Le Sacrifice

Elle l'avait vu, mais avait prétendu que non. Il était passé non loin d'elle dans sa belle voiture noire, ayant comme toujours fière allure, sa copine assise a ses cotés.

Elle les avait effleurés du regard sans trop s'attarder afin de ne pas le mettre dans l'embarras. Elle s'y était habituée, d'être « l'illégitime »

Elle aussi avait ce droit, certaines fois, de se mettre a coté de lui dans sa voiture mais a la simple condition que les trajets soient brefs et ne se fassent qu'à la tombée de la nuit.

Son attirance et son amour pour lui, l'avait amenée à accepter de n'être que son amusement  du vendredi après-midi, et quelques fois quand sa maison était déserte, de l'être aussi le mardi matin.

Elle se souvenait de comment ses murmures au creux de son cou lui donnait de joyeux frissons et de quelle façon ses yeux s'emplissaient de désir  quand il la voyait dans sa longue robe, couleur de la nuit.

Cet après-midi là, elle ne ressenti rien en les voyant, ni de la haine, de la rage ou de la jalousie, elle n'était même plus dévastée, elle avait continué son chemin en faisant comme-ci qu'ils ne s'étaient jamais connus.

Dans l'autobus elle se demanda : « Est-ce la fin de mon amour pour lui ? »

Cette idée sembla lui plaire, elle se sentait peut-être libre, une vibration au fond de sa poche la tira de ses rêveries.

Le message disait :

« Ma belle, j'ai eu du mal à détacher mes yeux de toi. Merci pour ta discrétion, je t'attendrais vendredi, j'ai besoin de toi. »

L'espace d'une seconde suffit pour raviver tout ce qu'elle croyait mort en elle. Faible est la chair, faible est le cœur.

Elle regarda par la fenêtre en réfléchissant à ce qu'elle porterait le vendredi suivant, le visage dégoulinant de larmes.

-R.