Le prix de la Beauté se compte en calories - Partie 3 (Naomi)

tetedelitote

Dior, Chanel, Yves Saint Laurent, Armani. Des grands noms plus ou moins familiers pour tout un chacun. Certains vendraient leurs parents – voire leur famille au complet – sur Ebay pour pouvoir ne serait-ce qu'espérer se payer un portefeuille griffé. D'autres se contentent d'admirer leurs oeuvres dans les magazines à un euro qu'ils lisent sur la plage. Et il y en a qui, comme moi, ne mettent pas le pied dehors, même pour sortir les poubelles, sans leur paires de Louboutin à bouts cirés. D'ailleurs, je ne sors pas les poubelles, on le fait à ma place. Il faut dire qu'avec un père diplômé d'HEC et une mère directrice de Elle France, on a les moyens de vivre dans une maison de la taille du Louvre. Et de porter du Dior.

Mes yeux divaguent entre mon dressing plein à craquer et mon étagère remplie de trophées. De mini-Miss Neuilly 1994 à Miss Paris 2008. Quatorze ans de concours de beauté, pas un seul que j'aie perdu. La Beauté. Une notion que j'ai depuis longtemps surpassée. Un mit auquel je ne connais pas d'antonyme. Une obligation qu'on m'a imposée à ma naissance. Et à laquelle je prend goût. Une amie, une idée familière, une compagne de route. Je ne sais pas ce que sont la laideur et le mauvais goût, on m'a appris à les avoir en horreur. Je méprise les friperies et les Monoprix, les joggings Décathlon et les boutiques chinoises qui osent mettre en vente des chaussures à dix euros.

Ma mère m'a appelée Naomi. Inutile de vous préciser de qui elle s'est inspirée, Mais comme mon homonyme, j'ai mon caractère. Les concours de beauté m'ont appris à me forger une personnalité, à montrer les dents et sortir les griffes pour passer au devant de la scène. Sois belle et tais-toi. Le prix de la beauté se compte en calories et en séances d'U.V. Un esprit sain dans un corps sain. Pour Socrate (ou un de ses collègues à longue barbe), cela était synonyme d'une vie saine. Pour moi (et mes collègues sosies de Barbie), ça veut dire séance de Pilates de six à sept heures, suivie de trente minutes de yoga, d'une heure de footing puis de deux heures de natation en rentrant de mon cours de fitness, avec coach personnalisé s'il vous plaît. Et au milieu de tout ça, trois repas par jour à pas plus de 350 calories chacun, et un peu de temps accordé à mes cours par correspondance. Au nom de la beauté et de la réussite. Amen !

On dit qu'on ne peut pas manquer de quelque chose que l'on n'a pas. Pourtant, au milieu de mon dressing de cinquante mètres carrés et de ma collection de trophées, il y a un espace vide. Comme un trou dérangeant laissé par une pièce manquante du puzzle. Un homme ? Non, des hommes, je peux en avoir autant que je veux. Des amis ? Non plus, j'en ai 362 sur Facebook et 136 dans le répertoire de mon Blackberry. Un job ? Pourquoi travailler quand on touche 2000 euros d'argent de poche sans lever le petit doigt ? Oui, il y a définitivement un espace vide entre ma garde-robe et mes trophées. Peut-être que ce qu'il me manque, c'est tout simplement un nouveau sac Lanvin...

Signaler ce texte