Le tapis.(1)

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On faisait du bateau à voile parce que celui à moteur était en panne. Aussi, on pêchait à la ligne parce qu'au filet les sardines passaient par les trous.

J'avais dit à Betty de ne pas s'inquiéter des vents, qu'ils finiraient par mourir d'eux-même, comme Léon, au petit matin. Léon avait été ce jour-là d'humeur imprévisible, et avait fini comme un ouragan, en foutant tout par terre sur son passage. Léon avait le poil doux du chat.

La maison semblait de fabrication solide, en pierres apparentes et toiture étanche. Les pierres dataient de 1860 et les tuiles de Matus Halem, entreprise familiale et rivale à Ferdinand Déluge. Matus investissait sur le long terme tandis que Ferdinand misait plutôt sur de la vente à emporter.

« Dans le business du bâtiment, ce qui coûte cher, c'est la main d'œuvre ! En ne vendant que les matériaux, je m'enlève une sacrée épine du pied ! J'ai pas d'arrêts de travail de mon personnel puisque j'en ai pas ! J'fais tout fabriquer en chine, et quand je reçois le matos je me contente de le dispatcher ! Après, c'est chacun sa merde ! Que vous foutiez vos tuiles à l'envers ou l'chapeau de votre cheminée sur la tronche à votre belle-mère, j'en ai rien à foutre ! C'est votre problème ! »

Ferdinand était réputé coriace en affaire. S'il en loupait une, sa femme prenait 2 fessées et 8 jours de ménage avec la langue. Pour un peu de renfort sur la poussière, elle faisait appel à Swiffer, homme toutes mains, libre un week-end sur 2 et les vacances complètes.

Swiffer avait le cheveux sec et le poil électrostatique. On le disait niais comme un manche mais monté comme un âne. Avec son air de rien il entretenait les tapis, leur donnant une seconde jeunesse. Sur celui du salon, il s'excusait presque d'avoir trop tiré sur sa frange.

« Excusez-moi Madame ! »

« C'est pas grave, j'ai rendez-vous demain chez mon coiffeur !»


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