Le Profiler

Isabelle Polle

J'écoute et bois
Ressens et voie
L'horreur du crime
Comme un film
Tout meurtre est signé
En ses détails, son mobile
Son atmosphère, ses trophées

Tu tues
Ce qui te tue
Tu tues
Ce que tu as tu
Tu tues
Car tu t'es tu
Tu tues

Le versement du sang
fait grand bruit laissant
dans un fracas assourdissant
éclats et traces permettant
de confondre le meutrier
comme une empreinte laissée

Tu tues
Ce qui te tue
Tu tues
Ce que tu as tu
Tu tues
Car tu t'es tu
Tu tues

Outre la violence
Que j'abomine
C'est l'irreversible
Qui me déchenche
Une quête, une croix
Je cherche ses mobiles
Ses ressorts, ses choix

Tu tues
Ce qui te tue
Tu tues
Ce que tu as tu
Tu tues
Car tu t'es tu
Tu tues

Ses sentiments, ses armes
Deviennent mon âme
A sa place
Je me place
Utilisant ses mots, sa pensée
Essayant de recréer son passé
Pourquoi il a basculé

Tu tues
Ce qui te tue
Tu tues
Ce que tu as tu
Tu tues
Car tu t'es tu
Tu tues

Le poids du passé
Et de la société
me permet
de saisir la structure
de sa pensée
pétrie et façonnée
par les mots et la culture

Tu tues
Ce qui te tue
Tu tues
Ce que tu as tu
Tu tues
Car tu t'es tu
Tu tues

Le meurtre comme un rêve
de toute puissance
avec bien souvent le sexe
comme moyen, une transcendance
Pour atteindre le but ultime
Je ressens le drame
et les sanglots de l'âme
de la victime

Tu tues
Ce qui te tue
Tu tues
Ce que tu as tu
Tu tues
Car tu t'es tu
Tu tues

Je m'y arc-boute et l'assimile
Pour lui rendre un adieu utile
Pour que la mort noire
n'ait pas tout dissout
Je conserve sa mémoire
par dessus tout

Tu tues
Ce qui te tue
Tu tues
Ce que tu as tu
Tu tues
Car tu t'es tu
Tu tues

La Justice rétablit la balance
A la manière d'une renaissance
Car le procès et son arrestation
Plus que la sanction
Ou l'explication de l'infraction
Provoque ma libération
Comme après une absolution.

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