Le vieux guitariste - Picasso

Florence Quinodoz

Il gratte sa guitare

Comme pour effacer la misère du monde

Comme pour détruire la tristesse qui l’inonde

Même si il sait qu’il est trop tard

Il regarde ces gens passer devant lui sans un seul regard

En lui la douleur gronde

Alors il ferme les yeux et écoute son monde

Un univers où même les étoiles se font rares

Il cherche un peu de lumière

Pour anéantir le malheur qui assombrit son cœur

Et tout doucement, il pleure

En pensant que cette faible lueur s’est évanouie avec sa vie d’hier

De son espoir il ne reste que de la poussière

Alors il se bat pour que les autres gardent le leur

Avant que comme lui ils ne se meurent

En laissant le malheur peindre leurs heures amères

Son monde est détruit

Alors il fait résonner ses peines

Il garde la tête baissée pour que les gens ne voient pas que la vie le malmène

Il fait croire à qui veut l’entendre que tout peut être reconstruit

Mais en lui-même, il sait bien que dans la vie tout s’enfuit

Il sait bien que tout ici-bas est fait de porcelaine

Il sait bien que tous ressentent de la haine

Il sait bien que pour finir tout sera détruit

Il a vu, il a entendu que tout finissait par la nuit

Il a compris que beaucoup de gens étaient étouffés par leurs peines

Etouffés par des larmes qui entaillent leurs veines

Il a compris qu’ils hurlent leur désespoir sans faire de bruit

Mais il veut qu’au fond de leurs yeux renaisse l’espoir

Jouer de la guitare, c’est sa façon de ne pas les abandonner dans le noir...

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