Le prince de l'ombre

Florence Garel

                    Il était une fois  un prince qui vivait dans un royaume lointain.  Là où ne vivaient que des êtres bon et généreux. Il n’y existait ni violence, ni mensonge.  Ce royaume se trouvait dans les profondeurs de la terre. Là où n’arrivait jamais la lumière.  Les êtres vivaient dans un royaume au centre de la terre.

Mais le prince était curieux et voulait savoir ce qu’il y avait à la surface, comment vivaient les gens d’au-dessus. Alors, ignorants les avertissements de ses conseillers, il s’enfuit. Le chemin pour monter fut périlleux. Bien des fois le prince faillit connaître la mort. Il regretta d’être parti. On lui avait dit que c’était dangereux. On lui avait décrit ces créatures comme des barbares cruels qui s’entredéchiraient.  Ils étaient armés d’armes à feu et utilisait une technologie très sophistiquée.

Lorsqu’il arriva enfin à la surface de la terre, il fut ébloui. Le soleil lui brûla les yeux. Le prince devint aveugle. Regardant autours de lui, il ne put rien voir. Désespéré, il pleura des larmes de sang.  Se lamentant sur son sort, il ne vit pas les trois hommes qui s’approchaient de lui. Effrayé, le prince voulut s’échapper. Mais il trébucha et tomba sur le sol. Il s’égratigna les mains.

Des gouttes de sang coulèrent sur le sol.  Les trois hommes haussèrent les épaules et reprirent leur chemin. Le prince releva la tête. Il était prisonnier de l’obscurité. Il se releva tant bien que mal. Il sentit le vent souffler sur son visage.  Le prince se laissa guider par ce souffle inconnu.  Le vent l’emmena loin.  Très loin. Jusque dans les contrées glaciales. Le prince retrouva alors la vue.

Il comprit alors qu’il ne pouvait vivre ailleurs sur la surface. Triste à l’idée de ne jamais voir la nature verdoyante et d’être à jamais seul, il se mit à pleurer. Il décida alors de retourner dans son royaume.   Mais la curiosité l’emporta sur la raison. Le prince quitta la banquise  En chemin, il rencontra une sorcière. Elle lui donna une potion qui devrait le protéger du soleil.

Mais en échange, il devait accepter pendant trois jours et trois nuits d’être son serviteur. Au matin du troisième jour, le prince fit une découverte macabre. La sorcière gardait deux cadavres dans son placard. Il finit par découvrir la vérité. Grâce à un sortilège, la sorcière retrouverait la jeunesse éternelle. Pour cela, elle devait tous les trois ans, tuer un homme et boire son sang. Le prince était le troisième sur la liste.

Il s’enfuit. Pendant, plusieurs jours, il erra sans savoir où aller. Il ne craignait plus le soleil grâce à la potion de la sorcière. Après plusieurs jours de marche, il arriva vers une ville. Elle lui parut minuscule. Il fut étonné, lui qui avait cru les gens d’en haut  plus perfectionné. Le prince s’y promena et observa le mode de vie des gens. Il fut irrité par le bruit qui y régnait.

Mais il n’y resta pas longtemps. Trois jours plus tard, il repartit. Alors qu’il sortait, il rencontra un chat. L’animal le dévisagea. « Eh, où vas-tu, beau prince ? Que fais-tu loin de ton royaume? »

_ Je suis venu pour découvrir ce monde étrange. Je voulais voir le soleil, le ciel bleu, les nuages blancs et les montagnes. Je voulais aussi voir les océans et la mer.

_ C’est dangereux, sire. Vous ne devriez pas vous promener ici. Surtout seul.

_ Merci de ton conseil, chat.

_ Qu’est-il arriver à vos yeux ?

_ Ils ont été brûlés par le soleil. Mais une sorcière que j’ai rencontrée m’a donné une potion. Je dois la prendre toute les trois heure. Hélas, la fiole est tombée et s’est brisée.

_ J’en suis triste pour vous. Je pense que vous devriez partir. Votre place n’est pas ici.

_Et toi ? Tu es tout sale et pelé. »

               Le chat bondit et trottina vers le prince. Soudain il poussa un miaulement, et s’effondra sur le coté. Il venait de recevoir une balle dans la tête. Le prince se précipita vers lui. Le chat était mort. Un vacarme infernal parvint jusqu’à ses oreilles. Une horde d’hommes marchaient vers la ville. C’était la guerre. Le prince prit le corps du chat et l’enterra. Puis il quitta la ville. Des cris parvinrent à ses oreilles.

Il ne vit pas le feu engloutir la ville. Il ne vit pas les malheureux tomber. Ni le sang qui coulait se répandre sur le béton. Il ne vit pas les enfants que l’on jetait vivants dans les flammes. Ni les femmes que l’on violait. Il n’entendit que leurs râles et leurs prières se perdre dans le vent.

Le prince souhaita fuir la guerre. Mais il tomba sur un groupe de mercenaires.

« Regardez ce que nous avons là » ; cria l’un d’eux.

_ Un pauvre type perdu.

_ Regardez ça, il est plutôt bien habillé.

_Où est-ce que tu as eu ces beaux vêtements ?

_Peu importe où il les a eu

_Ouais, on a qu’à les lui prendre. »

Le prince se dit que tout allait mal finir pour lui.  Mais alors que tout sembla compromis… Un coup de feu déchira l’air. Surpris, les mercenaires se retournèrent.

« Oh non, pas eux.

_ Vite, fuyons ».

Le prince soupira. Il l’avait échappé belle. Décidément, la vie dans ce monde était trop dangereuse. Mais il voulait remercier celui qui venait de lui sauver la vie. Il entendit des pas s’approcher. « Je te reconnais. Tu es le prince du royaume souterrain. » Le prince fut bien surpris. Comment cet inconnu pouvait savoir quelle était son identité ? ». L’inconnu haussa les épaules. Mon père m’a parlé de toi, il y a longtemps ».

Il prit la main du prince et la serra dans la sienne. « C’est un honneur de te rencontrer. Je m’appelle Alessor ». Le prince entendit une musique. Elle lui sembla familière. Il l’avait déjà entendu. Mais quand ? Où ? Il ne savait pas. Son sauveur continuait de parler.  « Que fais-tu par ici ? ». Le prince lui répondit qu’il s’était perdu. « Je voudrais retourner chez moi ».  Alessor sourit.  « Pas de problème. Je vais t’aider ».

Le prince le remercia de son aide.  « Je n’ai que trop traîner ici. Guide-moi ». Alessor accepta.  Le prince ne se méfia pas.  Il entendit une cavalcade derrière lui. « Ce sont mes compagnons. Nous allons t’aider ». Le prince se sentit soulever et installé dans une voiture. « Nous y seront dans trois jours. Si tout va bien ». Le prince sourit. Il était ravi d’avoir trouver un ami.

En effet, trois jours plus tard, ils arrivèrent. « Voici l’entrée des souterrain. Si tu le suis, tu devrais être chez toi dans trois heures. » Le prince le remercia de son aide. Mais tout semblait trop facile. Dans un vrombissement, Alessor s’éloigna. Si le prince avait vu le regard sourire amusé sur on visage, il aurait eu raison de se méfier. Le prince découvrit ce qui ressemblait dans le mur à une porte. Il y frappa et la porte s’ouvrit.

Le prince entra. Un large trou s’étendait devant lui.  Le prince se pencha pour regarder à l’intérieur. Il ne vit que l’obscurité. Sans réfléchir, il y entra. Il descendit, descendit.  Soudain, il arriva à un interstice. Une entrée se dessinait à sa droite et une autre à sa gauche.   Le prince comprit un peu trop tard qu’il avait échoué dans un labyrinthe. Il garda son sang-froid. Tâtonnant autours de lui, il décida de remonter.

Il sentit de la terre tombée sur sa tête. Quelqu’un rebouchait l’entrée. Le prince allait rester piégé. Paniqué, il fit demi-tour. Des ricanements parvinrent à ses oreilles. «  Bien fait pour toi, Prince » ; cria une voix d’homme. « Tu ne pourra jamais sortir d’ici. ». Impuissant, le prince resta prostré. Mais, un miracle se produisit.  Il avait retrouvé la vue.

Soudain, le prince sentit une présence. Une créature vivait dans ce labyrinthe. Le prince regarda autours de lui. Il avança. Il chercha surtout à descendre pour s’éloigner à jamais des rayons du soleil.  Il erra pendant plusieurs jours. Epuisé et affamé, il dépérit. Trois ans passèrent. Puis, il mourut. Son corps était maigre. Il ne lui restait que la peau sur les os.

En son honneur, tout les gens du royaume se crevèrent les yeux. Leur sang se répandit, tel un hommage au prince. A celui qui était devenu aveugle à cause du soleil. A celui qui avait voulu découvrir d’autres vies et qui avaient trouvé la mort.  Le prince de l’ombre

                         FIN

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