Ce jour là avec une faucille ma grand-mère Herminie entourée de ses petits enfants était heureuse d'aller dans la garrigue cueillir la lavande qui ici poussait en abondance dans des lieux connus de tous (Usine d'essences naturelles à la Fabrique).Elle pouvait être cultivée, mais la lavande sauvage sur sa tige raide et grise est très odorante facile mettre en bouquets et nous allions la cueillir à la Saint ROCH. C'était le 16 AOUT pas un autre jour ni avant ni après. En Provence, en Corse, dans les régions méditerranéennes il pleut abondamment ce jour là les orages se déchaînent, ils sont violents et particulièrement à LA PALME dans l'Aude, c'est comme si toute la rage du ciel se déversait sur les toits, les rues. C'est bien un son et lumière naturel qui embrase le village, l'étang, la mer, avec les éclairs et le grondement du tonnerre. Je regardais ce prodige de la nature les éléments déchaînés avec des frissons d'extase du balcon de la rue Jean Moulin sans rue à cette époque. Mais cela me rappelait aussi ces promenades accompagnées et si douces le matin, dans la garrigue sèche et caillouteuse, d'où s'exhalaient de doux et puissants parfums de femmes, de thym, romarin, fenouil d'arrières grand-mères et autres mères. Car ici par superstition ou pour honorer un savoir ancestral il fallait suspendre exclusivement de la lavande aux fenêtres,elle protégeait dit-on, de la foudre, des châtiments, des maladies contagieuses des langueurs. Cela contribuait à la salubrité de l'air.également, dans les chambres,les couloirs, au grenier. Et si l'on se souvient que les huiles essentielles tuent les bactéries on comprend aussi pourquoi nos ancêtres mettaient dans de beaux flacons le trois- six (cet alcool donné en privilège aux adhérents des coopréatives viticoles)) des fleurs de lavande et s'en frottaient le corps l'hiver, en parfumaient leur mouchoir.. Comme elle sentait bon le frais,   ma grand-mère Herminie, comme il sentait bon son linge de lit, les draps blancs sur lesquels elle vaporisait quelques gouttes sur les grands revers monogrammés.. J'embrasserais bien encore les joues douces de bébé de mon aïeule , si fraîhe, si jolie avec ses yeux bleus couleur de ces s fleurs qu'elle aimait cueillir , la saladelle des étangs celle dont on fait aussi des bouquets pour guardians en Camargue mais aussi cest aspic, cette lavande incomparable ..Ma belle grand-mère au port de reine, en faisait de petites gerbes elle les tressait aussi en y insérant des rubans de couleurs que nous gardions tout l'hiver.dans les armoires, les tiroirs .Tout le village était impliqué . Ma grand-mère me prenait souvent sur se genoux et la tête sur son épaule, je ne me lassais pas de l'écouter raconter ,j'écoutais aussi les battements de son cœur et respirais   dans le cou les exhalaisons enveloppantes d'amour, celles au parfum subtil en voûtant de sa peau , de ses vêtements  lavée au savon artisanal.;je laissais mes petites mains dans les siennes, si lisses, qui me rassuraient.

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On donnait une messe spécialement ce jour là. Les travailleurs du sel  les vignerons, craignaient par-dessus tout les orages de la Saint ROCH ses violences destructrices ,car il laverait le sel qui reviendrait à l'eau retournerait à l'état liquide, anéantissant tout le travail du saunier, les vignes seraient abîmées juste avant la récolte au moment où le raisin est gorgé de sucre. Ainsi on priait Saint- Roch de nous préserver des maladies de nous protéger des vices et cela correspondait aux changements de temps dans notre région. Voilà encore une tradition bien marquée pourtant qui se dilue avec le temps et qu'aucun ouvrage pour touristes ne pourra raconter si cela n'a pas été légué et vécu, ressenti . Je l'ai vécu et le fais toujours savoir, en hommage à Herminie à Pierrette ma mère elle aussi aux yeux bleus épanouis de fleurs occcitanes, de nos étangs, la mer et les CIEUX.

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Nadia ESTEBA, 11130 SIGEAN 8 Rue Saint Martin

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LE PARFUM D'HERMINIE Il est de coutume ici à La Palme dans ce village du Languedoc  maritime entouré de vignes et garrigues, d'aller chercher des bouquets d'aspic ou lavande sauvage. et je déplore d'être déjà  âgée pour  raconter ceci mais je voudrais graver dans le marbre ce qui fut l'âme de notre village pour  qu'il ne devienne  pas une coquille vide , que viennent  regarder les touristes d'un air distrait , la Barbacane , l'horloge, le lavoir- bénitier . Ici les vestiges ont vu passer des hommes qui perpétuaient un savoir des superstitions. Tout cela a perdu son sens aujourd'hui mais je n'ai pas oublié et je veux le dire à Sully, Camille, Romane, enfants tous  nés ici qui  par la force des choses du temps qui va plus vite, sont coupés de leur passé. Ces légendes ont à un moment eu  leur vérité. un jour sacré du plein été ; Ce jour là, ma grand-mère me donnait un petit panier  d'osier , (je l'ai encore et le garnis de fleurs à la Saint Jean  ou le prête encore à mes petits enfants pour ramasser les œufs de Pâques .ou pour perpétuer la tradition) Mon aïeule, portait comme à l'accoutumée sont tablier de devant . Je la revois encore avec des cheveux relevés en chignon et ses toilettes  qu'elle portait selon les circonstances. sa garde robe était sobre sobres mais , il ne manquait jamais ce fameux tablier de devant  avec une grande poche  pour tout ce qui sert chaque jour, une épingle à nourrice , un mouchoir . Il était uns noir gansé,  pour les jours ordinaires, coloré parsemé de motifs , les jours  de fête  Ce  tablier  l'enveloppait, couvrait toute sa longue robe.. Il pouvait tout à la fois lui servir de maniques pour soulever le pot  de soupe elle en attrapait   les coins ; Parfois en essuyait notre visage si par malheur les larmes coulaient ; il était   de tous les instants. Elle le relevait aussi jusqu'à la ceinture et lui servait à transporter ses cueillettes. Ce jour là  avec une faucille ma grand-mère Herminie entourée de ses petits enfants  était heureuse d'aller dans la garrigue cueillir la lavande qui  ici poussait en abondance dans des lieux connus de tous (Usine d'essences naturelles à la Fabrique).Elle pouvait être cultivée,  mais la lavande sauvage  sur sa tige raide et  grise  est très odorante facile  mettre en bouquets et nous allions la cueillir à la Saint ROCH. C'était le 16 AOÛT pas un autre jour ni avant ni après. En Provence, en Corse, dans les régions méditerranéennes il pleut abondamment ce jour là les orages se déchaînent,  ils sont violents et particulièrement  à LA PALME dans l'Aude, c'est comme si toute la rage du ciel se déversait sur les toits, les rues. C'est bien un son et lumière naturel qui embrase le village, l'étang, la mer, avec les éclairs et le grondement du tonnerre. Je regardais ce prodige de la nature les éléments déchaînés avec des frissons d'extase du balcon de la rue Jean Moulin sans nom de rue à cette époque. Mais cela me rappelait aussi ces promenades si douces le matin, quand le soleil  ne brûle pas encore, dans la garrigue sèche et caillouteuse, d'où s'exhalaient de doux et  puissants parfums de femmes, de thym,  romarin, fenouil  Car ici par superstition ou pour honorer un savoir ancestral il fallait suspendre exclusivement de la lavande aux fenêtres,elle  protégeait dit-on, de la foudre, des châtiments, des maladies contagieuses des langueurs. Cela  contribuait à la salubrité de l'air.également,  dans les chambres, les couloirs, au grenier. Et si l'on se souvient que les huiles essentielles  tuent les bactéries  on comprend aussi pourquoi nos ancêtres mettaient dans de beaux flacons  le trois- six  (cet alcool donné en privilège aux adhérents des coopératives viticoles)) des fleurs de lavande et s'en frottaient  le corps l'hiver, en parfumaient leur mouchoir..  Comme elle sentait bon le frais,   ma grand-mère Herminie, comme il sentait bon son linge de lit, les draps blancs  sur lesquels elle vaporisait quelques gouttes sur les  grands revers monogrammés.. J'embrasserais bien encore les joues douces  de bébé de mon aïeule , si fraîche, si jolie avec ses yeux bleus  couleur de ces s fleurs qu'elle aimait cueillir ,des chardons bleus,  la saladelle  des étang, que l'on garde l'hiver en bouquet sec, et dont les gardians se servent  en Camargue pour des joutes amoureuses, mais aussi cest aspic, cette lavande  incomparable .

Ma belle grand-mère au port de reine, en faisait de petites gerbes elle les tressait aussi en y insérant des rubans de couleurs que nous gardions tout l'hiver.dans les armoires, les tiroirs .Tout le village était impliqué . Ma grand-mère me prenait souvent sur se genoux et ma tête sur son épaule, je ne me lassais pas de l'écouter raconter , j'écoutais aussi les battements de son cœur et  respirais   dans le cou les exhalaisons enveloppantes d'amour, ce velours charnel au parfum subtil  si en voûtant de sa peau , je laissais mes petites mains dans les siennes, au toucher suave et si  lisse,  qui me rassuraint.

La lune au teint de lait, veilleuse de la nuit, protégeait notre sommeil. Parfois cette blonde resplendissante au visage plein d'éphélides venait  en curieuse à a fenêtre et scrutait tous les recoins de la chambre puis s'éclipsait à la naissance de l' aurore ou trouvait un stratagème pour profiter  encore et se fondait ,dans les draps satinés, du ciel. On donnait une messe spécialement ce jour là. Les travailleurs du sel  les vignerons, craignaient par-dessus tout les orages de la Saint ROCH ses violences destructrices,car il laver ait le sel qui reviendrait à l'eau  retournerait à l'état liquide anéantissant tout le travail du saunier,  les vignes seraient abîmées juste avant la récolte au moment où le raisin est gorgé de sucre. Ainsi on priait Saint- Roch de nous préserver des maladies de nous protéger  des vices  et cela correspondait aux changements de temps dans notre région. Voilà encore une tradition bien marquée  pourtant qui se dilue  avec le temps et qu'aucun ouvrage pour touristes  ne pourra raconter si cela n'a pas été légué et vécu, ressenti .  Je l'ai vécu et le fais toujours savoir, en hommage à Herminie à Pierrette ma mère elle aussi aux yeux bleus épanouis de fleurs occcitanes, l'étang, la mer, les cieux.

L'EAU DE TES YEUX

Je ne voyais que leur gemme

Ce bleu on te l'aurait volé

Ce teint nacré ces lèvres rosées

Etaient ceux d'un Reine

Iris, myosotis , tu étais si belle

 Ils étaient un lac où se miraient es Cieux

Je ne voyais qu'amour et bonté en eux

Mais parfois ton regard de fée

Se brouillait sous l'orage

Pensée nuageuse qui passe

Le chagrin fanait la fleur de tes yeux

Je te sentais perdue j'imaginais le pire

Tu ne me consolais plus de ton joli sourire

Et puis tu mettais des boucles à tes oreilles

Et tu me disais viens, on va au cinéma.

Nadia

 

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