Le rouge vif de la transparence

chevalier-neon

Tu le savais, toi ?

Que lorsqu’il s’écrie,
alors ça s’écrit.

Je crois qu’il est daltonien.
Il ne voit pas qu’il a du sang bleu.

C’est le plus tragique écrivain,
bien sûr ce sont des écrits vains.

Un peu comme les hurlements qu’il pousse
sans jamais pouvoir ouvrir la bouche.

À la place, il s’ouvre les veines.
Ça me glace, il souffre sa peine.

Finalement, il ne fait que partie de cette race invisible
pour laquelle l’on ne fait même plus la différence
entre un être vivant et un cadavre.

Au mieux ça nettoiera juste les rues.
Au pire ça salira juste l’enfer.
Comme s’ils ne l’avaient pas connu avant de mourir.
Lui, ses cordes vocales
elles ont servi à ligoter la moindre de ses paroles.

Alors il écrit un langage qu’il est le seul à connaître
sur le parchemin de sa peau
si facile à déchirer,
si facile à brûler.
Tous ces souvenirs ne seront plus que cendres.

Ses lendemains à lui ne naissent pas
avec le lever du soleil.
Chaque matin, un peu plus
ses paupières semblent pénibles à soulever.
En hiver comme en été,
il se transit d’un froid qui se véhicule dans ses veines.
Comme si le bleu de son sang venait de ce qu’il endure.

Ils sont si noirs ses yeux
mais un ciel nocturne et sans étoiles
demeure un ciel malgré tout.
Si je pouvais avoir deux ailes,
si nous pouvions ne faire qu’un
alors je pourrais l’envoler dans ce ciel-là.

Qu’il regarde l’intérieur de lui-même par eux
au  lieu de fixer avec horreur l’extérieur avec eux.


Cet écrivain qui ne sait relater qu’en rouge
chaque jour une nouvelle tragédie,
lui qui puise son encre dans sa vie-même

avant de le voir disparaître

je libérerai sa voix emprisonnée par l’oppression et la terreur.

Alors il me donnera un nom
que je veux pouvoir mettre sur son visage

avant d‘y mettre un jour un sourire.

(écrit sur une impulsion le 13 août 2013)

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