Le petit son
general-schpewe
Un petit son strident quasi-imperceptible et lancinant, tenait à sa permanence de peur de mourrir en silence. Résolu à perdurer, il commença à s'infiltrer en voyageant de récepteurs en récepteurs... Au début, il choisissait son récepteur et attendait souvent l'intimité. Enfin libre de tout parasitage, ce son naissant, si faible, pouvait s'imposer de toute son onde à une oreille docile et naive, au début...
Il faut dire que la vie d'un son est ingrate. Toujours dans l'attente, dans la dépendance de l'extérieur. Un son ne peut naître sans raison, vous imaginez bien. Contraint de n'être qu'un effet, une résonnance, un claquement et même parfois un pet. Graves, aigus, élégants, discrets, écrasés, pertinents, dans la famille des sons on obéit à un ordre naturel. Les plus vieux sons savent n'être que des effets mais se plaisent à penser qu'ils sont les premiers effets de chaque action. Ainsi, occupent-ils en réalité, une place de choix dans l'ordre des phénomènes. Ainsi, lié à sa cause, la naissance d'un son marque la temporalité, conséquence d’ un ordre sacré. Considérant le premier son des origines comme le plus respectable, la chronologie et l'ancienneté de chacun déterminant les fréquences et les portées.
...Ondulant depuis des centaines de récepteurs, ce petit son strident quasi-imperceptible et lancinant, avait prit confiance et maitrisait l'art du relais, manœuvre toujours un peu délicate pour un jeune son de trouver un récepteur et de s'y "accrocher".
Des centaines de sons avaient souvent l'occasion de se faire entendre, mais lui-même ne connaissait pas la cause de son si petit sifflement. Il y a quelques ondes déjà, un vieux son avec qu'il avait cohabité dans un récepteur de transit, lui a donné le secret pour ne pas risquer de ne plus jamais résonner.
Multiplier les récepteurs simultanément.
Révélation !! Révélation !!
Multiplier les récepteurs simultanément !!
Dès lors, çà devint une obsession pour le petit son strident quasi-imperceptible et lancinant, investir les émetteurs et s 'assurer la résonnance. Des émetteurs de radios aux ondes T.V, des fréquences interdites aux satellites de communication, le petit son strident quasi-imperceptible et lancinant imposa sa présence tel un empereur puissant. Une évolution méticuleuse et pyramidale lui permit d'émetteurs en récepteurs d'étendre sa domination. Omniprésent, le petit son quasi-imperceptible et lancinant est devenu finalement une boucle.C'est un grand moment dans la vie d'un son, une sorte de consécration, une assurance d'immortalité, un son académicien en quelques sortes. Dans le mondes des sons, il constituait un phénomène rare et reconnu !
Mais comment cet insignifiant avait donc pu atteindre une telle notoriété ?
Un diktat sur le présent qui a des conséquences. Nombreux anciens y voyaient une superposition en continu de premier plan du petit son quasi-imperceptible et lancinant, ce qui perturba même l'ordre naturel en osant l'altérer par son individualisme. On ne savait pas très bien, ni sa cause de naissance, ni son ancienneté, mais il était devenu l'effet incontournable. Sa faible fréquence et la petitesse de ses ondes lui permettent une flexibilité totale, se faisant, il se greffe en boucle sur toutes autres formes d'ondes et assure ainsi sa suprématie. Il en est ainsi depuis tellement longtemps, que de mémoire de son, nul ne saurait dire aujourd'hui depuis quand.
Il est à l'origine de toutes sources, certains disent même qu'il est le bruit de l'intention. Forcément, des millénaires passés à se reproduire indéfiniment en modifiant simplement sa densité pour répondre aux besoins d'une cause propre et particulière... Une onde de choc de molécules agglutinées s'écrasant plus ou moins violemment sur un récepteur, reproduite à l'infini, définissant les rythmes, étant le parfait écho d'un frottement moléculaire. Le petit son quasi-imperceptible et lancinant est à lui seul créateur de la temporalité, assurant la cohésion de chaque espace temps.
Le petit son quasi-imperceptible et lancinant, est le lien entre l'action et la conséquence. Partant du centre de l'action, son onde se diffuse sur l'ensemble des contrées du phénomène, l'exacte répartition n'est uniforme que lorsque celle-ci se régénère elle-même, forme un cycle, une boucle.
Le petit son quasi-imperceptible et lancinant est à l'origine de l'origine.
Indéniablement, il EST...
L'ENTENDEZ-VOUS ?
« La théorie des supercordes est actuellement l'hypothèse la plus avancée et la plus prometteuse vers la découverte des fondements ultimes de la matière. Toutes les particules qui constituent la matière (protons, neutrons, électrons, quarks, photons, etc) seraient en fait l'émanation d'une seule entité, appelée "supercorde" et qui serait une vibration, un peu comme une note de musique. Selon la longueur d'onde de cette vibration, la corde apparaitrait comme telle ou telle particule dans le monde de la matière.
De ce point de vue, l'univers serait...de la musique! Une musique dont les notes formeraient une symphonie plutôt que du bruit... »