Le vendredi, s'il n'a jamais fait aussi froid

sbeno

Dernier jour de la semaine. Férié, en voilà une bonne nouvelle, pour ceux là qui bossent.

Le vendredi, on passe sa journée à réfléchir à sa soirée.

On n’en profite pas, c’est pas le moment de regarder en arrière.

Les rues sont désertes. Le vendredi férié, à l’horizon, pas de soirée. Alors, il faut la fabriquer. Avec trois bouts de ficelles, quelques pâtes et beaucoup de vin.

La journée est passée si vite, pas eu le temps de voir la lumière du jour, que déjà je devais rouler plein phares.

Le vendredi matin, on profite de son âme-sœur, de sa tendre et chère, de sa lumière, appelez là comme vous voudrez. Pour moi, elle est un tout. De mots, de consonnes et de voyelles, qui s’entremêlent. Et moi, j’aime bien me dire qu’elle est à moi, même si faut jamais dire un truc pareil. C’est  apaisant de savoir qu’on a quelque chose à soi, quelqu’un à aller voir, quelqu’un qu’on peut embrasser un peu quand on veut ou qu’on peut juste déshabiller des yeux, quand l’envie nous en prend, le samedi par exemple. 

Le vendredi, quand on est sous la couette, car il fait décidément trop froid dans les rues de Paris, on fait des plans pour le week-end. Des plans qu’on ne suit jamais bien sur.

On dort pas chez soi. On dort chez elle. On fait des courses pour diner, car Louisa dine aussi, dans ce quartier pas familier. On déambule dans la rue, on se décarcasse pour trouver à cuisiner. C’est pas si simple de connaître les envies des autres. Alors on suit les siennes. Qu’il est bon de se retrouver chez le boucher, un mec pas drôle pour un sou. Qu’il est bon d’acheter ses 3 courgettes chez l’épicier. On sait même plus comment on fait pour peser les légumes sur la vieille balance rouillée, argentée. C’était presque un conte de fée. Mais l’habitude Franprix à du mal à me lâcher. J’y met les pieds, à contre cœur.

On a bien mangé, bien bu aussi. Mais c’était pas suffisant encore. On sort.

Dehors, à quelques numéros de là, il existe un bar branchouille. Les bobos, ils me cassent les couilles. J’en ai pas, mais quand même, parfois j’ai envie de leur mettre des raclées. « Taclette balayette », les branchés. Vas y que j’te pousse d’un côté, vas y que j’te pousse de l’autre. Indifférents. Pas un regard d’excuse, pas un seul égard.

Heureusement, il y a les trois mousquetaires du bar. Derrière le bar plus exactement. 

Ca fait bande de mec, ceinturon, jean brut, chemise boutonnée et l’accessoire indispensable : la moustache. Ca va pas à tout le monde, sur eux ça fait un peu faux, mais c’est pas grave, avec le rock qui hurle dans les enceintes, on imagine aisément les chapeaux à plumes et les épées qui leurs tombent de sur les cuisses. Ca fait un peu les 3 mousquetaires venus d’un autre temps, les 3 mousquetaires, basket Nike, Iphone à la main et finalement c’est assez excitant.

Le vendredi soir tard, s’il fait vraiment très noir, si maintenant, je me prend bien pour un mousquetaire, si en rentrant je joue vraiment à lui faire sa garde rapprochée, la vie continue encore et toujours… Mais avec elle. 

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