Le roi de l'oiseau (Lo rei de l'aucèl)

Allain Louisfert

Le roi de l'oiseau ou les fêtes "Renaissance" au Puy-en-Velay : deux jeunes gens, une "indigène" de Haute-Loire et un Turc (venu spécialement pour la fête) vont vivre une aventure.

    Vous souvenez-vous de ce grand escogriffe juché sur un chameau de Bactriane ? On a pu le voir déambuler dans les rues de la ville encore une fois, le côté insolite de cette apparition surprend toujours. Les fêtes du roi de l'oiseau ont un succès retentissant chaque année en septembre au Puy-en-Velay.

Est sacré "Le Roi de l'Oiseau" (Lo Rei de l'Aucèl en occitan, prononcé Lou) l'archer qui réussit le meilleur score, il l'est pour un an, à une époque il était exempté d'impôt pendant toute cette même année... il y a très longtemps. L'oiseau est figuré par un "papagaï" (perroquet) de plumes et de paille.

La fête du roi de l'oiseau remonte à la Renaissance. C'est à cette époque que l'Ottoman Soliman Le Magnifique fit une halte au Puy Sainte Marie (le Puy-en-Velay) alors qu'il était en chemin, avec une importante suite vers la résidence du roi de France : François 1er.

 

Je ne me souviens pas exactement quand il me "tapa dans l'œil",(il m'assura plus tard avoir croisé mon regard) sûrement pendant le défilé, en tête duquel on avait pu remarquer le très médiatique maire du Puy plutôt estimé dans sa ville. Moi je le trouvai plutôt beau, il m'avait paru encore plus grand sur son chameau d'une taille pour le moins respectable. Toujours est-il que nous nous retrouvâmes quelques heures après, place du Breuil. Son côté étranger sautait aux yeux, je ne sais pourquoi je pensai immédiatement qu'il venait d'un pays des steppes en le découvrant de plus près alors qu'il se trouvait maintenant à ma hauteur ou presque ! Il était grand, c'est vrai, avait le crâne presque rasé des jeunes musulmans, les yeux bleus qui faisaient penser aux grands espaces, son sourire enjôleur m'encouragea à lui poser une question toute bête maintenant que j'y repense : « parlez-vous français ? » Il connaissait au moins cette phrase car il me répondit « a little » (un peu en anglais), on remarquait tout de suite que ce n'était pas sa langue ! Il ajouta : « I come from Turkey ». Je me dis : « nous voilà bien ! » et ajoutai en anglais approximatif : le pays de Soliman ? On le fête aujourd'hui ici au Puy-en-Velay.

- Nous disons Süleyman the first Kanuni (Soliman 1er), chaque année je fais le voyage du Puy pour défiler sur ma monture qui étonne tant les Français (je ne comprends pas bien en anglais et oh !surprise il passe au français).

- Quel âge avez-vous ?

- Une chose est sûre : je suis plus âgé que vous.

- Ça ne me dit pas grand-chose ! Moi j'ai vingt-quatre ans, je suis de la campagne, des environs du Puy et je travaille aux archives départementales de la Haute-Loire (mimique interrogative).

- Comment te nommes-tu ?

- Je m'appelle Valérie et toi ?

- Aslan (ça signifie lion).

Nous nous installâmes pour prendre un verre, je remarquai que les gens nous regardaient, beaucoup devaient se demander où ils avaient rencontré mon interlocuteur.

Je suis de Bains (prononcé Bainss), un petit village situé à une dizaine de km du Puy-en Velay sur les hauteurs, mes parents y possèdent encore leur ferme. Je me souviens avoir participé à la traite des vaches pendant les grandes vacances d'été, à part cela mes parents ne m'ont pas impliquée dans les travaux à la maison. J'ai fait mes études secondaires au Puy et les supérieures à Lyon, je suis archiviste comme je l'ai dit, fonctionnaire départementale.

Ce soir je me trouve sous le charme de ce grand gaillard, nous nous promenons sur la place du Breuil où de nombreuses boutiques -en toile- en rapport avec les produits d'Orient, du Maghreb mais aussi locaux : cuirs, bijoux, pierres fines, vêtements attirent le chaland. Je me dis qu'il ne faut pas que je le perde ! Il est vrai qu'il mesure presque une tête de plus que la plupart.

Il repart dans son pays après-demain, aujourd'hui c'est la soirée de clôture de la fête du « roi de l'oiseau », il y a un bal nocturne, j'ose demander à mon nouvel ami (n'est-il pas un peu tôt pour le désigner ainsi ?) s'il veut bien participer « un peu » à la fête en ma compagnie.

Nous avons dansé une partie de la nuit, quelquefois très rapprochés, lui près de deux mètres, moi et mon un mètre soixante-cinq. L'atmosphère de la fin de l'été, malgré une certaine fraîcheur habituelle ici, m'aide dans mon entreprise de séduction. Je suis châtain foncé, avec les yeux marron, on me dit que j'ai un joli petit nez !

Je suis assez connue au Puy, certaines de mes camarades de lycée, d'université et de travail me lancent quelquefois des petits sourires énigmatiques où percent l'envie mais peut-être aussi la compassion.

Avant de nous séparer cette nuit-là nous passons sur la petite place bien connue des Ponots1 où les chameaux, dromadaires et aussi lamas sont entravés. Je ne manque pas de me poser des questions au sujet de la responsabilité d'Aslan par rapport à ces animaux, en est-il propriétaire, locataire, est-il simple membre de l'organisation qui produit cette part du spectacle des chameaux ? Je n'ose poser des questions qui me brûlent la langue mais ça n'est pas mon affaire après tout.

Le lendemain lundi je retrouvai mes occupations aux archives sur les hauteurs de la ville mais le cœur n'y était pas, j'avais hâte de retrouver « mon chamelier » le soir-même. Nous avions échangé nos numéros de portables. Il m'avait appelé le midi pour convenir d'un rendez-vous, serait-ce le dernier ? Nous n'avions à peine eu le temps de nous connaître que déjà il lui fallait rejoindre le Bosphore.

Il s'en alla le lendemain très tôt, j'eus à peine le temps de le revoir, le chagrin m'envahit au moment où il quitta la gare du Puy-en-Velay vers Saint Étienne puis Lyon où son vol sur Turkish Airlines décollait à 12h05 de Saint-Exupéry pour Istanbul.

*

Mes parents, des gens plutôt conservateurs de la campagne altiligérienne2 ne m'encouragèrent pas dans ma décision de rejoindre Aslan en Turquie mais je n'avais pas l'intention de me laisser dicter ma conduite (en même temps cela me faisait de la peine de les quitter !), j'eus beau leur dire que je ne manquerais pas de rentrer souvent en France, au moins pour la fête annuelle du Puy ! Cela ne les fit pas rire du tout, surtout Papa tant attaché à sa fille malgré ses attitudes bourrues.

Mon père :

- Alors on ne verra plus notre fille ?

Moi :

- Tu sais à notre époque, l'éloignement n'existe plus, avec les moyens de communication comme Skype pour téléphoner en se voyant sur l'écran de votre PC ou d'une tablette et puis trois heures d'avion ce n'est rien, vous pourrez venir me voir et puis je reviendrai plus d'une fois par an c'est certain.

Maman (qui ne veut pas être en reste) :

- J'imagine ma fille voilée !

- Alors ça ils ne sont pas près de me l'imposer !

- T'as vu leur président qui ne peut pas faire un discours sans sa femme voilée à ses côtés ?

Et longtemps comme cela ! Je me défends avec énergie.

Je demandai à bénéficier d'une année sabbatique auprès de mon Administration, ce qui ne me fut pas accordé immédiatement, je dus arguer de mon intérêt pour Byzance (furent-ils dupes ?)

Je fis tant et si bien que je me retrouvai à Saint-Étienne le samedi après-midi 28 mars 2015 à prendre le vol de Pegasus Airlines qui allait me conduire en trois heures dans un monde bien différent du mien ! C'est plus d'une fois que j'avais rêvé de l'ancienne capitale turque et là il allait se réaliser.



Je ne suis pas précisément « rassurée » en avion, encore moins après l'accident qui vient de se produire près de Digne ! Je fus bien contente d'apercevoir la fantasmagorie lumineuse de l'immense Istanbul, je me dis qu'il n'y en avait plus que pour quelques minutes, j'étais impatiente de retrouver Aslan qui m'attendait...à n'en pas douter.

Je ne l'aperçus pas au moment où je m'apprêtai à remplir les formalités d'immigration, je n'hésitai pas à mentir au moment où je présentai mon passeport en spécifiant que je ne venais dans ce pays en qualité de simple touriste. Aslan arriva après quelques minutes, nous tombâmes dans les bras l'un de l'autre.

Je me souviens du nom du restaurant : Sultanahmet Fish House, un rêve de poisson du Bosphore avec un vin blanc de Cappadoce : l'émir, un régal !

J'étais un peu grise quand je le suivis chez lui, je me souvins brutalement qu'il était musulman. Nous fîmes l'amour, il s'avéra être un lion (Aslan le bien nommé) et moi une lionne fiévreuse.

Aslan demeure au 2ème étage d'un petit immeuble classé tout près de « Pierre Loti Café » (l'endroit où Pierre Loti aimait se rendre au bord d'un magnifique parc), c'est un petit appartement sans ascenseur (mais qu'importe quand on est jeune !). Je suis folle de joie en découvrant tous les jours un peu plus de mon nouvel ami (et amant !) Je n'arrive pas à croire que ce n'est pas un rêve.

Il m'avait bien caché sa personnalité, j'ai d'abord connu un chamelier, c'est son côté « folklo » qui le pousse à embrasser des personnages, je découvre maintenant dans Istanbul (d'Europe) un tout autre homme, il est « chargé d'études » (ou quelque chose comme cela) pour le compte du palais de Topkapi (Topkapı Sarayı Müzesi, notez l'absence de point sur certains i minuscules en turc) et attaché au ministère du tourisme : nous sommes tous les deux agents de l'État en quelque sorte, cela me rapproche encore plus d'Aslan. Il n'est pas stambouliote d'origine, il vient de la campagne si l'on peut dire, d'Anatolie (Turquie d'Asie) ou demeurent encore ses parents, comme de nombreux jeunes de ce pays il a fait ses études à Istanbul (l'immense Istanbul). Il a 32 ans.

Pendant plusieurs jours nous passons notre temps à visiter les merveilles de la ville côté européen : tout d'abord la Mosquée Bleue (Sultanahmet Camii) : la magnificence même, bien sûr en tant que femme j'eus « droit » au foulard mais ça vaut la peine de ce petit sacrifice ! Puis ce fut Ayasofya (Sainte Sophie, basilique devenue mosquée, maintenant musée), le Palais de Topkapı déjà nommé et bien d'autres merveilles, je découvris la gastronomie turque entre les visites au Grand Bazar, le Bosphore avec les pêcheurs qui ne manquent pas. Évidemment nous prîmes plus d'une fois les vapeurs qui rejoignent la rive asiatique (« mon pays » comme plaisantait Aslan qui avait demandé quelques jours de congés pour me faire découvrir « sa » ville. Tous les Turcs sont fiers de leur ancienne capitale.

Bien sûr, il fallait rester les pieds sur terre, on ne peut vivre d' « amour et d'eau fraîche ». Je dus chercher un job, j'avais bien quelques économies, la vie ici est somme toute assez chère.

Il n'était pas facile pour une Française de se faire sa place en Turquie, en tout cas pour l'exercice d'une profession, je bénéficiai d'un maximum d'aide de mon amoureux mais il ne pouvait contourner les lois de son pays plutôt drastiques dans le domaine de l'emploi des étrangers. Et en France, est-ce facile pour un Turc de trouver du travail ? Je réussis à trouver (je fus aidée bien sûr par une connaissance d'Aslan) un petit job dans une agence de voyage qui avait besoin d'une personne maîtrisant bien le français (je servais quelquefois de guide – j'en aurais moi-même eu besoin d'un ! - à des compatriotes, c'est comme cela que j'eus une vraie surprise un jour d'avril, j'en reparlerai). On ne me cacha pas que cette occupation, en dehors du circuit traditionnel de l'emploi dans le pays, liée surtout au caractère saisonnier du tourisme ne serait pas très « sûre », ce que je compris parfaitement...le salaire serait en conformité ! Aslan m'assure qu'il se préoccupe de me faire embaucher dans un service du Palais de Topkapı mais je ne me fais pas beaucoup d'illusions (ce serait trop beau!) sur mon avenir professionnel en Turquie. Je commençai à prendre des cours de langue (premier niveau) le matin à l'école Dilmer puis je quittai cette école pour l'école Turkuaz plus près de « chez nous », moins chère, aussi efficace et où je pus suivre les cours le soir. Je suis encore bien loin de pouvoir suivre une conversation en turc mais je fais des progrès. Aslan vient me chercher à la sortie du cours en voiture (nous allons quelquefois au restaurant).

La surprise : mes parents « débarquent » un matin dans l'agence où je sers de guide entre autres occupations, je fus toute fière de leur montrer « ma » nouvelle ville comme vous pouvez l'imaginer, ils restèrent quelques jours.

C'est souvent que mon « fiancé » est pendu à son smartphone en conversation avec sa famille d'Anatolie, il me semble qu'il emploie souvent ce qui s'apparente à un dialecte, c'est vrai que je comprends assez peu la langue du pays mais là, autant dire que je ne comprends rien !


Un dimanche matin de mai Aslan m 'apprend qu'il doit rendre visite à ses parents dans l'est du pays, ceux-ci très ouverts pour des habitants de la Turquie « profonde » acceptent de me rencontrer. Ce sont des personnes chaleureuses.

Jusque là je ne me suis jamais posé de questions sur la politique en général de mon pays d'adoption (l'est-il vraiment ?) mais après les circonvolutions d'Aslan pour me parler de son « vrai » pays (pas seulement la vague Anatolie qui commence de l'autre côté du Bosphore...pour moi) je comprends que je vais devoir m'impliquer un peu plus dans l'environnement géopolitique du pays, j'ai encore des choses à apprendre.


C'est tout simplement dans le Kurdistan que nous nous rendons, à Kavurma, région de Van. En fait, c'est à la fois le Kurdistan turc et l'Arménie occidentale annexée par les Turcs. On trouve des représentants des trois religions : chrétiens, musulmans et juifs ici avec tout ce que cela comporte comme complications.

Je vous ai déjà dit qu'Aslan est musulman, eh bien, ses parents ne le sont pas ! Ils font partie des habitants de l'Arménie turque annexée après la guerre et le génocide du début du siècle dernier. J'en arrive à cette conclusion (bien sûr, on ne me l'a pas dit spontanément) en voyant des images pieuses chrétiennes accrochées aux murs.

Nous resterons près d'une semaine chez ses parents, des gens charmants qui m'ont fait le meilleur accueil.


*

Nous reprîmes l'avion pour Istanbul en fin d'après-midi, une heure et demi après, nous survolions le Bosphore.


Nous reprenons notre vie de Stambouliotes, ce soir-là Aslan m'emmène au restaurant puis nous rentrons nous reposer à la maison, demain le travail pour nous deux !

C'est le lendemain midi que je fais une « découverte » en relevant le courrier : une lettre adressée à Monsieur et Madame Aslan Guessar. Jamais je n'ai vu chez nous une telle formulation sur une enveloppe. La curiosité étant la plus forte, j'ouvre l'enveloppe – après tout ça aurait pu m'être adressé aussi en forçant un peu sur la mauvaise foi – et là quelle ne fut pas ma surprise en tombant sur cette phrase (je commence à lire le turc !) « J'espère que tu vas bien ainsi que ton épouse Myriam ».

Un peu plus tard, explications !

Moi

- Qu'est-ce que ça signifie ?

Aslan

- Le coup du Monsieur et Madame sur l'enveloppe ?

- Pas seulement ça, et le texte ? Et Myriam ?

- Il va falloir que je t'explique, attends-toi à des révélations !

- Alors ?

- Eh bien ! Je ne suis pas musulman ! Les cheveux coupés à ras c'est une attitude ! Toujours pour les tromper ! D'abord cette lettre je sais ce qu'il y a dedans, c'est moi qui me la suis adressée ! Mets-toi cela dans la tête : je suis sous surveillance permanente des autorités parce que je suis d'origine arménienne. Même que mon prénom est exactement Aslanian ! Et maintenant, ma Myriam n'existe pas ! Mais ce n'est pas fini, puisque tu veux en savoir davantage, dis-toi bien que mes parents n'auraient jamais accepté d'avoir un fils musulman étant donnée leur origine et sont donc chrétiens comme toi, le nom que je porte pourrait passer pour turc mais les « vrais » Turcs ne s'y trompent pas car Guessar, même si cela « sonne » turc, en fait cela a pour origine le patronyme arménien Guessarian !

- Tu es sûr que tu ne me caches pas une Myriam ? Je me sens un peu bête soudain mais n'ai-je pas des raisons de ne pas être tranquille ? (car tout cela n'est pas très clair).

Aslan a été « approché » par des intégristes. En définitive il « trahira » les musulmans ! Quel double jeu ! Il ne faut pas perdre de vue qu'en tant qu'Arménien il a un compte à régler avec l'islam ! Il invente Myriam pour « rouler » les musulmans intégristes qui essaient de l'utiliser en en faisant un des leurs. Ces intégristes se trouvent parmi ses compagnons de travail employés comme lui, au palais de Topkapı, qui renferme, entre autres saintes reliques, la dent de Mahomet. Aslan veut se faire passer pour un bon musulman en inventant cette Myriam alors que ses camarades intégristes savent qu'il entretient des relations avec une Française – qu'il va sûrement épouser comme seconde femme3 après l'avoir convertie - il est permis de rêver !

N'en pouvant plus des méthodes coercitives du responsable de la salle des reliques, Aslan le dénonce ainsi que d'autres fonctionnaires zélés, musulmans intégristes qui seront condamnés et connaîtront la prison. Néanmoins plus tard, la Turquie fera du commerce avec l'État islamique : trafic d'essence entre autres à la frontière avec la Syrie. Aslan et Valérie verront leur vie bouleversée et devront prendre du recul suite aux menaces reçues, en fuyant en France.

Aslan rejoindra la communauté arménienne de Valence où il travaillera comme cuisinier d'abord chez un patron puis se mettra à son compte en proposant des spécialités culinaires arméniennes. Au début de son installation sa mère vient même l'aider à mettre en valeur ses recettes. Valérie demande sa mutation aux archives départementales de la Drôme. Le Puy n'est pas si loin et elle s'y rend souvent le week-end, quelquefois accompagnée de son compagnon qui deviendra son mari et s'adaptera bien à son pays d'adoption.


1Habitants du Puy-en-Velay

2De Haute-Loire

3Officiellement la polygamie est interdite en Turquie mais dans certains milieux, régions, cela se pratique encore, le gouvernement ferme les yeux.

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