Le temps,
Djamel Rouai
C'est le souvenir du frou-frou,
De ta robe blanche,
Sur les feuilles mortes de mon automne,
Dans l'aube claire,
Le temps,
C'est ce grand cri déchirant,
Venu surprendre la femme qui t'attend,
Dans le silence de la nuit,
Revenir indemne de la guerre,
Le temps,
C'est un vieux bateau,
Qui de quai en quai,
Séduit les marins pour ces eaux profondes,
Loin de leur terre,
Le temps,
Beau comme le rosier, les étoiles,
Et la lune,
Affreux comme la guerre, les pleurs,
Et la houle des mers,
Le temps,
Mémoire des temples dévastés,
De Gilgamesh à César,
Vainqueur des cœurs jusqu'à la rouille,
Jusqu'à la déchirure,
A ne jamais les faire taire,
Le temps,
Ce grand félin noir,
A la gueule fumante,
Comme le cauchemar,
Une machine raboteuse,
Qui nous met en pièces,
Sans souci guère,
Le temps,
C'est l'ouvrage inachevé,
De la belle Pénélope,
Fait et défait,
Attendant sans cesse ton retour,
Des flots écumants,
Vers la terre nourricière,
Le temps,
Quand dans ton miroir,
Tu contemples la triste solitude,
Cet Autre qui s'étiole peu à peu,
Comme un fantôme…comme l'air.
31/8/2015