Le perfectionniste.

La lune était haute et la saison était jeune.

C'était le printemps ou déjà l'été, peut être.

L'homme se tenait là, debout sur ses terres,

Scrutant fier l'horizon et la forêt qui finissait

A l'endroit même où le ciel éblouissait les arbres.

Fier, il contemplait son royaume, ses récoltes futures.

Envisageant le meilleur, il se sentait riche et comblé.

Lorsqu'à l'orée du bois, il embrassait sa belle,

Tout lui semblait si parfait, la vie lui souriait.

A l'endroit même où la candeur touchait l'incrédule.

Tout ce qu'il rêvait, il le touchait du doigt,

Tout ce qu'il souhaitait, il le possédait déjà.

Faisant le monde à son image,

Forgeant ses armes, il faisait même plier le vent.

La terre ouvrait son ventre, il bâtit châteaux et forteresses.

Rien n'était trop beau pour lui et sa belle,

Valets et chevaux dévoués courbaient l'échine.

Sa belle, sa reine, il l'aimait si fort, … et elle l'aimait.

A l'endroit même où le meilleur touchait le bonheur.

Tout ce qu'il touchait se transformait en or.

Ne laissant rien au hasard il dompta le feu de l'enfer,

Amis et associés lui offraient l'or et l'encens.

Troubadours et saltimbanques réjouissaient ses banquets,

A l'endroit même où la fierté frôlait l'orgueil.

Tout ce qu'il rêvait, il le touchait du doigt,

Tout ce qu'il souhaitait, il le possédait déjà.

Faisant le monde à son image,

Forgeant ses sentiments, il faisait même plier ses enfants.

Vint la terrible nuit et vint l'orage qui inondait.

Les nuages entre les arbres et le ciel étaient aveugles,

Dans cette nuit de ruines de fin d'été.

Dans cette chambre où il partageait sa couche,

A l'endroit même où l'amour fuyait la dévotion.

Elle était tout ce qu'il avait, mais il ne le savait pas.

Et tout ce qu'il pensait n'existait pas, n'existait plus déjà,

Le long des vestiges de l'été, il marchait en pensant.

C'était l'automne ou déjà l'hiver peut être,

A l'endroit même où tout avait commencé.

Tout ce qu'il rêvait, il le touchait du doigt,

Tout ce qu'il souhaitait, il le possédait déjà.

Faisant le monde à son image,

Forgeant son cœur, il se demandait, ce que sa vie aurait pu être…

©