Le Revers de l'Âme
Stéphane Rougeot
L'auteur manie avec virtuosité une parodie se situant aux antipodes de l'humour dont il fait preuve habituellement, puisant dans une certaines naïveté propre à la science-fiction du siècle dernier l'essence d'un récit qui se révèle finalement parfaitement maîtrisé et de haute volée. À condition, bien sûr, d'être sensible au second degré.
Dans un futur plus ou moins proche, la vie semble sereine, limite monotone. Mais ce ne sont que des apparences, comme Bernard va l'apprendre à ses dépends. Bernard, dont l'existence des plus tranquilles n'est perturbée que par un passe-temps qualifié de ringard par la plupart : l'amour des vieux livres. Et si c'était justement cette passion qui allait bouleverser son morne quotidien, lui faire vivre des aventures palpitantes et mettre en péril l'équilibre du monde entier ?
Le Revers de l'Âme
Stéphane ROUGEOT
Maintes fois, je me suis demandé quand et comment faire débuter mon récit.
Le moment de l'explosion monumentale aurait détonné comme séquence d'ouverture percutante. En plus de créer une ambiance haletante pour vous, lecteurs… Non, finalement ça n'aurait rien apporté d'autre. Beaucoup d'éléments nécessaires me contraindraient à des retours en arrière, et je m'y perdrais autant que vous. Je préfère un récit plus linéaire, posant les bases progressivement, dans l'ordre où tout s'est produit, jusqu'à en arriver au dénouement. J'espère juste ne pas être trop ennuyeux et vous semer le long du trajet. Ça serait dommage.
L'avènement de l'ère numérique ne m'a pas emballé particulièrement, pourtant j'aurais pu ressortir mes vieux cours d'histoire et retracer le cheminement des premiers ordinateurs, puis de l'intelligence artificielle, et tout ce qui s'en est suivi. Là, je pense que j'aurais terminé tout seul bien avant d'en arriver aux passages intéressants. Or je ne cherche pas à vous faire basculer sur un autre ouvrage. Tant qu'à prendre les origines de quelque chose, pourquoi ne pas remonter à celles de l'humanité, tant qu'à faire ? Ou bien le big-bang ? Non, mon ambition est moindre.
Pourtant, il me fallait malgré tout un fait marquant, un peu animé et qui vous interpelle, afin de débuter sur un événement qui vous accrocherait, et vous donnerait envie d'aller plus loin.
Après bien des tentatives, qui en dévoilaient trop ou pas assez, et qui ont terminé dans la corbeille – il s'agit là d'une métaphore puisqu'il suffit d'effacer des pixels sur un écran pour supprimer des mots – je pense avoir trouvé le juste équilibre par cette chaude nuit de printemps, dans une maison calme, sise au milieu d'un quartier résidentiel à la périphérie de la grande métropole de Tassic. Le lieu précis importe peu, à vrai dire, je plante le décor seulement pour fixer les idées dans vos cerveaux.
La fenêtre était ouverte, laissant une relative fraîcheur grignoter lentement mais sûrement l'étouffante moiteur intérieure. Bernard dormait, étendu sur le lit, son corps nu à peine recouvert d'un drap clair.
La quarantaine s'approchait sans faire d'ombrage sur sa carrure. Loin d'être un sportif accompli, il gardait néanmoins la forme par une rigueur alimentaire globalement respectée et quelques séances physiques occasionnelles avec des collègues ou des amis. Ses cheveux bruns coupés courts et sa mâchoire toujours impeccablement rasée lui donnaient même quelques années de moins.
Il flottait profondément dans les bras de Morphée depuis déjà deux bonnes heures quand son téléphone portable sonna. Il n'active jamais le mode silencieux, mais filtre avec soin les contacts et les applications qui peuvent émettre du son et perturber son repos quotidien.
Il mit deux séquences de la petite musique, qu'il trouve plus agréable que les bip-bip configurés par défaut, avant de réaliser qu'il ne s'agissait ni d'un songe ni d'une hallucination.
Prenant appui sur un coude afin de gagner les quelques centimètres qui lui manquaient pour atteindre l'appareil posé sur le chevet, il le porta à son oreille après avoir décroché.
Sa voix reflétait son état semi-comateux malgré tous les efforts qu'il déployait.
— Oui ?
— Bernard, c'est moi.
Le « moi » en question était Adeline, son épouse.
Elle pleurait.
Immédiatement, Bernard recouvra ses esprits, bien que ça tête fut encore troublée par les effluves que Morphée avait subtilement disséminés dans les méandres de ses neurones.
Instinctivement, il regarde à côté de lui, sur la couche. Force est de constater qu'il est seul, réalisant trop tard qu'elle n'aurait aucun intérêt à l'appeler si elle se trouver là.
Les questions affluaient dans sa bouche.
— Qu'est-ce qui se passe ? T'es où ? Tu vas bien ?
Elle ne semblait pas l'écouter, et considérait que le but de son appel était autrement plus important que tout ce qu'il pouvait dire ou demander.
Sa voix chevrotait.
— Je suis vraiment désolée de te réveiller. Il est tard, sans doute. Je… Je crois que je viens de faire une bêtise. Je…
Tout en reniflant bruyamment, elle tentait de faire le tri parmi la foule de mots qui se bousculaient dans son cerveau bouillonnant.
Après quelques secondes de silence, Bernard commença à douter de la bonne santé mentale d'Adeline. Il ne la croyait pas devenue folle, mais seulement perturbée, voire en état de choc. Ce n'était pas son habitude de s'effondrer de la sorte.
Prenant la situation très au sérieux, sa quête légitime de la vérité se devinait aisément dans ses phrases.
— Qu'est-ce qui t'est arrivé ? Tu vas bien ?
Elle connaissait la sollicitude quasi maladive de son mari. Si parfois elle le lui reprochait – au travers de ce qu'elle ressentait comme un manque de liberté – ce soir-là, elle le prenait comme une protection très bien venue.
Après s'être rendu compte qu'elle l'avait inquiété, son unique souhait était de le rassurer.
— Non, non, j'ai rien. Physiquement, du moins, parce que moralement c'est une autre paire de manches.
Comme pour lui marteler l'idée dans son crâne à lui, quitte à influencer exagérément les réactions qu'il ne manquerait pas d'avoir, elle répétait toujours la même chose.
— Bernard… Je viens de faire une bêtise !
Son insistance était le signe d'une culpabilité évidente, contrairement à ce que ses mots transmettaient. Bernard ne pouvait pas s'en contenter.
Il commençait d'ailleurs à s'énerver.
— Mais quoi ? Qu'est-ce que t'as fait ?
Il se remémorait progressivement où sa moitié avait passé sa soirée, aussi il s'enquit :
— T'es toujours à ton expo ? T'as personne pour te ramener ?
Il ne pouvait envisager qu'elle se mette dans un état pareil pour avoir seulement gaffé, par exemple, en laissant partir celui ou celle qui devait la ramener.
Si lui ne voulait que la contenter, elle, par contre, avait un autre dessein : se faire pardonner.
— Écoute, c'est plus grave que ça : j'ai fait une BÊTISE ! Vaut mieux pas en parler au téléphone. Tu peux me rejoindre devant chez Thierry ?... Je t'en prie… C'est important !
Pendant un long moment après qu'elle eut raccroché, il resta tétanisé par la surprise, tenant le combiné contre son oreille. Ce pouvait être tout et n'importe quoi. Comme de bien entendu, le pire de ce qui peut traverser l'esprit d'un mari en pareilles circonstances lui vint. Et son imagination était extrêmement productive, ce qui n'était pas bon pour son moral.
Tout d'abord, il se dit qu'elle l'avait trompé. En effet, le terme “bêtise” dans la bouche d'un conjoint est fréquemment utilisé pour qualifier une infidélité sans vouloir trop dramatiser. Ses deux plus grandes hantises étaient qu'elle souffre, et qu'elle le quitte. La première hypothèse s'était écartée d'elle-même, car Adeline ne faisait pas mention de douleur. Par contre, elle ne souhaitait pas en parler à distance, donc elle devait avoir un minimum de respect à son égard pour préférer un face à face.
S'il était arrivé quelque chose à Thierry ou à une autre des connaissances qu'elle avait pu rencontrer durant son escapade, elle n'aurait pas hésité un seul instant à tout balancer. D'ailleurs, elle ne l'aurait sûrement pas appelé, alors qu'elle le savait en train de ronfler, et aurait attendu le lendemain pour déballer toute son histoire, aussi excitante qu'elle pût être.
Comme vous allez le voir, la vérité n'était pas aussi clairement tranchée.
Bernard n'était pas du soir. Gros dormeur, il avait besoin de sa dose quotidienne de sommeil, qui représentait à elle seule une bonne dizaine d'heures, sans quoi il n'était pas en pleine possession de ses moyens. Adeline, par contre, se contentait de presque deux fois moins de récupération, et en profitait pour sortir, essentiellement avec ses amis, comme c'était le cas ce soir-là.
La crainte de Bernard qu'elle ne le remplace prenait essentiellement sa source dans ces soirées. Ils étaient très attachés l'un à l'autre, aussi il n'imaginait pas qu'elle puisse tomber dans cette extrémité par pure volonté. Par contre, dans le cadre d'une opportunité, elle pouvait croiser le chemin de quelqu'un qui partagerait les mêmes goûts nocturnes qu'elle et qui se révèlerait entreprenant.
Il chercha encore un moment ce qu'elle pouvait avoir à lui révéler de si important pour le tirer de son lit en pleine nuit. Ce qu'elle pouvait avoir de si triste pour qu'elle se laisse aller à pleurer au téléphone, elle qui n'était pas particulièrement du genre à verser une larme à la moindre occasion, même durant un film romantique plein de scènes tristes.
Soudain, il réalisa que se rendre chez Thierry, outre rassurer et réconforter sa moitié, lui donnerait la réponse, au lieu de continuer à se triturer les méninges de la sorte.
Il repoussa le drap d'un geste ample, se leva avec toute la force que ses jambes lui permettaient à cette heure tardive, et avisa ses vêtements parfaitement pliés sur une chaise.
Le tout était alors de ne pas faire d'erreur en s'habillant, tellement son esprit était perturbé par les interrogations.
Débarquer avec le pantalon à l'envers, une veste de pyjama ou encore les vêtements de son épouse dédramatiserait la scène des retrouvailles, c'est certain, mais ce n'était peut-être pas pertinent.
L'horloge lumineuse du tableau de bord indiquait minuit quand Bernard immobilisa sa voiture dans une rue bordée de véhicules en stationnement. Il resta en double file sans même chercher une place, convaincu qu'il serait très vite reparti, et que personne ne viendrait le verbaliser d'ici là.
Ce quartier était tout aussi calme et tranquille que le leur.
De l'autre côté de la chaussée, Adeline était assise sur le trottoir, au pied d'un lampadaire. La lumière verticale bleutée rendait son visage tragique, tandis que les traces de son maquillage coulant pouvait au contraire lui donner une apparence comique.
Elle portait une robe légère bleu clair, un petit gilet écru ainsi qu'une paire de talons hauts. Sa coiffure blonde, qui avait dû être parfaite en début de soirée, était désormais approximative, conséquence logique de son état d'esprit. Inutile de préciser que le mascara indiquait clairement le passage des larmes.
Bernard s'accroupit à côté de son épouse toujours en pleurs. Elle posa sur lui ses yeux azur humides.
Sa voix était cassée.
— Je te remercie d'être venu aussi vite.
— C'est normal, chérie. Alors, qu'est-ce qui t'arrive ?
Une sirène retentit au loin, se rapprochant rapidement.
Ils tournèrent la tête d'un même mouvement vers une extrémité de la rue, et virent bientôt débouler vers eux une camionnette rouge, avec des gyrophares de la même couleur sur le toit.
Si Bernard craint un instant pour sa voiture en double file, il se rassura très vite quand le bolide les dépassa puis s'immobilisa quelques dizaines de mètres plus loin.
En descendirent six individus très grands et costauds, tous habillés d'uniformes d'un rouge qui paraissait plus sombre dans l'ambiance nocturne.
Ils enfoncèrent sans précautions la porte d'une maison bien précise et pénétrèrent à l'intérieur.
Je me dois d'apporter un petit supplément d'information.
Il est exagéré de qualifier leur tenue de rouge. Pour être précis, le signe distinctif qu'elle arborait, à savoir des épaulettes, un blason sur le côté gauche de la poitrine et un rappel sur le bas des manches, était effectivement de cette couleur. Le reste était très sobre et standard, à savoir un pantalon bleu sombre, des rangers noires, ainsi qu'une veste gris clair.
Par abus de langage, on a tendance à généraliser la couleur qui donne leur fonction à ces patrouilles, aussi j'espère que vous ne m'en tiendrez pas rigueur, et que vous vous y habituerez rapidement.
Bernard regarda Adeline avec des yeux écarquillés.
— C'est… ? C'est toi qui… ? C'est toi qui les as… ?
Serrée par l'émotion, sa gorge ne permettait pas qu'il termine ses phrases. Il commençait à comprendre la situation, et ça n'était pas pour le calmer.
Adeline sentit poindre un nouveau sanglot, accompagné d'une vague de larmes, aussi elle se cacha le visage dans les mains. Elle acquiesçait d'un lent mouvement de tête.
Bernard se redressa et fit quelques pas, le regard fuyant. Sa main droite s'ouvrait et se fermait sans cesse, comme si elle était la soupape de son cerveau bouillonnant.
Il haussa légèrement le ton.
— Mais pourquoi ?... Qu'est-ce qu'il a fait ?
Il sembla se calmer un peu, en proie à une idée subite.
— Non !... C'est pas possible ?
Ils se retournèrent encore une fois lorsque des bruits attirèrent leur attention.
Thierry tentait de semer les six individus par une course effrénée. Leur sprint les emmena tout au bout de la rue, à l'exception d'un membre de la patrouille qui monta dans la camionnette, puis prit la même direction, non pas avec un esprit de tricheur, mais afin d'avoir le panier à salade à proximité lorsqu'ils auraient interpellé leur surpect.
Car il ne faisait aucun doute qu'ils allaient très bientôt le rattraper.
Bernard eut un geste d'impuissance et lança un cri avorté.
— Thierry… !
Adeline se leva et accrocha son mari par l'épaule, bien qu'elle n'eut pas besoin de le retenir.
— Non, y'a plus rien à faire. C'est trop tard.
Elle laissa passer un sanglot.
— Et en plus, c'est ma faute !
Il la prit par la taille, tout en regardant le gyrophare s'éloigner.
Juste avant le coin de la rue, Thierry se fit ceinturer et plaquer au sol. Il se débattait vigoureusement. Ses hurlements parvinrent jusqu'au couple. Il fut jeté sans ménagement dans le véhicule, qui partit très rapidement une fois tout le monde à bord.
La lutte ne fut pas équitable, c'est certain. Mais ce n'était pas le but.
Bernard siffla entre ses dents.
— Encore un ! Ils vont aller jusqu'où ? Ça commence à bien faire !
Adeline posa un regard suppliant sur lui.
— Écoute ! J'ai pas pu faire autrement. Tu… Tu sais pourquoi, hein ?
Espérant cacher ses pleurs, elle enfouit sa tête au creux de l'épaule de Bernard. Il l'enlaça d'un geste machinal mais tendre, le regard perdu dans le vide.
Le silence et l'obscurité générale avaient repris possession de la rue quand ils montèrent dans le véhicule de Bernard quelques instants plus tard.
Le trajet fut le plus calme qu'ils aient jamais connu.
Elle ne savait ni quoi dire ni comment le formuler. Lui ne pouvait rien entendre. Chacun dans ses propres pensées était coupé de l'autre. Pourtant, ils restaient très proches, unis dans leur manière d'aborder l'événement, et dans les enseignements qu'il fallait en tirer.
Ils rentrèrent directement chez eux, mais la discussion n'était pas terminée.
Une fois chez eux, ils se dirigèrent immédiatement vers la chambre.
Adeline se dévêtit puis se glissa sous le drap. Elle baissa la lumière, mais sans l'éteindre complètement. Allongée sur le dos, elle regardait le plafond.
— Dis, tu me pardonnes ?
Bernard était debout, tourné de l'autre côté, le temps de finir de se remettre en tenue pour dormir.
Très calme, il répondit comme s'il avait préparé sa phrase depuis un moment.
— Il n'est pas question de pardon entre nous. Uniquement de confiance.
Alors qu'il s'asseyait sur le bord du lit, elle se redressa et fit courir une de ses mains dans le dos de son époux.
— T'es sûr ? Tu m'en veux vraiment pas ? Oh, t'es…
Il la coupa plus sèchement qu'il ne l'avait prévu.
— Non, attend.
Pour se rattraper, il se tourna vers elle, et lui présenta un visage chaleureux.
— Laisse-moi finir, s'il te plaît. Tu devais avoir une bonne raison, et tôt ou tard il aurait su… Donc si c'était pas toi, ça allait être n'importe qui d'autre, mais c'était inévitable.
Le regard d'Adeline se perdit dans les images qu'elle se remémorait.
— Tu vois, au début, pendant l'expo…
Ce soir-là, elle s'était rendue à un vernissage. Thierry, un collègue de travail de Bernard, était surtout une des connaissances nocturnes d'Adeline. C'était un photographe amateur qui présentait des clichés pour la première fois au public. Il était très doué pour saisir des portraits ou des situations, mêlant un certain opportunisme à une maîtrise technique évidente.
La chance est venue par l'intermédiaire d'une petite galerie d'art qui s'était ouverte peu de temps auparavant dans son quartier, et qui cherchait de nouveaux talents à faire connaître. Généralement sans grand intérêt, elle dénichait pourtant en de rares occasion un artiste doué qui avait du potentiel. Malheureusement, Thierry faisait malgré tout partie de ceux qui se feront vite oublier du public, préférant laisser parler son moi profond plutôt que chercher à plaire au plus grand nombre.
— Pendant l'expo, il semblait vraiment normal. Mais après, quand on est allé chez lui pour qu'il nous montre d'autres clichés qu'il n'avait pas sélectionnés, il a commencé à parler de trucs complètement insensés.
Elle explora ses souvenirs à la recherche de détails sur les élucubrations du photographe alors que Bernard faisait montre d'une curiosité certaine.
— De quel genre ?
Elle savait qu'aborder ce genre de sujet pouvait leur porter préjudice, à eux aussi. Pourtant elle préférait être transparente avec son époux.
— Une soi-disant zone interdite où seraient dissimulées des choses importantes. Personne comprenait rien à ses histoires. Tu te rends compte qu'il prétend que des êtres différents de nous, mais très semblables, ont peuplé la Terre avant nous ? Et qu'il nous le cacherait ? De toute façon, si c'est vrai, il est forcément au courant…
Suivant ses propres pensées, Bernard se parlait à lui-même :
— J'ai horreur de voir disparaître des amis, ou même de simples connaissances. Pourtant dans certaines circonstances, c'est la seule chose qui a du sens…
Un sourire coquin se forma sur le visage d'Adeline.
— Alors c'est vrai ? Tu me pardonnes ?
Bernard restait sérieux.
— Pour finir, j'ajouterai que je suis comblé d'être continuellement en ta compagnie, et que…
Elle lui dévora la bouche passionnément, coupant court à une phrase qu'elle pouvait aisément imaginer. Il tira pudiquement le drap jusqu'à son cou sans quitter ses lèvres.
Il avait besoin de se changer les idées, et elle d'être réconfortée. Pourquoi ne pas faire d'une pierre deux coups ? Un bon coup, pour commencer, serait déjà pas mal. Ils pourraient aviser, ensuite, si un deuxième était envisageable.
Ils auraient toute la journée suivante pour se remettre de leurs émotions.
Du moins étaient-ils en droit de l'imaginer, car rien alors ne pouvait prédire la suite des événements.
Seul le premier chapitre est présenté ici. Le roman est disponible sur Amazon (broché et eBook) et prochainement sur d'autres plate-formes en eBook.
· Il y a plus de 5 ans ·Stéphane Rougeot