Le Sacrifice éternel du Hasard

chevalier-neon

Tu n’as pas besoin de prendre des forces
car si tu te faisais une écorce
nous n’oserions plus t’attaquer ;
notre vie en serait détraquée.
Il faut que tu restes sage ;
nous on aime ton visage
quand il sourit ou qu’il souffre en silence.
Tu le sais nous on aime la violence ;
et tu peux bien le répéter aux adultes,
ce sont eux seuls qui ont répandu ce culte.
Tu n’as pas besoin de te nourrir
car ça pourrait bien te pourrir.
Si tu rattrapais notre puissance,
où passerait donc ta dépendance ?
Tu comprends tu dois avoir besoin de nous ;
contre ton gré tu dois rester à genoux,
c’est la condition pour demeurer en vie
même si le destin ne te donne envie.
« Ce n’est pas le destin ce sont les Hommes »
dis-tu avec ta pâleur de fantôme.
Nous avons mis du temps tu sais à construire
ce que l’on n’a enfin plus besoin d’instruire.
Ils te diront tous que c’est dans tes gènes,
ils te diront tous que si ça te gêne
alors tu signes ta propre mort ;
elle nous appartient sans remords.
Tu n’as pas besoin de te soigner,
et tant pis si ça peut t’éloigner.
Tu nous as déjà coûté notre honneur ;
n’exige pas la vie et le bonheur.
Te rends-tu compte quel embarras-tu nous laisses,
nous qui avons besoin du sang de la noblesse.
Le tien pourrait bien se faire verser ;
jamais quelqu’un n’essaiera d’inverser
le sort que ta nature humaine te réserve,
il est donc inutile de répandre ta verve.
Tu n’as absolument personne à émouvoir ;
n’as-tu pas compris que seul compte le pouvoir ?
Allez contente-toi juste de rester esclave ;
après tout c’est le seul moyen pour que tu te laves
du péché qui grandit en toi depuis ta naissance.
Ô je suis bien heureux d’être né dans mon aisance.
N’essaie jamais plus de nous faire dire
que nous n’avons tous fait que vous maudire
et vous voler tous vos droits fondamentaux de liberté :
ce qui n’existe pas n’a nul besoin d’être disserté.
Je me demande pour qui est-ce que tu te prends
lorsqu’en nous accusant tu crois que tu nous apprends
quel genre de monstres est-ce que nous sommes ;
nous avons juste gagné d’être des Hommes,
et cela tu ne peux rien y faire
si toi tu sors tout droit de l’Enfer.
Tu n’as pas besoin de tendresse,
ça t’entraînerait dans l’ivresse.
Et vois-tu tu es déjà bien assez sale
pour pousser les anges à faire le mal,
en les faisant tomber bien bas amoureux,
prétendant que c’est ainsi qu’on est heureux.
Tu n’as pas besoin de toutes ces légendes :
les sentiments s’effacent à la demande
et il n’y a rien pour toi de plus vain
que de vouloir changer ton eau en vin.
Tu finirais de toute façon par t’y noyer,
et ça t’apprendra bien à ne plus te dévoyer.


Tu n’as pas vraiment besoin de vivre ;
personne n’a reconnu ta valeur.
Pourtant si tu veux qu’on te délivre,
ton corps n’a qu’à perdre de sa chaleur.
C’est sûr que l’on aime bien mieux morts
ceux à qui l’on devrait des remords.


(écrit le 10 avril 2012)

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