Le preta de l'ile singulière

Bernadette Dubus

Un roman d’aventure époustouflant qui nous conduit aux frontières du réel, et au bout du monde. Laissez-vous séduire par cette aventure à la fois réaliste, historique et mystérieuse.


Synopsis

 

 

LE PRETA DE L'ILE SINGULIERE

 

Dans la mythologie hindoue, les « pretas » sont des sortes de fantômes, des âmes désincarnées que leur karma  a condamnées à errer entre deux mondes à la recherche d'autres âmes à hanter.

Ce roman s'articule en deux parties soit deux périodes  : fin XIXième siècle et fin XXième siècle.  Les noces sacrilèges et  La dernière danse.  Un roman d'aventure et d'étrange, un thriller historico-fantastique (mot que j'ai inventé). 

 

 

Tome I

Les noces sacrilèges

 

 

Au dix-neuvième siècle, à Cette, Charles-Henri Gautier, le révolté, rompt violemment avec sa riche famille d'armateurs traditionaliste et hostile à toute idée novatrice et vole la Reine du Large, un voilier hors du commun, dernier né des chantiers navals familiaux « Gautier et fils », pour sauver de l'échaffaud Maxime de la Motte, le noble déchu devenu son ami. Avec ce bateau, nos héros vont nous faire découvrir, au hasard de leurs aventures, la Méditerranée, Naples, la Crète, l'Egypte et les Indes de l'Angleterre coloniale. A bord de La Reine du Large, ils vont affronter les dangers de la mer, les bandits napolitains, les Turcs oppresseurs des Crétois, les trafiquants de momies et d'antiquités égyptiennes, les dieux de l'Inde antique et des  représentants de sectes prêts à tout pour asseoir leur pouvoir.

A leur côté, nous allons rencontrer - pour ne citer qu'eux -  aimer ou haïr des personnages hors du commun : Georgio, émigré italien et  patron de la baraquette du mont Saint Clair ; Albert le patron pêcheur ; Carlo bandit mafieux et papa de la plus belle fille de Naples dont Maxime tombe amoureux ; Circée, la petite Crétoise visionnaire, son père Mykinos combattant pour la liberté de la Crète  et d'autres combattants crétois ; des égyptiens tel que Rasul protégeant, au péril de leur vie, les restes sacrés de leurs aïeux de la cupidité des occidentaux ; Sir Mac Clay un Anglais cynique, archéologue sans foi ni loi, trafiquant d'antiquités et de momies et ennemi du grand archéologue Auguste Mariette ; Hassan, l'ami de Rasùl et Abdel, policier intègre et dévoué à la cause égyptienne ; Audrey petite Anglaise « babu » née d'un mère hindoue et d'un père anglais écartelée entre ses deux familles ; lord Harvington le père d'Audrey  qui les aides à remettre en état la Reine du Large  endommagée par les tempêtes de la mer d'Oman et devient leur protecteur et ami. Mais Charles-Henri tombe éperdument amoureux de Mahadevî une indienne danseuse sacrée des temples du Kerala, et la malédiction s'abat sur la famille.

Charles-Henri meurt fou dans des conditions mystérieuses et la famille efface pendant près de cent vingt ans la mémoire de cet aïeul maudit.

Mais depuis la mort de Charles-Henri, aucun descendant mâle de la famille n'a atteint l'âge de vingt cinq ans. Charles-Henri a-t-il, dans ses voyages, provoqué le courroux de forces mystérieuses antiques ? Contracté une maladie transmissible à ses descendants ?  S'agit-il d'un secte secrète qui les poursuit à travers le temps ?

Le CHAPITRE I du TOME I du roman (non découpé est consacré à la découverte par ses descendants du livre de bord de  Charles-Henri. C'est ainsi que débute à Sète (Cette au XIXième siècle) l'histoire du  grand voyage sur la Reine du Large, autour de la Méditerranée du XIXième siècle, sur la mer d'Oman, et l'océan indien. Avec des escales à Naples, en Crète, en Egypte, dans les Indes coloniales anglaises. 

 

 

 

Tome II

La dernière danse

 

Nous sommes à la fin du vingtième siècle et, chez ses descendants, les avis sont partagés, pour ne pas dire complètement opposés. Fabien, le plus âgés va avoir vingt cinq dans six mois et s'inquiète, s'affole, commence à perdre la raison et croit à une malédiction. Jérémie, plus jeune d'un an et demi, cartésien et athée, refuse d'entendre de telle inepties. Il analyse les évènements en essayant de toujours les ramener à des explications raisonnables et scientifiques. Hélène, jeune  fille que l'on croyait handicapée mentale, voit le fantôme de Charles-Henri partout et surprend tout le monde par ses pouvoirs de médium ; elle  s'inscrit en justicière de la famille et seule capable de sauver les deux jeunes gens. Corinne, elle, ne pense qu'à s'amuser mais le temps et les évènements la rattrapent.

A Sète, dans la maison familiale héritée de la tante Mélanie, ils vont trouver le journal de Charles-Henri, le lire, découvrir le secret de  leur ancêtre Charlotte  dont la réalité de la naissance avait été occultée par les membres de la famille à la mort de son père Charles-Henri.

Ils tenteront de découvrir et de comprendre pourquoi, depuis plus de cent ans, aucun enfant mâle de la famille n'a dépassé l'âge de vingt cinq ans. Qui les pourchasse sans relâche ? Pourquoi Hélène disparaît-elle dans d'étranges circonstances ? Où est-elle ?  Leur quête de la vérité les conduira en Indes, berceau de leurs ancêtres. Ils vont y vivre des aventures dangereuses, rencontrer des personnages attachants comme Sylvain, reporter photographe alcoolique, tentant de noyer sa déchéance et surtout des souvenirs dans l'alcool frelaté de Mysore ; Nirmal scientifique indien en pèlerinage ; Ashis arrière petit fils de Maxime resté en Inde. La danse semble au cœur de l'énigme. 

La vérité surgira de cette quête -  peut-être plusieurs vérité car la vérité peut être multiple – et, au bout du compte, chacun pensera que la sienne est la seule acceptable. 

Le cimetière marin, où Charles-Henri repose, pourra-t-il enfin retrouver sa sérénité ?

L'île singulière  a perdu son fantôme mais elle ne le sait pas…







Trois premiers chapitres du tome 1 


Chapitre 1

 

25 MARS 1875


 

Quatre heures du matin. Cette, sagement blottie au pied de sa colline entre ses canaux, s'accordait le répit d'une nuit tranquille où seul, le phare, étrange cyclope veillant jalousement sur elle du bout de la jetée, semblait ne jamais dormir...

Sur le mont Saint Clair, dans la grande demeure familiale, Charles-Henri renonçait lui aussi à retrouver le sommeil. Blotti au fond de son lit il sentait l'air glacial suinter des murs semblables à d'énormes poumons d'asthmatique où s'engouffraient la Tramontane ou le vent de Sud Est, selon l'humeur du temps.

L'hiver touchait à sa fin... Dans l'âtre, pas le moindre feu de bois, pas la plus petite braise pour un foyer éteint la nuit par mesure d'économie. Le silence n'était troublé que par le craquement des meubles, les ronflements du grand-père Félix, et les battements cadencés de la vieille horloge de la salle à manger. Le bruit monotone du balancier de bronze traversait les pièces et venait faire écho aux ronflements de Félix pour un concert diabolique. Toutes les demi-heures cette maudite horloge sonnait comme les cloches d'une cathédrale. La maison semblait refermer inexorablement sur lui ses bras froids plus gluants que des tentacules de pieuvre...

Le long des corridors les bruits extérieurs ne parvenaient pas à s'infiltrer. De tristesse en désillusions, de tyrannie familiale en révoltes avortées, Charles-Henri avait grandi au rythme de l'horloge, des ronflements du grand-père, et des battements de son propre cœur saigné à blanc. Il traînait son mal être jusqu'au fond de la nuit, le long de l'escalier de marbre gris propice aux glissades mais dont aucune fesse enfantine n'avait, hélas, jamais violé la rampe...

La maison sentait le savon noir mélangé à la cire et le parfum désuet des mœurs puritaines.

Après deux ans d'absence il y était revenu parce qu'il n'avait pas le choix, le grand-père lui ayant coupé les vivres après deux années d'études à la Faculté de droit de Montpellier. Il n'avait plus aucun moyen de subsistance pour rester dans la capitale régionale et terminer ses études pour devenir avocat.

1875, une année qui aurait dû être son année, celle de tous ses rêves... Mais il était prisonnier, dans cette grande maison austère, d'une famille empreinte de traditions bourgeoises, grande admiratrice du président Mac Mahon.

Qui se souvenait du vingt-et-un mai mille huit cent soixante-onze ? L'agonie de la Commune de Paris. Charles-Henri n'avait alors que seize ans, mais sa mémoire garderait pour toujours le souvenir des atrocités de cette semaine sanglante. Il en avait suivi avec fièvre les péripéties dans le journal de son grand-père. Paris semblait si loin... Pourtant, les problèmes quotidiens du peuple parisien étaient ceux des habitants de Cette tournés, eux, vers la mer, vers l'horizon sans fin de la Méditerranée nourricière qui réglait leur vie, saison après saison, roulant son gros dos de vagues argentées. Car Cette, la révoltée, l'éternelle rebelle, avait souvent faim elle aussi, et ne dormait pas toujours sagement à l'abri de ses canaux.

 La jeunesse hantant les baraquettes du Mont Saint Clair refaisait le monde à coup de vers et de discours. Parfois, c'était à coups de poings et de verres cassés, lorsqu'elle se mêlait aux ouvriers des quais et des chais, et les échos des bagarres de rue et des rixes avec les monarchistes parvenaient aux frontières de la région et même jusqu'à la capitale.

Cette, l'anarchiste, cachait ses petits drapeaux rouges à l'abri de ses tonnelles ombragées.

 Charles-Henri s'ennuyait... Il n'hésitait pas, avec ses camarades, à flanquer la raclée aux royalistes les soirs de bringues trop arrosés lorsque les quais s'ornaient de lampions et de drapeaux multicolores, à la Saint Pierre ou à la Saint Louis. Mais il aurait préféré aller se battre sur les barricades, n'importe quelle barricade, pour essayer de masquer sa désespérance et chasser les fantômes de son esprit torturé. Héritier d'une grande famille d'armateurs, il était l'aîné de six enfants dont quatre filles et un petit frère polisson qui irritait le grand-père autant que lui-même l'avait fait dans son enfance. Il aurait dû suivre la tradition de ses ancêtres et construire des bateaux... Mais les bateaux ne l'attiraient que pour la sensation de liberté infinie qu'il pouvait ressentir lorsque, gonflant les voiles, il appareillait et mettait le cap loin du port. Ce qui l'intéressait surtout, c'était d'aller voir le monde. Pourquoi pas sur un de ces bateaux que ses ancêtres avaient construits ?

A part cela, rien ne l'intéressait. La France semblait dormir à l'ombre de sa jeune république et le petit peuple, lui, devant son assiette vide... « Monsieur Thiers » - ainsi l'appelait le grand-père - avait écrasé l'insurrection de la commune de Paris, et par cela même toute velléité de rébellion en province. Le grand-père, lorsqu'il parlait de « Monsieur Thiers », faisait des ronds de bouche et bêlait d'admiration... Admiration pour « l'œuvre d'assainissement et de réorganisation » entreprise par ce « grand homme » qui n'avait de grand que son pouvoir aux yeux de Charles-Henri. Thiers remplacé par Mac Mahon, l'assiette du peuple français ne s'en était pas remplie pour autant... La bourgeoisie s'enrichissait, les monarchistes essayaient vainement de reprendre le pouvoir en dilapidant honteusement leurs deniers, les ouvriers et les paysans restaient toujours à la merci du chômage, des patrons et des éléments naturels.

Qu'il semblait loin le temps des cerises !

Ce matin-là, Charles-Henri se leva, enfila sa grosse veste de laine écrue et, dans l'hiver aigre qui n'en finissait plus, partit se promener au bord de la jetée.

Un vent furieux venu du large s'était mis à souffler et la mer grondait sans relâche... Un bruit sourd surgissait des entrailles de la terre et s'amplifiait peu à peu comme un roulement de tambour. Au loin, dans la lueur bleu-pâle du matin naissant, se devinaient les ombres dansantes des bateaux de pêche. De temps en temps, la lumière blafarde du phare solitaire balayait l'obscurité, dévoilant les contours fantomatiques des digues. La terre s'étira et projeta au-dessus de l'horizon un disque jaune pâle à peine perceptible à travers la brume glacée. La mer vomissait ses joyaux, coquillages, algues multicolores. Elle roulait sur le sable fin son corps frémissant, s'abandonnant un instant à cette caresse du rivage puis, comme honteuse de ce laisser-aller, se retirait à regret pour revenir sans cesse, indécise. Elle accomplissait ce rite depuis sa naissance, perdue dans la nuit des temps, et l'accomplirait jusqu'à la fin de ce monde où s'égraine la vie, en amante jalouse qui jamais ne pardonne et jamais ne trahit, tantôt douce, tantôt furieuse, mais toujours fidèle.

C'était l'heure où tout se confond, rêve et réalité, nuit et jour, terre et ciel.

Charles-Henri se dirigea vers le chantier naval et pénétra dans la grande salle comme dans un sanctuaire. Le dernier-né de la famille cachait là sa grosse coque pansue comme une énorme baleine échouée. Il caressa avec tendresse son ventre inachevé. D'ici quelques mois, l'enfant chéri de la famille serait mis à flot. En grandes pompes on célébrerait sa naissance, et le grand-père, dans sa tenue de capitaine, donnerait le signal du départ. Pour le moment le secret était jalousement gardé et le grand-père aurait attrapé un coup de sang si un seul renseignement était sorti des murs qui abritaient son trésor.

Ce navire était d'une originalité sans précédent. Au vingtième siècle, on aurait dit « un prototype ». Long d'environ une quinzaine de mètres, il pouvait transporter à son bord à peu près dix tonnes de fret. Sa coque, dernière nouveauté de la technologie, était en acier, mais c'était surtout son équipement constitué d'une machine à vapeur, de deux turbines et de deux hélices qui faisait l'honneur du chantier. Si tout allait bien, sa vitesse pourrait atteindre plus de dix nœuds, de quoi rivaliser avec les meilleurs clippers modernes. La chaudière pouvait être alimentée autant en charbon qu'en bois ou en tout autre matériau combustible. L'équipage n'aurait aucun problème de navigation, et deux ou trois marins aguerris suffiraient pour conduire ce bijou, puisque cette petite et extraordinaire chaudière consommait peu et démarrait en moins d'une heure. Il suffisait de savoir naviguer et hisser les voiles pour économiser le combustible. Un système de poulies manœuvrables manuellement permettrait de hisser les voiles ou de les descendre, à moindre effort. L'espace vital avait été restreint au maximum : couchettes et table escamotables, tout le confort en modèle réduit pour permettre une utilisation plus importante du volume du bateau en charge commerciale.

Le grand-père espérait pouvoir construire plusieurs petits navires et convoyer des marchandises des colonies en métropole. Le commerce avec l'Afrique du Nord devenait très lucratif, surtout celui du vin d'Algérie, et il comptait sur le succès de ce projet pour remettre à flot l'entreprise familiale condamnée à s'adapter ou à mourir. Projet qui lui avait coûté très cher et dans lequel il avait engagé toutes les économies de la famille. Cette folie risquait de plonger les générations futures dans la misère s'il s'était trompé dans ses pronostics. Il avait obtenu une petite subvention de l'état comme beaucoup d'autres constructeurs, mais avait emprunté à la banque. L'avenir de la grande maison ne tenait qu'au fil du grand mât de la « Reine du Large » et au succès de sa conquête de la Grande Bleue.

Charles-Henri se moquait des projets grandioses du grand-père. Le seul mot qu'il avait eu à dire c'était sur le choix du nom de ce bijou familial. Peu importait. Il espérait pouvoir enfin respirer l'air du large et s'en aller très loin. Peut-être le grand-père se laisserait-il convaincre ?

Peu importait,  il partirait avec ce bateau, autorisé ou non par l'ancêtre dictateur. 

Dehors, le vent redoublait de violence faisant craquer les mâts des navires du port et claquer les voiles mal arrimées.




Chapitre 2

 

- Nom d'un chien ! Ce portail est complètement pourri ! Es-tu sûr d'avoir pris la bonne clef, au moins ?

- Mais bien sûr ! C'est cette serrure qui manque d'huile ! Cela faisait longtemps que la vieille tante Mélanie ne s'occupait plus de la maison…

Depuis plus de cinq minutes, Fabien triturait la serrure du vieux portail rouillé. Devant l'impatience de son cousin Jérémie, il perdit son flegme et donna un grand coup de pied dans la clôture délabrée. La serrure grinça lamentablement et le portail s'ouvrit sans plus de façon.

Fabien s'écria, indigné :

- Voilà pourquoi je n'arrivais pas à l'ouvrir ! Le portail n'était même pas fermé ! Ce jardin n'a pas vu de pioche depuis au moins la guerre de quarante, ma parole ! Si les parents veulent vendre ces ruines, ils vont avoir du travail pour d'abord les restaurer.

 - La maison semble encore en bon état... Quel dommage d'avoir laissé tout cela à l'abandon ! La tante Mélanie était peut-être une vieille fille solitaire mais elle aurait pu au moins engager un jardinier et faire des réparations.

- Tu parles ! Elle était complètement fauchée la pauvre ! Elle a hérité de la maison familiale mais n'avait pas un sou. D'après ce que j'ai entendu dire par ma mère, la famille était assez riche autrefois mais a tout perdu pour "je ne sais quelle obscure raison." Sais-tu qu'une de nos arrières grand-tantes est partie en Amérique à la fin du XIXeme siècle ?

Jérémie connaissait les potins familiaux autant que lui.

- J'en ai entendu parler en effet, et même de ce drôle de bonhomme qui aurait fait le tour de la terre et serait mort de je ne sais quelle maladie à l'âge de vingt-cinq ans. Ma mère n'aime pas en parler... D'ailleurs, elle a horreur de parler de sa famille. Je me demande quelquefois si elle n'en a pas honte...

- Mince ! Cette maison est géniale ! Un vrai musée ! J'adore ! Regarde un peu la porte d'entrée. Mon vieux, tu parles d'une baraque ! C'est un château, oui ! Moi qui croyais trouver quatre murs pourris et un toit percé ! J'ai hâte de voir l'intérieur.

 Le pâle soleil de l'après-midi de ce mois d'avril parvenait à peine à percer l'épaisse frondaison des arbres jamais taillés gardant jalousement le jardin. Le long de la porte en bois massif, un vieux rosier grimpant promenait ses branches difformes s'accrochant aux volets des fenêtres du bas, et une glycine desséchée venait s'y mêler s'incrustant dans le mur de pierres de taille.

Autrefois, c'était une belle et majestueuse maison de maîtres qui avait vu des générations vivre et mourir sous son toit, des générations épanouies et actives. Maintenant, en cette année mille neuf cents quatre-vingt-dix-sept, livrée au temps impitoyable, elle dormait, les volets clos, semblant attendre résignée d'être détruite pour laisser probablement la place à un immeuble moderne grouillant d'enfants.

Jérémie et Fabien, admiratifs, contemplaient la grande bâtisse austère avec un peu d'appréhension. Ils avaient respectivement vingt-deux et vingt-quatre ans, l'âge où tout semble possible, où les rêves les plus fous doivent pouvoir se matérialiser. Ils avaient hérité, à leur insu, du goût de l'aventure de l'ancêtre, et Fabien en particulier de celui de la poésie. Jérémie finissait ses études et se destinait au professorat de gymnastique. Quant à Fabien, moins sportif, il était déjà instituteur comme son grand-père paternel Antoine. Il avait du vieil homme les yeux bleus des gens du Nord, mais de sa mère le teint mat et les cheveux de ceux du Sud comme son cousin plus typé. Ils avaient grandi ensemble à cause de leurs mères sœurs jumelles et toujours inséparables.

Devant la porte de cette maison qui, par-dessus les années, les reliait à un passé dont ils ignoraient tout, quelque chose d'étrange les retenait.

- J'aurais dû amener ma sœur dit Jérémie moqueur. Emotive comme elle est, elle nous aurait sûrement trouvé un fantôme. Elle en voit partout...

- Ne te moque pas d'elle le blâma Fabien. Hélène est un peu bizarre mais elle est gentille tout de même... Alors, je l'ouvre cette porte ou nous repartons ? Si tu as la frousse...

- Dis donc ! Tu plaisantes ? Dépêche-toi. Nous n'allons pas passer la journée devant la porte à dire des stupidités. Il faut répertorier le mobilier et nous en aurons certainement pour plusieurs jours. Je ne compte pas y passer toutes les vacances de Pâques.

 L'intérieur était sombre. A travers les volets clos, le soleil laissait à peine filtrer une lumière blafarde, et l'électricité avait été coupée à la mort de la tante Mélanie. Les deux cousins ouvrirent les persiennes, et le jour jaillit sur la vieille tapisserie jaunie et les meubles couverts de poussière. La porte donnait sur une grande entrée, et quelques araignées avaient depuis longtemps élu domicile dans les coins.

- C'est sinistre ici, constata Fabien. La tante Mélanie ne devait pas rire tous les jours. Pour ce qui est de la décoration, elle ne pêchait pas par excès d'originalité... Je n'ai jamais vu un intérieur aussi moche... Les meubles ont peut-être de la valeur, mais quelle tristesse ! Je croyais que les vieilles aimaient au moins les rideaux... Regarde un peu les fenêtres, elle y a collé du papier plastique transparent. C'est d'un mauvais goût...

- Tout le monde n'a pas ton sens de l'esthétique, mon vieux ! rétorqua Jérémie. Et arrête de critiquer la tante. Tu ne la connaissais pas après tout...

- Personne ne la connaissait, marmonna Fabien... Je trouve cela plutôt étonnant... Seule dans cette grande maison... Moi, j'en aurais eu des sueurs froides la nuit. Regarde ce couloir. Quelle idée d'avoir construit quelque chose de si grand ? Il y a des tableaux partout... Mon cher Jérémie, je te présente la famille au grand complet. La tante Mélanie vivait parmi des fantômes.

Jérémie commenta à voix haute, plus à son intention qu'à celle de son cousin :

- Arthur, c'est notre arrière-grand-père. J'ai vu une photo de lui chez moi. Quelle tête et quelles moustaches ! A côté, c'est Lise. Elle a l'air bien triste, Lise. C'est la sœur d'Henriette, la mère de tante Mélanie. J'ai entendu dire qu'elle avait perdu deux enfants, des garçons, à peu près à notre âge. Etrange coïncidence.

- Attends, s'exclama Fabien, ça ne s'arrête pas là ! Je n'ai jamais vu cela. C'est une vraie galerie de portraits, ici ! Que regardes-tu Jérémie ? Tu as vu un fantôme ?

- Idiot ! Il y a des choses bizarres...

Il poursuivit sa lecture :

- A côté des tableaux on a écrit des dates... C'est peut-être la tante Mélanie qui les a notées... Dis donc, elle devait être un peu dérangée, non ? Ce sont des dates de décès... Quelle idée morbide ! Là, c'est : Maurice marié à Charlotte et leurs fils Adrien : 1900-1925. Encore un mort à vingt6cinq ans. Et là, nous remontons le temps : Marcel épouse Edith en 1880. En 1905, leur fils meurt, il avait vingt-cinq ans. Et, tiens-toi bien, son frère, son jumeau visiblement, est mort au même âge. C'est ahurissant ! Apparemment, toutes les filles ont survécu ainsi que les hommes entrés dans la famille par alliance. Pas un descendant mâle n'a vécu plus de vingt-cinq ans ni eu de descendance.

- Arrête, tu commences à me donner la chair de poule, le coupa brusquement Fabien. Tu es pire que ta sœur, tu dis n'importe quoi !

- Ma sœur ne dit pas toujours n'importe quoi, tu le reconnais toi-même. Mais, concernant ces tableaux, j'aimerais bien que ce soit des élucubrations. Malheureusement c'est écrit. La tante Mélanie a collé des étiquettes partout. Regarde : Maurice, mort à vingt-cinq ans, fils de Charles et d'Henriette, frère de la tante... Voilà, la mort de son frère a dû lui monter à la tête. N'empêche qu'elle avait des raisons.

Edith était la fille de Justin, fils de Félix... Félix Gautier, mort à l'âge de quatre-vingt-sept ans en 1876 et Justin, mort à l'âge de soixante-quinze ans. Tiens, il semblerait que les ancêtres soient morts plus vieux... Ensuite, nous avons Edouard, mort en 1894, né en 1869... Et allez donc ! Là, il y a un trou, il manque quelqu'un. Pas d'étiquette, rien... Ou le tableau a disparu ou la tante Mélanie, pour une raison inconnue, s'en est débarrassée.

- Evidemment ! Il manque quelqu'un ! L'ancêtre bizarre, celui qui a fait, paraît-il, le tour de la terre, je ne vois son portrait nulle part. J'ignore comment il s'appelait. Le portrait manquant est sûrement le sien. Je me demande pourquoi Mélanie l'a enlevé...

- Il était peut-être très laid, hasarda Jérémie pour tout argument.

- C'est ça, alors tu dois lui ressembler, imbécile ! Cette histoire ne me plaît pas. Je te signale que toi et moi sommes les seuls survivants mâles de la famille depuis cent ans et que nous n'avons pas encore vingt-cinq ans. Tires-en les conclusions que tu voudras, mais avoue qu'il y a de quoi se poser des questions.

Plantés au milieu du couloir comme s'ils étaient rivés au sol Jérémie et Fabien n'osaient ni se regarder ni bouger ni émettre une quelconque hypothèse. Une indicible angoisse s'insinuait en eux.

- Tu sais, dit Fabien presque en chuchotant, l'ancêtre voyageur est supposé être mort à vingt-cinq ans lui aussi. Si tu compares les dates, tu remarqueras que c'était lui le premier de la série.

Jérémie ne répondit pas. Il contemplait avec anxiété la galerie de tableaux comme s'il redoutait de voir les fantômes de ses ancêtres apparaître sous ses yeux.

Fabien reprit :

- Ecoute, arrêtons de fantasmer. Nous sommes venus ici pour répertorier le mobilier, alors faisons notre boulot. Cesse de faire cette tête-là. Il ne s'agit que de coïncidences. Nous sommes au vingtième siècle, pas au Moyen Age, alors restons cartésiens. Qu'est-ce que tu imagines ? Qu'il y a une malédiction familiale peut-être ? Atterris mon vieux ! Tu ne vas pas me dire que tu es superstitieux ?

Jérémie était pâle et défait et les tentatives de son cousin pour l'apaiser n'arrivaient pas à dénouer le nœud au fond de sa gorge. Pourquoi était-il à ce point fasciné par cette galerie de portraits fanés et ces dates stupides sur ces étiquettes ? Pourquoi tante Mélanie avait-elle laissé ces messages comme une mise en garde ? A leur intention ?  

Que savait-elle que le reste de la famille ignorait ? 



Chapitre  3

 

Dans l'immense salle à manger, une énorme cheminée tenait presque un pan de mur au fond de la pièce. Depuis combien de temps le feu de la vie n'avait-il pas réchauffé les murs glacés de la grande bâtisse ? Tout semblait à la même place depuis des générations. De vieux pots en grès côtoyaient des chandeliers de cuivre sur la poutre maîtresse qui servait d'étagère. Le temps paraissait n'avoir aucune emprise sur cet univers endormi. La plupart des meubles étaient très vieux et pas toujours en bon état. Seule, une gigantesque horloge avait été mieux entretenue.

- Heureusement qu'elle ne marche plus, fit remarquer Fabien. J'ai horreur de ces trucs-là.

Un grand escalier de marbre montait au premier étage, le long d'une rampe de cuivre ciselé. Décidément, la famille avait autrefois dû être riche.

Certaines chambres semblaient être à l'abandon depuis de nombreuses années et les deux cousins se demandaient combien de personnes avaient pu habiter ensemble dans une aussi impressionnante maison. Certaines parties avaient dû être rajoutées bien après la construction de l'édifice.

L'après-midi s'achevait. Une seule pièce restait encore à explorer. Malheureusement elle était fermée à clef et ils n'eurent pas d'autre solution que de faire sauter la serrure. Les pinces de la cheminée firent l'affaire, et la porte s'ouvrit en grinçant. Une forte odeur de moisi agressa leurs narines.

- Pouah ! Quelle odeur ! dit Jérémie en se bouchant le nez. Qu'est-ce que c'est cette puanteur ? Il fait encore plus noir ici qu'ailleurs. On dirait que la fenêtre est masquée par un rideau. Il faudrait aller le retirer.

Fabien alluma la lampe électrique.

- Penses-tu ! Il n'y a pas de rideau. La fenêtre a été barricadée avec des bouts de bois. Sans doute à cause des voleurs. Mais qui voudrait de ce bric-à-brac ? C'est le marché aux puces là-dedans. La famille y a sûrement entassé ses cochonneries depuis des siècles. Peut-être y trouverons-nous des objets intéressants ?

- En tout cas, la tante Mélanie ne devait pas venir souvent faire la poussière. Il faudrait ouvrir cette maudite fenêtre et aérer si nous ne voulons pas mourir étouffés. Cela fait au moins cent ans que personne n'a mis les pieds ici, ce n'est pas possible. Il y a une couche de poussière impressionnante sur le sol.

- Pourquoi pas ? La maison était si grande ! Si la famille s'est dispersée, ceux qui sont restés n'avaient probablement pas besoin d'occuper toutes les pièces. Je vais faire sauter le bout de bois, la pince de cheminée est précieuse. Si j'arrive à passer, bien entendu. Ils auraient pu au moins ranger tout cela au lieu de l'entasser pêle-mêle au milieu du chemin.

Fabien pénétra dans l'obscurité et balaya le sol de sa torche.

 - Il y a des trucs géniaux, ça tu peux me croire. On dirait le Louvre. Attends, je donne du jour. Nom d'un chien, ça tient bien ! Personne ne risquait de rentrer.

Un dernier coup, et les bouts de bois cédèrent. Fabien les arracha et les jeta à terre. La fenêtre était coincée. Il dut s'y reprendre à plusieurs fois avant de faire sauter l'espagnolette. Il poussa les volets et la lumière du soir pénétra dans l'étrange musée.

Les deux cousins poussèrent le même cri d'étonnement et d'admiration.

- Je te l'avais bien dit, Jérémie, je te parie que nous allons trouver des trésors.

- Je me demande qui a apporté tout ça. Il y en a apparemment de tous les pays du monde.

- Réfléchis un peu. Qui veux-tu que ce soit ? A part l'ancêtre, personne n'a fait le tour du monde dans la famille. C'est fabuleux.

Mais Jérémie n'était ni convaincu ni rassuré.

- Alors, pourquoi a-t-on fermé cette porte ? Ils auraient pu vendre tout cela ou en décorer la maison. Il y a des objets magnifiques. Regarde, ce petit meuble, je suis sûr que c'est de l'ivoire. Il est tout ciselé, incrusté de têtes d'éléphants. On dirait un petit tabouret. Et ce coffre, tout en cuir. Quant à ces statues, un antiquaire en pleurerait de joie. Celle-ci doit être égyptienne, c'est un buste de pharaon, sûrement un objet pour touristes de l'époque. L'aïeul s'est fait refiler une contrefaçon. Il ne pillait quand même pas les tombes.

- Peut-être pas. A cette époque-là, les Egyptiens vendaient leurs antiquités à qui les payait un bon prix. Il n'a pas eu besoin d'aller piller des tombes, d'autres l'ont fait pour lui.

Cependant, Jérémie poursuivait son exploration.

- Voilà une malle pleine d'habits masculins complètement moisis. Toute une garde-robe et même des chaussures. Dis donc ! L'arrière-grand-oncle devait être très élégant. Supers, les chemises ! Dommage qu'elles soient en si mauvais état. Attends, il y a autre chose au fond.

Jérémie plongea dans la grande malle et en ressortit un petit cadre. Sur le papier jauni piqué de petits points noirs, le visage torturé de Charles-Henri souriait, d'un sourire un peu désabusé.

- Et voilà l'oncle ! Charles-Henri. Son nom est écrit dans le coin. Pas d'étiquette de la tante Mélanie. A mon avis, ce n'est pas elle qui l'a mis là. Pas très heureux, le tonton, on dirait. Regarde comme il a les joues creuses. Il a l'air malade. Ils ont dû prendre ce portrait un peu avant sa mort. Triste fin. Je me demande ce qu'il a eu. Il aurait, paraît-il, attrapé une sale maladie dans ses voyages et il serait mort dans de terribles souffrances à moitié fou.

Fabien regardait son cousin. Son regard allait de la photo au jeune homme sans pouvoir se détacher de leurs traits. Il dit enfin :

 - Je vais te dire une chose que tu ne vas certainement pas apprécier. Tu lui ressembles. En moins maigre, bien entendu. Et tu n'as ni son air désespéré ni son air malade. Mais en ce qui concerne les traits, mon vieux, c'est toi. Je suis désolé. La ressemblance est extraordinaire.

Jérémie commençait à de nouveau ressentir un malaise indéfinissable. Mais il refusait de se laisser submerger par des sensations stupides dues probablement à la fatigue, lui un sportif cartésien, futur professeur de gymnastique, plus porté sur les mathématiques et les sciences que la philosophie et encore moins la parapsychologie. Si quelqu'un devait être impressionné ici, c'était son cousin, gribouilleur de poèmes et toujours dans les nuages. Mais, pour le moment, il était le seul à éprouver cette étrange impression de fatalité au-dessus de leurs têtes, comme une épée de Damoclès.

Il prit un air détaché pour donner son avis sur sa ressemblance avec le portrait.

 - Pourquoi ne lui ressemblerais-je pas ? C'est mon aïeul, non ? Tu pourrais lui ressembler toi aussi. Après tout, le dingue de la famille, c'est toi, non ?

 - Ça va, ne te vexes pas ! Je le disais pour plaisanter. Je me trompe peut-être. Tu sais, moi, pour les ressemblances, je n'ai jamais été doué.

Mais Fabien, dans son for intérieur, était certain d'avoir vu juste. Jérémie et Charles-Henri avaient le même visage, le même sourire énigmatique. Pourquoi pas, après tout ? Ils étaient bien de la même famille ?

Cependant une chose le tracassait. Pourquoi le portrait avait-il été jeté au fond de cette malle et non exposé avec les autres dans le couloir du rez-de-chaussée ? Le jeune homme avait-il été fâché avec sa famille ? Et quelle en était la raison ? Apparemment, les chantiers navals GAUTIER et FILS avaient fait faillite peu d'années avant la mort du jeune homme et celui-ci n'était pas à Cette au moment de la vente de la plupart des biens. Sa sœur, Edith, avait épousé Marcel, fils d'un négociant en vins qui avait racheté lui-même la maison et les entrepôts de la famille pour les transformer en dépôt pour ses cuves et ses tonneaux. Le grand-père en était mort de désespoir, déshonoré, ruiné, et la petite Suzanne était partie en Amérique. Louise avait mis au monde trois garçons qui moururent tous à l'âge de vingt-cinq ans et Eléonore entra dans les ordres comme sœur carmélite. Edouard, le plus jeune, mourut également à vingt-cinq ans, pauvre comme Job, ses seuls revenus étant sa maigre solde de docker lorsqu'il trouvait un emploi sur les quais. Tout cela, Fabien le tenait de sa mère plus bavarde que celle de Jérémie. Il ne s'était jamais posé la question de savoir pourquoi tous ses ancêtres du côté de sa mère étaient morts à l'âge de vingt-cinq ans. Seraient-ils eux aussi victimes de cette tare familiale ? Ils approchaient de l'âge fatidique et c'était la première fois que l'hypothèse d'une possible mort prochaine lui effleurait l'esprit. Mais il estimait inutile d'affoler Jérémie déjà pas mal ému par cette affaire.

Celui-ci furetait partout, cherchant quelque indice susceptible de les mettre sur la voie.

Entassés en vrac dans un coin, des petits animaux jonchaient le sol. Le plus grand avait trente centimètres environ, un petit hippopotame d'albâtre côtoyant un lion couché, probablement en granit, et un oiseau au long bec en faïence bleue. Il lui manquait un bout de la queue mais on pouvait voir encore le dessin des plumes et ses yeux incrustés de pierres blanches. Il y avait aussi une statuette de femme assise, allaitant son enfant, un morceau de stèle colorée remplie de hiéroglyphes et un fragment de granit noir représentant un guerrier ou un dieu égyptien en tenue d'apparat. Une autre petite statue d'albâtre d'un homme assis portant sur sa tête la couronne de la Haute Egypte, tenait dans ses mains un fouet et un bâton croisé sur sa poitrine.

Jérémie était outré.

- Mais ce n'est pas vrai ! Ce type a pillé une tombe tu ne crois pas ? J'en ai froid dans le dos ! As-tu déjà entendu parler de la malédiction des pharaons ? Ceux qui ont découvert la tombe de Toutankhamon, par exemple, as-tu vu ce qu'il leur est arrivé ? Cet idiot a porté la malédiction dans la famille, j'en suis certain.

Ce soudain excès de folie mit Fabien en colère.

- Maintenant ça suffit, Jérémie ! Tu arrêtes de divaguer ! Cet oncle a voyagé, il a rapporté des souvenirs et c'est tout ! D'ailleurs, il n'y a pas que des objets égyptiens. Si tu te donnais la peine de mieux regarder, tu verrais qu'il y a ici tous les objets lui ayant appartenu, même ses jouets. Je ne sais pas pourquoi on a entreposé toutes ses affaires ici mais je trouverai ! je trouverai, je te le garantie !  Quitte à mettre ma vie en danger  pour cela ! 





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