Le Vieil Homme Fou
stockholmsyndrom
Une chambre vide
Des murs silencieux
Le néant qui gravite
Et inonde ses yeux
La lueur au-dehors
Faibli sur les carreaux
Qu'importe
Son existence dort
Qu'importent les barreaux
Il rêve cependant
Pour que perdure l'âme
De l'ardeur d'une flamme
Qu'il a connu d'antan
Et le temps se pendant
Dans cette piaule infâme
Il repense aux femmes
Qu'il a aimé au vent
Avant que le liquide
Ne noie tous ses aveux
Et que son cœur crépite
Sous les liqueurs de feu
Que fonde le décor
Sur les flancs de sa peau
Et que l'armée des morts
Vienne hisser son drapeau
Il maudit le tout-puissant
Dans un tout dernier brame
Il n'a pas peur des blâmes
Puis ce que personne ne l'entends
Maudit les médisants
Blasphème Notre Dame
Pas la lueur d'un drame
Puis ce que personne ne l'attends
Sa mémoire vermeil
Fait scintiller ses traits
Des souvenirs épais
Comme autant de soleil
Ses cendres sont le miel
Des ruches du passé
Et il en a assez
Pour l'éternel sommeil
Il ne regrette rien
Alors à cette heure-ci
Pas même le rassis
Qui orne ses écrins
Pas même le dédain
Que lui porte la vie
Le vieux n'a plus d'amis
Pour partager son vin
Pourtant ses yeux sont des comètes
Et si nous lui prêtions l'oreille
Il nous conterait sans pareil
Ses mille joies, ses mille fêtes
Tous ses malheurs en amulettes
De sa solidaire bouteille
À la solitude Corneille
Qui vient lui picorer la tête
Si nous lui accordions le temps
Qu'il voit doucement s'échapper
Pour écouter quelques sonnets
Découlant de ses rêves blancs
Nous pourrions nous revoir enfant
Dans les nuages du passé
Avant qu'aussi ne soient lassés
Les gens qui nous aiment au présent
Il est mort seul
Le vieil homme saoul
Car le présent
N'a point le temps
Pour le passé
Des vieils hommes fous
Que l'on ne voit
Que l'on entend
Il est mort seul
Le vieil homme saoul
Et sans un clou
Dans son linceul
Il est mort seul
Parce qu'on se fout
Des vieillards fous
Qui vivent seuls.