le silence
heleneh
Si tu savais le Silence,
ce qu’il me fait, ce que j’en pense
Il m’enlace depuis l’enfance
De sa douce violence
Un jour de novembre
Il y a longtemps déjà
Je L’ai senti se poser sur moi
Là, à côté de mon cœur.
En me disant : « chuuuut, tais-toi,
Petite, cherche pas à savoir »
Et Il s’est installé en douceur
Tout tranquillement,
Faisant sa vie-là
Soufflant : « Fais comme si j’étais pas là »
J’ai pas su Lui résister
J’lai accueilli dans mes bras
Dans l’cœur un embarras
Longtemps j’ai avancé, avancé,
Si tu savais le Silence,
Il a brisé mon insouciance,
Il s’est fiché dans mon cœur
comme une lance
Je savais qu’un jour
Quelqu’un lèverait son voile
Pour me guider, je chang’rai d’étoile
Et que je regarde en face
Celui que j’voulais pas voir
Clandestin au creux de ma moelle
Ce passager qui pue et qui poisse
Un mot a suffi,
Je L’ai vu se retirer
Derrière Lui, comme après la marée
Des ordures, des poissons morts
Lui s’est seulement caché
Il me regarde, amusé
Il attend et joue les matamores
Je suis sa prisonnière
Il me retient face contre terre
Dans ses grandes griffes il m’enserre
Mon pire adversaire
Il me rend visite
Pointant le bout de son nez
Immonde, visqueux, puant, troublé
Je sens l’odeur du cloaque
Dragon luisant, il renait
Il ne me laissera jamais
Il se redresse et m’attaque
Le Silence est tout froissé
Comme une boule de papier mâché
Tout ce que je veux, Grand Dieu,
c’est la déplier
Il change de tactique
Malin, il se fait tout doux
M’enlace, me cajole, me flatte le cou
Me susurre un furieux vacarme
Je l’attrape, lui tord le cou
On se boxe, je prends des coups
Au creux de moi des torrents de larmes
Pour le terrasser,
Il n’y a qu’une solution
Des mots, encore des mots, c’est sa prison
Parler, percer ses tympans
Dire, à perdre la raison
Ecrire, faire son oraison
Pour déraciner ce lierre grimpant
Le silence est ma maison
Avec lui pas de floraison
En lui s’écoulent mes saisons
Meurent mes passions
Je les vois ses yeux,
A l’affut dans son taillis,
J’peux pas profiter d’la garden party
Avec ses airs de silène
Il me traque, il m’a suivie
Il est là, je le fuis
J’entends retentir son rire de hyène
Question de survie,
Pour toi, ce refuge de douceur
Est le lit de toutes mes douleurs
Le Silence se rit de moi
Il enseveli mon coeur
Me garde sans cesse dans la peur
Mon Dieu, tout mon être est sous Sa loi.
Si tu savais le silence,
c’que je lui fais, ce que j’en pense
Laisse moi lui crever la panse
Avec insouciance
pour moi, c'est ce que j'appelle "une baudruche qui se termine par " 'teen " (en tout cas je l'imagine comme telle vu que j'ai probablement écrit des textes de chanson similaires entre 20 et 25 ans)
· Il y a environ 11 ans ·en tout cas, chapeau bas d'oser placer cette baudruche ici (perso, je n'ai jamais osé le faire), car on y devine de l'intime et du personnel.
wic