Le roi Arthur

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Le roi Arthur

(Foxy Lady, Jimy Hendrix)

L'avantage quand on atteint un certain niveau de renommée, c'est que c'est vous, et personne d'autre qui décidez de l'âge des groupies autorisées en backstage après le show.

En plus d'éviter certains ennuis avec des parents excités à l'idée d'en découdre avec une légende, ou quelques uniformes n'ayant que ça à foutre, ça enlève tout scrupule de jouir de son aura exceptionnelle.

Encore loin d'être descendu du trip que l'on vient de s'offrir sur scène devant ses fans hurlant, ces minettes arrachant leur vêtements trempés de toutes sortes de preuves d'excitation avant de les jeter à vos pieds, il est déjà temps de choisir les quelques privilégié(es), qui ne seront encore que femelles en rut ce soir.

Cent vingt concerts cette année, et la conclusion de la tournée ce soir avec la promesse d'une prolongation privée bien plus intense que d'habitude, l'apothéose méritée d'une année complète à s'user de fêtes et d'abus en tous genres, il est dit que ça doit être mémorable.

En choisissant la petite « X » dont je ne soupçonnerais jamais le prénom alors que je n'allais pas tarder à connaître ses détails les plus intimes, j'avais mon idée toute faite en tête.

Une nana capable de tenir le premier rang d'un concert de métal dans son intégralité sans le moindre malaise, qui termine à moitié nue à s'agiter devant la scène vide alors que le spectacle est terminé, doit forcément être dotée d'une énergie extraordinaire, et aucune question à se poser sur son éventuelle motivation à satisfaire une de ses idoles de toutes les manières possibles et imaginables.

Il n'y a qu'à voir le sourire qui illumine son visage, lorsqu'elle comprend que le grand black qui s'approche d'elle n'est pas là pour la virer mais pour la faire entrer dans la tanière de ses rêves.

Ce soir encore, le zénith portera bien son nom, et remercions le ciel que je touche chaque soir du doigt de ne pas avoir à payer moi-même le nettoyage des canapés à disposition dans la loge.

Elle attaque timidement, ose à peine nous approcher, mais son regard dans le mien est bien le signe que c'est nous deux ce soir, et que les musicos auront les restes.

Après tout, il doit bien y en avoir quelques unes qui sont venues pour eux quand même, non?

Il ne lui reste plus qu'un jean montrant plus de chair que de denim, et un soutif à moitié arraché dégoulinant de transpiration, qui tente de cacher sans trop d'espoir une poitrine de vingt ans, insolente et irrésistiblement pointée vers moi.

Son premier orgasme se ressent dès le moment où je lui demande d'enlever ce qui lui reste de loques, pendant que je roule un reste de skunk histoire d'attaquer plus sereinement la descente d'adrénaline, montée pendant deux heures de vociférations intenses devant sept mille corps qui frémissent de plaisir.

La première latte tirée suivie d'une gorgée de guiness, et la voilà au bord de la rupture de l'anévrisme, car oui, elle est à poil devant le roi Arthur, attendant de partager avec lui la trilogie caricaturale de notre monde légendaire.

A sa place, dans quel état serais-je?

Heureux, excité, tremblant de peur et d'envie à la fois, je pense que ça doit être ça.

La bière finie, elle continue de me raconter d'où elle vient, à quel point elle m'admire, ne s'apercevant même pas qu'elle se caresse tout en parlant, pendant que je lui refile le bédot et que je tâte ma splendide virilité à travers mon futal.

Et la voilà qui recrache la fumée de la dernière taffe sur mon gland, l'heure du rappel a sonné.

Pendant que Karl le bassiste se répand en âneries avec une connasse des inrocks et que Lulu le batteur montre sa petite bosse à la seule quadra défraîchie qui traînait dans la salle, j'entends la foule squattant ma cervelle qui commence à applaudir des deux mains et à hurler mon nom, l'entrée doit être réussie.

Encore une fois.

Humilité mon cul, quand le talent est reconnu ça s'appellerait être faux derch, et j'ai comme principe d'emmerder royalement tout ceux qui disent le contraire.

La braguette arrachée par ses fins doigts terminés d'ongles au vernis aussi noir que ses yeux, mon chibre s'appelle enfin liberté, et il va redonner de la joie de vivre au peuple.

Être un dieu, une star, le chanteur guitariste du plus grand groupe Français depuis Noirdez, ça a ses avantages...

A commencer par celui d'offrir la jouissance à cette jeune dépravée à chaque fois qu'elle me caresse, sans même que je ne commence à remplacer mon médiator par son petit bouton délicat...ement percé!?

Pourquoi pas après tout, métal jusque dans son entrecuisse, l'image me plaît assez.

Je me retrouve dessapé rapidement, simplement recouvert des restes d'alcools divers qui tournent dans la loge, et de sa petite mixture intime et personnelle qui m'inonde bientôt autant qu'elle.

Dommage pour eux que ce velour si confortable soit aussi salissant, mais après tout, ça leur fera un bon bénéfice sur E-bay s'ils y pensent.

Je joue les héros, après tout j'en suis un, et la laisse se démener comme une diablesse sur moi.

Ma fainéantise royale ne m'empêche pas de comprendre assez vite qu'elle n'en est pas à son coup d'essai, et que mon choix était plus que judicieux.

Tellement à son affaire qu'elle ne relève même pas la tête, que son effort ne baisse même pas d'intensité lorsque Karl, qui en a fini avec son échange promotionnel, tente sournoisement de venir faire coup double alors qu'elle me chevauche sauvagement, son joufflu largement exposé au reste de l'assemblée.

Pas un tremblement, pas une hésitation lorsque j'envoie le bassmaster aller se faire voir ailleurs, elle sera à moi et rien qu'à moi, et il a beau me regarder avec sa tronche de méchant des bacs à sable, je ne changerais pas d'avis.

Il faut bien qu'il comprenne ce qu'est un leader après tout.

Si un jour il veut aller voir ailleurs, au cas où les autres seraient un peu moins égocentriques, il y repensera en regrettant le temps béni, où ma seule présence pouvait lui assurer un succès certain auprès des greluches qui nous servaient d'apôtres.

Lassé de son acharnement désespéré à profiter à sa manière du moment unique que je lui offre, je décide de prendre les choses en main, et ma fan la plus travailleuse de la soirée se retrouve objet du maître.

De toutes façons, je sais bien qu'elle n'en gardera que des souvenirs inoubliables, alors que pour la plupart de ses copines, ça ne restera qu'un rêve, un toucher solitaire sous mon poster entre deux aventures miteuses.

Elle, elle est en train de le vivre son rêve, alors elle acceptera tout sans retenu.

Les cheveux arrachés sans ménagement par ma solide poigne de mec défoncé à grands coups de rails sniffés entre son nombril et son piercing, le cul écarlate après quelques fessées évacuant mon trop plein d'énergie et de testostérone, les petits morceaux de peau qui resteront entre mes dents, seront autant de stigmates de sa rencontre avec l'être divin.

La loge qui se vide doucement du reste de l'équipe ne gâche en rien l'ambiance, et ma foule cérébrale continue à scander mon nom et à m'encourager dans l'acte.

Debout derrière elle, qui mange le dossier de ce qui s'appelait encore un sofa en début de soirée, je lâche toutes mes forces dans la bataille.

Son corps vibre dans tous les sens, les murs tremblent, ses cris étouffés par notre ring rembourré doivent malgré tout exciter les roadies qui démontent tout autre chose que moi en ce moment.

Les « Arthur, Arthur » résonnent de plus en plus fort dans ma tête, le sol tente de se dérober sous mes coups de boutoir, mais rien n'y fera, la victoire est si proche!

Je décide de me finir en hurlant loin des salons fréquentés par les ovaires, ce n'est pas parce que je suis Dieu que je rêve d'angelots à mon image peuplant la France, et si je sais donner de ma personne, aucune surprise de derrière les fagots ne touchera mes royalties.

Le pire, c'est que ça lui donne le sourire, comme si son but ultime avait été que je visite l'intégralité de ses possibilités physiques avant de retourner à sa triste vie peuplée d'anonymes, qui ne rempliront une salle que le jour de leur enterrement.

Allongé sur le dos dans cette loge aux lumières maintenant éteintes, la foule peuplant mes neurones répétant encore mon prénom à outrance, mon manager me disant qu'il est temps de se mettre en route, que j'ai encore du travail, je lâche quelques borborygmes matinaux...

La petite est partie à un moment ou à un autre, et mes yeux qui démangent atrocement s'ouvrent doucement sur le plafond redevenu noir.

Alors qu'au loin, j'entends encore crier Arthur, que le manager insiste lourdement pour que je me bouge enfin, je reconnais que c'est la voix de ma mère au moment où je m'aperçois que les draps sont trempés.

Aller Arthur, après ta matinée au collège, t'iras apprendre un deuxième accord.

Il y a encore du travail.

Et de la lessive pour ma maman.

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