Le Styx et les céréales radioactives
Rosanne Mathot
Elle - Tu as oublié de programmer la météo, Chou. Il fait caniculaire.
Lui - Je vais réparer cet oubli immédiatement.
Elle - Fais vite. Pour l'heure, j‘avance précautionneusement le long de la nationale. Il me faut arriver vivante jusqu'à devant un des mille tentacules de l'évènement social dans lequel je m'apprête à aller me plonger. Par obligation. Tu me connais. Si tu n'as plus de nouvelles, c'est que je ne serai plus.
Adieu peut-être.
Lui - Dois-je te répéter à quel point je te préfère en vie?
Je m'en vais donc de ce pas enfiler une salopette en amiante pour franchir le Styx afin de t'aller chercher aux enfers.
***
- Douze heures plus tard -
***
- Elle : J'espère que tu as bien passé ta journée en slip. Je me suis en effet laissée dire que l'amiante, ça mordait les chairs, surtout au niveau du plastron.
Tu auras donc bien fait de laisser ta salopette de super héros à côté des céréales radioactives que la voisine m'a demandé d'amener lundi, de 09h à 12h, à la centrale nucléaire de Mol.
- Lui : J'ai pétri longuement la salopette qui a accouché de boulettes d'amiante. J'en ai probablement avalé une. Elle joue au golf avec mon amygdale douloureuse.
- Elle : Malgré tes misères de gorge, tu seras, je l'espère, heureux d'apprendre que je ne vais pas trop mal.
J'ai traversé le Styx sans encombres, courant, en nage, sous l'eau noire à l'odeur anisée.
- Lui - Je suis fort aise de découvrir que tu coures sous l'eau.
Pendant que tu prépareras de l'avoine pour notre poney mécanique, je pense aller au supermarché de l'Olympe, à la recherche de ces nectars et ambroisies en intraveineuse que tu affectionnes tant. Que Zeus tout-puissant te fasse une journée de miel.
- Elle - Mon matin plane dans l'hydromiel. Demande à Zeus s'il vient toujours à notre pendaison de crémaillère, veux-tu ?
- FIN -