Le sein des Saints (Soul Katrina)

Côme Jausserand

   


On l’a senti dans l’air
Poussière de mort aux trousses
Conviés à la grande bouffe
De démons aux molaires
Mâchant des bras de mer
Il ventait de leur bouche
Le piment de ce souffle
Qui vous dissout la chair
Et qui vous noue les nerfs
Ça fout la trouille….
On s’est trouvés hagards
Sous la coupe de soûlards
Et de milliards de Joules
Alors on a couru
Pieds nus et ventre à terre
Vers un point de repère
Une bulle élémentaire
Où crèchait Dieu le père
D’ordinaire y a pas foule
Sous la boule à facettes
Sauf pour des bouts de messe
Entre deux bains d’ivresse
Dans la cuve à crétins
Ouais c’est le sein des Saints
Mais faut avoir bon teint
Pour sucer son tétin
Comme on n’avait rien d’eux
Et qu’on était nombreux
Assoiffés alentour
La tournée tourna court
Les vases sonnant creux
A l’aube du jour 2
On s’est tenus pourtant
Plutôt contents d’être vivants
Et même si c’est en gémissant
Tout n’est qu’une question de temps
Mais quand la nuit revient
Toute perlée de chagrins
Et de malaises urbains
On en oublie la faim,
Jamais vraiment la soif
On pense au lendemain
Loin des gradins sous coiffe
On croit lourd au destin
Puisqu’on attend secours
Persuadés que l’amour
Prend le diable à rebours
Las
Passent encore des heures
Passent encore le jour
Et bientôt la lueur
Dans les yeux de ce frère
Cherchant ceux de sa sœur
Et soudain la clameur
Des âmes sans porteur
Empruntant à l’envers
Une allée de cimetière
Ouverte à contre-cœur
Sûr qu’ils auront beau jeu
De croire qu’on est des gueux
Toujours près pour le pire
Même se laisser mourir
Pour mieux blâmer leurs sbires

En vérité
Tout cela ne fait que confirmer
Que même guidés les yeux fermés
Par un serment de chrétienté
On n’est guère en terrain sacré
Ni en odeur de Sainteté
Quand à n’a pas le code couleur
Qui donne un accès au bonheur

Nous on est un peu plus calés
Dans les paradigmes inversés
C’est peut-être en ça qu’on a merdé
Et qu’on s’est planqués sous un leurre
C’est vrai
Et on l ‘savait bien avant l’heure
Y avait des signes à volonté
Jusque dans l’arche de Noé
Où nos chers Saints se sont ligués
Depuis quarante longues années
C’est la traversée du désert
Pour les valeureux pensionnaires
Du Super-dôme de l’enfer

Lyon, 6 septembre 2009

  • Je n'étais pas venu depuis quelques temps sur ce site où mes textes (comme ailleurs) ne font pas des émules il est vrai. Je préfère certes de beaucoup avoir zéro vote que voir apparaître 1 seul coeur sur ce texte là vu que je l'estime moi-même plus que presque tout le reste de ce que j'ai pu écrire. C'est peut-être ce que ça vaut mais si la prochaine personne qui passe par-ici et l'estime à ce niveau voulait bien laisser un commentaire plutôt que de simplement voter par un esprit critique un peu facile...

    · Il y a presque 11 ans ·
    Ecureuil5 465

    Côme Jausserand

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