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Le rêve déclencheur.
coeurenconfettis
Charlie rêve de partir, de conquérir le monde et puis surtout d'oublier ses problèmes quotidiens. Elle décide donc de s'enfuir mais la réalité la rattrape...
"La plupart des gens regardent les choses comme elles sont et se demandent Pourquoi ? Moi, je regarde les choses comme elles pourraient être et je me demande Pourquoi pas ? J.F Kennedy"
-CHARLIE REVIENS !
J'entends ma mère qui m'appelle, elle me crie de revenir, sa voix d'habitude si douce me paraît tellement aïgue, elle me hurle de faire sagement demi-tour mais je ne l'écoute pas. Elle ne me suit pas, elle croit sûrement que je vais revenir, mais ce qu'elle ne sait pas c'est que c'est fini, non, je ne reviendrai pas.
J'en ai assez de cette putain de routine qui me colle à la peau, de ces gens qui jugent sans même connaître, de ces avis, de ces rumeurs aussi tordues que moi. Je suis désolée papa, maman, mais je m'en vais loin mais je reviendrai, je vous le promets. Vous me verrez changer et vous serez fière de moi, vous verrez enfin mes yeux briller et vous sourirez et votre sourire me rendra heureuse. J'en ai envie bordel, j'en ai tellement envie de ce changement.
Je continue à avancer, je ne sais pas d'où me sort cette audace, je suppose que l'alcool dansant dans mes veines doit bien m'aider.
Je ne vois rien mis à part cette longue route abîmée, cela fait des siècles qu'elle n'a pas du être rafistolée pensais-je.
J'entends les klaxons des chauffards et leurs cries quand ils me voient traverser sans même regarder à ma droite et à ma gauche. J'en vois un qui sort sa tête de la vitre, "t'es malade ma p'tite" je crois entendre mais je continue à marcher, mes yeux ne quittant pas cette longue route, mes jambes bougent automatiquement au rythme des klaxons.
Je ne sais ni où je vais ni depuis combien de temps je marche mais mes pieds qui me crient de m'asseoir m'indiquent que ça doit faire au moins deux bonnes heures.
J'ai chaud et froid en même temps, je suis un paradoxe à moi toute seule. Mes mains, mes pieds, mon corps tout entier tremble. D'excitation peut-être? Je n'en sais rien, c'est un sentiment assez étrange, ça me fait mal mais du bien à la fois, je ne dis rien et j'apprécie tout en écoutant les oiseaux au loin, ils me comptent leurs histoires idylliques en chanson et cela m'apaise.
Je me sens déjà un peu plus vivante qu'à mon habitude, moins robotisée par cette routine incessante. J'ai même l'impression d'exister pour une fois. Exister pour quelqu'un, quelque chose.
Je continue d'avancer, je ne sais pas vraiment où je vais, "on verra bien à l'arrivée", me disais-je. Un coup à droite, un coup à gauche.
Je n'entends plus ma mère me crier de revenir, je dois sûrement être trop loin pour percevoir sa voix si aigüe. Cette fois-ci je décide de prendre à gauche sur une petite rue étroite. Cette allée me paraît aussi déserte que mon intérieur. Je marche avec l'angoisse au cœur de découvrir ce qu'il peut bien se cacher derrière ce désert. Le soleil est venu se faufiler entre les deux derniers immeubles de l'allée, mais je réussis tout de même à voir un reflet bleuté, un peu comme les souvenirs que j'ai de l'océan. Ah l'océan, encore une chose qui me rapproche de la routine. Je me rappelle que lorsque je me rendais tous les ans avec mes parents en bord de mer, c'était toujours la première semaine de juillet , avec toujours le même hôtel où dormir, la même chambre.
Je me souviens de cet air marin, de cette couleur dans laquelle j'aimais me perdre durant ces après-midis sur le doux sable. La voix de ma mère submerge le fond de mes pensées, je l'entends dire une nouvelle fois : "regarde ma chérie, tes yeux sont aussi bleus que l'océan, ici aussi on peut se noyer, mais ici c'est d'amour."
J'arrive enfin au bout de la rue, toujours aussi déserte qu'à mon arrivée. Mes lèvres s'étendent comme pour former un sourire, la folie se répand dans mes veines : je vois l'océan.
Alors, je cours dans le sable, dans les dunes qui longent cette plage, je cours comme si ma vie en dépendait, je trébuche quelques fois mais je me relève à chaque fois. Je perds le file de mes idées et de mes pensées, j'oublie tout juste pour un instant, les souvenirs se mélangent dans ma tête, les couleurs et ma vision des choses. Le temps me rattrape alors j'accélère, j'utilise le peu de force qu'il me reste mais ça ne suffit pas il me rattrape toujours, le temps est plus fort que quiconque. Je m'arrête pour reprendre mon souffle, je m'assieds sur ce sable si doux au toucher, je le prends dans mes mains, il est si fin et léger. Il ne faut pas que je reste là, la nuit commence à succéder le jour, je me relève mais mes jambes ne sont pas du même avis, elle ne supporte plus aucun poids alors je tombe. Je m'allonge et je regarde le ciel qui vire à l'orange, le soleil se couche devant mes yeux d'enfant toujours autant fascinés par ce si beau spectacle. Mes paupières me paraissent lourdes, très lourdes, elles finissent par se fermer et quand je les ouvre le soleil a disparu. La plage est vide, il n'y a que moi, le sable, la mer et le vent qui fait voler mes cheveux charbonneux. Je fais des mouvements de haut en bas avec mes bras comme quand j'étais petite et que je m'amusais dans la neige avec mon père.
J'observe la lune et ses astres pendant un moment, je ne sais pas exactement combien de temps, je n'en ai plus la notion. J'écoute le bruit des vagues se déversant sur mes pieds. L'eau est gelée, comme le vent et puis moi aussi. J'ai froid, je suis frigorifiée, je n'arrive plus à bouger aucun de mes muscles. Je suis hypnotisée par les étoiles, elles me guident le chemin du bonheur j'en suis sûre, je ne les quitte pas des yeux jusqu'à ce que la fatigue prenne place et me domine.
Je lâche alors prise et ferme doucement mes paupières me laissant aller au gré du vent, je ne compte pas les moutons mais les étoiles, ces milliers d'étoiles, cette constellation infinie.
Une douce odeur de pain grillé me réveilla, j'ouvris petit à petit les yeux et m'étirais avec le sourire aux lèvres. Ce rêve avait été si merveilleux et si réaliste me donnant bizarrement l'envie de le recommencer, de fermer les paupières et de le revivre.
-CHARLIE REVIENS !