Le tueur.

Christophe Hulé

Le « gentleman » de toutes les époques, prestance, charisme sans esbroufe, classe, etc.

Mais cette apparence d'austérité, de froideur, de perfection ostentatoire cache peut-être un tueur à gages.

Pourtant il a bien eu une mère, des petits bobos, ou alors il est né comme ça, pas de superflu aliénant, la compassion, les grandes ou petites agitations existentielles, les attaches quelles qu'elles soient.

Comme un VRP, il passe la plupart de son temps à l'hôtel, la mise impeccable, il repasse ses chemises, autre qualité, ne laisser aucune trace, passer inaperçu, se faire livrer tous ses repas sur le palier.

Il ne boit pas bien entendu, ni ne fume, pas de radio, pas de télé, à quoi peut-il bien s'intéresser ?

A la cible, c'est son job, et à la série de chiffres versés sur un compte en banque dans quelque « paradis » fiscal.

« Comme dans un film américain » (Thiéfaine), on l'imagine multiplier les pompes ou les exercices de musculation, démonter, nettoyer, remonter son outil de travail.

La cible, un salopard mafieux, ou une belle jeune femme innocente qui a eu la malchance d'hériter d'un empire.

Elle aura bien vécu en attendant.

Et de chasser très vite cette petite pensée comme une faute professionnelle.

La cible n'est qu'une cible, savoir tuer de sang froid est une discipline, ne devient pas monstre qui veut.

Plus tard, bien plus tard, il ira couler des jours paisibles dans un de ces pays ensoleillés où personne ne vous pose de questions.

Et que fera-t'il de tout cet argent ?

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