Rock'n'roll !

Edgar Fabar

in Halucubrations.

9h12. Bastille. J'avance en milieu hostile. Du givre se forme sur mes yeux. Je les frotte avec mes moufles American Apparel. Tatatin. Un cri déchire la nuit, déjà très en lambeaux.

Un homme, la quarantaine mal rasée, le genre de mec qui a de la bouteille, voire même deux, une dans chaque poche. A ses côtés, une femme. Sur sa tête, des cheveux comme un feu d'artifices. Du rouge, du vert, du bleu, du jaune. On dirait la piscine à boules d'Ikea. Ils avancent, ils titubent et se prennent les pieds dans l'immense couette sale et informe qu'ils trimballent avec eux. Je les dépasse et je les entends gueuler : "Rock 'n' Roll !"

Stupéfait, je me dis en mon amphore intérieur : mais quel drôle de Kooples. Au même moment, passent des enfants et leur mère - un gang de Moncler. Horrifiés devant tant de réalisme, ils traversent le boulevard en courant. Je suis dégouté moi aussi. Je voudrais gueuler moi aussi, c'est pour ça que je vous le dis moi aussi. Même si j'y risque ma vie. Vous, les bobos. Vous êtes vraiment très très salauds… Mais j'ai pas le temps.

9h17. Merde je suis en retard. Une vente privée Agnès B. Je me mets à véliber un peu plus vite, et comme il fait froid, je remonte ma parka Zadig et Voleur.

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