Le Saule et le Romantique

L'horizon qui lutte contre l'assaut de la pluie,
Et le soleil fuyant l'arrivée certaine de la nuit,
Me rappellent les lamentations de l'automne,
Et le cri des tristes dans le lointain qui s'accorde,

Avec les chants du Saule pleurant sans fin la douleur
Des romantiques défoncés sous le poids de la sentence.
Des anges anéantis aux ailes brisées par la rancœur,
Qui finissent toujours à genoux dans l'attente de la potence.

Et puis toi tu te tiens face aux amours déchues,
Des hommes à la conquête de leur amour perdu,
Pour qui l'erreur aura été de vouloir exister,
Dans les yeux d'une autre pour l'éternité.

Tétanisé, tu te mutiles au rythme des saisons
Pour révéler au monde la malédiction,
De cette fable écrite comme une trahison.
Qui nous éloigne, qui nous rapproche,
Mais qui toujours nous emporte.

Alors dans ton regard on peut y lire la détresse,
Puisque tu as choisi d'attirer sur toi toute la tristesse,
Des hommes et de l'amour tu deviens le martyr.
Un être désenchanté dont on aura trop fait la satire.

Je t'ai rencontrée un soir où j'errais sans conviction,
Sur le chemin du berger celui qui mène à l'abandon.
Je me suis sentis différent lorsque je me suis arrêté près de toi,
Puisque avec le temps tu m'as réparé du bout des doigts.

Alors les chrysanthèmes ont cessé de pousser à tes pieds,
Et ont déserté quand tu as commencé à chanter,
Pour d'autres que des désespérés qui ne tiennent plus debout.
Aujourd'hui tu n'es plus seul, les fleurs poussent jusqu'à ton cou.

Et moi depuis le printemps c'est la joie qui m'envahit,
Auprès de toi mon Saule c'est ma douleur qui s'est adoucit.
Sous la musique qui se déhanche c'est l'éphémère qui s'essouffle,
Et mon cœur qui change d'avis pour reprendre son souffle.