Le tueur du village. (2)

Nanaah

Axel, le petit frère des jumelles, s'endormit en silence. Eglantine, elle, tendait l'oreille pour surveiller les bruits. Dans la chambre, il faisait très noir. La jeune fille ne voyait rien, mais elle se fiait à son ouïe. Eglantine se leva doucement et silencieusement puis ouvrit la porte. Aucun son ne venait de la maison. Le Tueur devait être parti. Même si elle était sûre qu'il n'y avait que son frère et elle chez elle, elle ne voulait pas descendre chercher sa jumelle. Nadine devait sûrement se cacher dans une armoire, ou dans la cave.
Eglantine appuya sur l'interrupteur. Une faible lumière s'alluma, éclairant très peu la pièce. La jeune fille se dirigea vers un piano poussiéreux. D'habitude, c'était sa mère qui s'asseyait sur la banquette brune, le soir, et qui, sous les yeux émerveillés de ces enfants, jouait une mélodie très jolie. Églantine avait appris en regardant sa mère. 
La jeune fille s'assit sur le petit banc. Elle respira profondément puis effleura les touches du piano avec ses maigres doigts. Les premiers sons ne s'accordaient pas vraiment, puis ils se transformèrent en mélodie digne de ce nom. Eglantine, ayant une belle voix, s'essaya au chant. Les paroles sortaient tout droit de son cœur. Dans sa musique, elle racontait toute sa vie.
Lorsque son petit frère s'agita dans son sommeil, Eglantine cessa de jouer au piano. Elle entendit quelqu'un ouvrir la porte, puis crier "Je suis là, mes chéris !". C'était son père.
Eglantine courut jusqu'à lui et fondit en larmes. Le monsieur déposa ses courses à terre et enlaça sa fille, la calmant avec des "chut" et des "tout va bien, je suis là."  Entre deux larmes, la jeune fille lui expliqua tout : l'entrée du Tueur, et la disparition de sa sœur. Son père sortit un couteau de sa botte et fouilla la maison de fond en comble. Lorsqu'il ouvrit la porte de la cave, il se crispa. Il lâcha un hoquet de surprise, puis versa quelques larmes. Sur le sol, entre les bouteilles de vin et les biscuits gisait le corps sans vie de Nadine. Ses yeux vitreux observaient le plafond, et sa peau pâle laissait encore s'échapper quelques gouttes de sang. Sa gorge tranchée avait certainement tué Nadine à petit feu.
Le père d'Églantine enlaça ses deux enfants restants.
(à suivre...)

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