Il en est qui en conçoivent l’existence à-travers des brumes élitistes, des fantaisies cryptées vouées à demeurer insolubles même soumises à l’acharnement des lucides. Et parmi ceux-là des esthètes de la confusion, des séides du brouillage arguant auspices, oracles et signes. Le vrai n’est pas caché dans des arcanes fabuleux, il n’est d’aucun espoir de le traquer au fond des cornues des alchimistes. Non plus que d’invoquer des esprits disparus ou des âmes ancestrales dont le message codé se livrerait parfois dans les sursauts d’une table de bois. Du vrai, dans les enlacements des lignes de vie, ou dans la recherche entêtée des mystères. Du vrai, dans les paroles d’un illuminé à qui ne parle que sa propre folie, assez contenue pour séduire des navigateurs naufragés. Chaque flocon de poussière contient et affirme la substance au-delà de quoi s’agitent les arguties. Le vrai s’impose sans stratégie dans le grain de sable qui incommode la semelle du philosophe. Comme la vérité des mystiques trouve matière dans le lait qu’ils ont tété. Quoi de plus obscur que le regard concentré et lointain du ciel, semblant trahir la réflexion profonde, alors qu’il n’a à dissimuler que la multiplication du vide, engouffré dans la fuite des distances. Etait-il besoin d’inventer des dieux, quand la justification de la cascade jaillit de sa seule présence. Le vrai, conjugué à l’infini par l’existence brutale des choses sans visages, les choses sans conscience, par l’esprit condamné de tous les je-suis cogne avec obstination contre le mur de n’être-plus.