Le premier souffle

Je me suis toujours senti à part, un peu "déconnecté" de ce qui m'entourait. Lorsqu'il fallait que je rebranche le cable, soit 80% de mon temps, je composais avec le monde extérieur, j'étais alors falsifié. Mais déconnecté, je savais qui j'étais.

Puis, pour mes rêves sociétaires, il a fallu que je branche le cable à 99,99%, et bétonner mon moi falsifié afin d'être paré aux multiples combats féroces qui m'attendaient. Je m'en oubliais.

La société a eu raison de ma construction falsifiée et, de combat en combat, les maillons éclatèrent les uns après les autres, avec une facilité déconcertante. Elle m'a déchiré en de milliers petits morceaux d'acier.

Que faire alors lorsque l'on réalise que l'on n'est plus ce que l'on était, et que sans ce que l'on était on n'est plus rien?

Que faire alors lorsque l'image que l'on a de soi est partie en fumée, brulée méthodiquement par le sadisme et la perversité de cette société?

Que faire alors lorsque l'on se regarde dans le miroir et que l'on n'y cherche en vain son reflet?

Que faire alors lorsque l'on doit se recréer avec un taux de confiance négatif et un taux d'estime 404notfound...?

Et bien à ce moment là, même un nouveau né nous parait bien plus fort que soi.

La société m'a déchiré.

Perdu dans cette vie, je tente alors de débroussailler un chemin dans ma folie. Je mets un pieds dans cette jungle hostile mais ce que je ne sais pas c'est que je finirai par la peindre avec la main d'une autre.