Le spirituel et le temporel
Frédéric Wyczisk
Le 14 février 2010
Vers un dialogue entre science, religion, poésie, philosophie et société civile
Le spirituel et le temporel (la science et l'organisation de la cité) était lié auparavant, ce n'est que progressivement que la philosophie naturelle (la science actuelle) s'est séparé du religieux.
Mais il s'agit d'une même quête du sens, or la science ne dit rien sur le sens mais décrit des phénomènes et ne pourra tout comprendre et expliquer , ce n'est d'ailleurs pas son rôle, la métaphysique jouait ce rôle alors.
Donc les 2 démarches sont légitimes et parallèles , on sait maintenant que la science est opératoire mais ne nous dit rien sur les causes premières et les fins dernières.
Ce sont 2 dimensions de l'humanité qu'il faut préserver avec toute les formes de création artistiques, la poésie, la musique etc...
La laïcité à la française me semble permettre celà, le pouvoir temporel doit rester aux laïques et républicains, le pouvoir spirituel doit être cantonné dans sa sphère (voir les conflits actuels dans le monde musulman entre les religieux et la société civile qui réclame son émancipation).
Mais les hommes ont besoin de sens et de croire , Malraux disait le 21 ème sera religieux ou ne sera pas, il faut donc trouver une nouvelle articulation entre la société civile, les experts scientifiques, les arts et métiers, les syndicalistes, les ONG, les associations, les religieux et les poètes.
Je propose la création d'une nouvelle chambre en plus du sénat ou à sa place où l'on pourrait parler d'éthique, de morale, de pratique professionnelle, de syndicalisme, de ré-enchantement du monde et de philosophie. Cette chambre aurait un rôle de proposition vis à vis de la chambre des élus du peuple qui font la loi.
Cette instance pourrait remplacer ou intégrer les comités d’éthiques qui fleurissent ça et là et les associations nombreuses qui se préoccupent des rapports entre science et société.
Les rapports entre techno-science et société me semble être un des sujets majeurs pour le 21 ème siècle. Le philosophe et scientifique Paul Fayerabend proposait après avoir séparé le religieux de l’état de séparer la science de l’état, la nouvelle religion des temps modernes. Ceci sera évidemment difficile à mettre en œuvre et mérite débat citoyen d’où la création de cette instance consultative et délibérative entre religieux, philosophe, savant, professionnel des arts et métiers.
Face au pessimisme ambiant et au catastrophisme largement instrumentalisé (réchauffement climatique, fin annoncée des ressources naturelles, perte de biodiversité, mouvement écologique rétrograde, dette accumulée pour les générations futures, déclin occidental et montée des pays émergents……) il est grand temps de proposer une vision positive de l’avenir, une confiance en l’homme et à sa capacité d’adaptation. Tout n’est pas à jeter dans la société occidentale mais le matérialisme ,le consumérisme et la loi de l’argent montrent leurs limites. Il faut remettre du sens dans l’action collective et redonner de l’espoir aux plus démunis.
Au projet écologique liberticide (santé de l’homme et santé de la terre) je préfère le projet humaniste avec une vision transcendantale et spirituelle (besoin de croire, quête de sens, liberté et création, poésie, recherche scientifique) que ne nous donne pas le matérialisme rationaliste et ses applications, sa techno-science et son contrôle social.
Frédéric Wyczisk
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Il faut voir également sur le même thème du besoin de sens et de spiritualité le dernier livre essai de Vincent Peillon, philosophe de formation « Une religion pour la république (Seuil ) » où il parle de la foi Laïque de Ferdinand Buisson, de transcendance, de mystique de la raison, de sécularisation du religieux.
Extraits de l’interview de Peillon dans le magazine Philosophie de Février 2010 :
« Qui sait que Jaurès considérait que le socialisme se devait de répondre à l’aspiration religieuse présente en chaque homme ? »
« La république, c’est une émancipation qui fait place au corps, à la chair, au plaisir, et même à la religion »
Egalement il faut lire le dernier numéro du magazine Le Monde des religions (Janvier-Février 2010) :
« Dieu et la science, Ces scientifiques qui prônent un nouveau dialogue entre science et spiritualité, ces philosophes qui en débattent »
Je ne peux m’empêcher d’extraire un passage de l’article -Reconnaître la complémentarité-
de Jean Claude Ameisen, professeur d’immunologie .
« Ce qui n’est pas entouré d’incertitude ne peut être la vérité disait le physicien Richard
Feynman. C’est dans l’ombre de cette incertitude que peut persister la sensation d’un manque
sans lequel il n’est pas d’émerveillement. Pas de questionnement. Pas de véritable respect. »
Pour finir un extrait du discours de St John Perse à Stockholm lors de l’attribution du prix Nobel de littérature en 1960
« De la pensée discursive ou de l’ellipse poétique, qui va plus loin, et de plus loin ? Et de cette nuit originelle où tâtonnent deux aveugles-nés, l’un équipé de l’outillage scientifique, l’autre assisté des seules fulgurations de l’intuition, qui donc plus tôt remonte, et plus chargé de brève phosphorescence ? La réponse n’importe. Le mystère est commun. Et la grande aventure de l’esprit poétique ne le cède en rien aux ouvertures dramatiques de la science moderne. Des astronomes ont pu s’affoler d’une théorie de l’univers en expansion ; il n’en est pas moins d’expansion dans l’infini moral de l’homme – cet univers. Aussi loin que la science recule ses frontières, et sur tout l’arc étendue de ces frontières, on entendra courir encore la meute chasseresse du poète ….. »