Le retour

J'ouvre mes yeux  je suis tout en haut d'une montagne, je tourne la tête, je suis seule avec à côté une voiture que je ne connais pas et dont je possède les clefs. 
J'ai la tête qui tourne un peu. Je me demande comment suis-je arrivée là ? 

Pas âme qui vive dans le coin ; j'appelle et mon écho revient en retour, rien d'autre. 

Que vais-je faire ? Je cherche fébrilement dans mes poches puis dans mon sac un portable. Rien. 

La nuit commence à tomber lentement et le petit vent frais me donne des frissons. Des frissons de froid ou de peur ? 

Une route étroite s'étend devant moi, très tortueuse et je me décide à enfourcher ma monture en espérant qu'il y ait un peu d'essence pour arriver jusqu'en bas... Où ? Je n'en sais rien... 

La clef tournée fait vrombir un superbe moteur et la jauge est correcte. Bon; courage, je commence à descendre cette montagne et les virages deviennent interminables. 

J'ai le vertige, je me déporte légèrement sur la gauche espérant ne rencontrer personne et amorcer une descente rapide et définitive. Je n'ai plus froid, des gouttes perlent mon front signe de peur. 

Je sens ma gorge se serrer, je n'y vois presque plus rien... Depuis combien de temps suis-je sur cette route ? Je cherche à tâtons les phares et la panique commence à monter en moi. A cet instant, un hérisson est au milieu de la route. Je pile, le laisse passer, pauvre bête... Je souffle un bon coup. Je ne sais même pas où je suis. J'ai envie de pleurer mais il faut que j'arrive en bas de cette maudite montagne. 

Quelques pierres sont sur la route, mon dieu pourvu qu'il ne m'arrive rien, j'ouvre la vitre pour mieux respirer.... 

Après quelques heures, j'aperçois au loin des lumières, se doit être une ville ? Un village ? Je vais pouvoir appeler ma famille.... Je sens au creux de mon ventre un gargouilli terrible ; est-ce nerveux où ai-je faim ? Non je ne pourrai rien avaler, c'est terrible. 

J'arrive enfin près des lumières, une centaine de personnes en tenue de soirée attendent devant une magnifique demeure en buvant et riant... Ce n'est donc pas un village. 

Ma vitre baissée et m'apprêtant à demander un renseignement, une personne s'approche lentement, sourire aux lèvres et me dit : "alors que fais tu ? cela fait trois heures que nous t'attendons". 

C'est mon fils. Mais que fait-il là ? Je suis en jean et tee shirt et je ne sais pas se qui se passe dans ma vie... 

"As-tu pris ta tenue de soirée ?" me demande-t-il ? Que fêtons-nous ? Devant mon air surpris, il se dirige vers le coffre, l'ouvre, en sort un carton et monte près de moi dans cette belle voiture. 

"Et alors maman tu as oublié ?" Je devais avoir une drôle de tête, avais-je perdu la mémoire, non c'était impossible, je viens de reconnaître mon fils. Un peu agacé, il me demande de me garer derrière cette magnifique demeure, m'ouvre la porte, m'entraîne à l'intérieur vers une chambre afin que je me change... 

Je ne me rappelle pas devoir marier quelqu'un de ma famille, ni de souhaiter mon anniversaire !!!!!! Alors pourquoi tout ce tralala !!!!!!! 

Je n'ai pas le temps de parler, il me presse afin que je me dépêche à revêtir une tenue magnifique dont je ne me souviens pas son achat, sort ma trousse de maquillage, ma brosse, mes chaussures et mon sac de soirée...... Le mystère plane car pendant que je m'active, il m'observe un petit sourire en coin que je connais si bien (après une bêtise lorsqu'il était petit ou encore pour une surprise). 

En tout cas si c'est une surprise elle est réussie..... 

Enfin prête, il m'entraîne dans le hall de cette maison. Que dois-je faire ? 

Soudain la porte d'entrée s'ouvre : mes parents, ma famille, mes amies, entrent les uns après les autres, m'embrassant et en criant : "félicitations !" 

Mais de quoi parlent-ils ? La musique emplie la salle principale, très spacieuse, historique, merveilleuse, les serveurs défilent les bras plein de plats, les invités dansent et moi, je suis là hébétée. 

Soudain mon fils lève son verre et crie "à maman qui est revenue parmi nous". 

Je n'en reviens pas, mais je ne suis jamais partie ? J'ai toujours été à la maison et je prends ma progéniture à part dans la cuisine et lui demande ce que tout ceci signifie ? 

"Oui c'est vrai tu étais à la maison et tu n'y étais pas". Difficile à comprendre. Existais-je réellement. Puis il continua "tu étais prêt de nous mais enfermée dans un monde où nous ne pouvions pas t'atteindre et cela depuis des mois. Aussi pour te faire revenir, j'ai pensé te lancer un gros défi en espérant que tu y arrives : descendre cette montagne et refaire partie de notre famille. Il pleurait en parlant et je me demandais : mais quelles souffrances lui ai-je infligées ? Avais-je été malade ? Suis-je encore vivante ? 

J'enlaçais mon fils de toutes mes forces en lui murmurant : "comment peux-tu penser que je t'avais abandonné toi mon bébé, ma vie, mon amour". Il s'apaisa et m'embrassa si fort que je m'évanouie. 

Lorsque j'ouvris les yeux pour la seconde fois, j'étais dans mon lit. Je courrais vers la chambre de mon petit et le découvrais dormant son petit sourire au coin de ses lèvres. J'étais vivante........ 

J'avais si merveilleusement rêvé et en même temps je me mis à genou contre son lit lui promettant de ne jamais l'abandonner et d'être toujours à ses côtés car au fond, la vie était là et elle valait la peine d'être vécue...